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samedi 27 janvier 2018

LA BANQUE MONDIALE PERD SON ÉCONOMISTE EN CHEF, PAUL ROMER


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L'ÉCONOMISTE DE CHEF DE BANQUE MONDIALE PAUL ROMER 
RETOURNE À SON POSTE COMME LE PROFESSEUR 
D'UNIVERSITÉ À L'UNIVERSITÉ DE NEW YORK.
PHOTO SHAWN THEW

Quinze mois après sa nomination en tant que chef économiste de la Banque mondiale, Paul Romer a décidé de quitter ses fonctions avec effet immédiat. Ses méthodes de gestion seraient en cause.

 PAUL ROMER
Retour à la case départ. En claquant la porte de la Banque mondiale, au terme de quinze mois d'exercice, l'économiste en chef, Paul Romer , a décidé de reprendre son poste de professeur à la New York University.


Dans un message envoyé en interne mercredi, le président de la Banque Jim Yong Kim, a annoncé que Paul Romer lui avait fait part de sa décision de quitter ses fonctions avec « effet immédiat ». « J'ai apprécié la franchise et l'honnêteté de Paul, et je sais qu'il regrette les circonstances de son départ », a commenté Jim Yong Kim, actuellement au Forum économique de Davos.

Un style abrasif

CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER
Décrit comme une personnalité « abrasive », Paul Romer est une pointure dans le milieu académique. La Banque mondiale a pu s'enorgueillir d'avoir à sa tête une personnalité nobélisable. Son nom était régulièrement cité. Mais ses attaques sur la crédibilité des modèles macroéconomiques en vigueur en ont irrité plus d'un dans la communauté des chercheurs.
« Supposons A, supposons B,... bla bla bla... et nous avons donc prouvé que P est vrai »
Dans une critique cinglante, n'avait-il pas déclaré que les arguments des économistes actuellement en poste pouvaient être résumés comme suit : «Supposons A, supposons B,... bla bla bla... et nous avons donc prouvé que P est vrai ». Avec une telle position, il n'est pas surprenant qu'il ait heurté des membres de son « staff » à la Banque. Paul Romer était en conflit avec ses équipes quasiment depuis sa prise de fonctions en octobre 2016, notamment sur la méthodologie. La rédaction de mémos plutôt cinglants n'a pas arrangé ses affaires. C'est l'un des rapports annuels phares de l'institution multilatérale,  « doing business » publié à l'automne, qui a eu finalement raison de son engagement dans la Banque.


« Chaque pays est, en effet, évalué à l’aune de multiples facteurs, comme la qualité des infrastructures ou encore la facilité d’obtenir des crédits. Dès lors que Michelle Bachelet est arrivée au pouvoir, le Banque mondiale a ajouté des critères, anodins en apparence, mais qui ont tous joué en défaveur du Chili. Depuis 2015, par exemple, la prise en compte des délais auxquels est soumise une entreprise pour payer ses impôts et autres taxes. Une catastrophe pour le Chili : cette simple inclusion a fait chuter le pays de la 33ème place des États administrativement les plus accueillants à la 120ème place.» CIEL-FM


Controverse chilienne

PABLO LONGUEIRA ET AUGUSTO LÓPEZ EN 2011.
PHOTO ATON
Chaque année, cette étude classe les pays en fonction de la facilité d'y faire des affaires. Au début du mois, Paul Romer a émis des doutes envers l'un des économistes auteurs du rapport l'accusant à propos des performances du Chili d'avoir changé de méthodologie pour des raisons politiques non justifiées. Durant les trois premières années de présidence de la socialiste Michèle Bachelet, le Chili a perdu 23 places du fait de ce changement de méthodologie.


« Une analyse avec laquelle Augusto Lopez-Claros, responsable de l'établissement de ce controversé classement, n'est pas du tout d’accord. Il a déclaré ne rien regretter aux modifications apportées à la manière de calculer l'attractivité des pays. "La progression du Mexique et le recul du Chili n’ont rien de surprenant", affirme cet économiste chilien.  » CIEL-FM


Paul Romer a contesté le fait que ce pays d'Amérique latine ait pu subir en si peu de temps une telle détérioration de son environnement des affaires. Selon ses propres calculs, le Chili n'aurait perdu que deux places sans cette modification de méthode.  S'il s'est excusé peu après sur son blog d'avoir soulevé cette controverse à laquelle son successeur devra remédier, Paul Romer n'en a pas moins décidé de partir. Quant à la Banque mondiale, elle a annoncé qu'il y aurait un  audit externe indépendant de son rapport « doing business » sur la compétitivité du Chili. Il n'y a pas de fumée sans feu.