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jeudi 19 octobre 2017

DIX JOURS QUI ÉBRANLÈRENT LE MONDE DE JOHN REED (7/10) LA PRISE DU PALAIS D’HIVER

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« FRANCECULTURE», FICTIONS / LE FEUILLETON
EMISSION DU MARDI 24/10/2017 
DIX JOURS QUI ÉBRANLÈRENT LE MONDE DE JOHN REED (7/10) : LA PRISE DU PALAIS D’HIVER
DURÉE : 00:25:00 
PRISE DU PALAIS D'HIVER EN 1917



À quelques jours de l'insurrection, les militants américains John Reed, Louise Bryant, Bill Chatov et Albert Rhys-Williams rencontrent les responsables bolchéviks Lev Kamenev, Alexandra Kollontaï et Volodarski. John Reed récupère ses documents.

Adapté et réalisé par Michel Sidoroff
Conseillère littéraire : Katell Guillou

Note sur "Dix jours qui ébranlèrent le monde".

Récit d'histoire des débuts de la Révolution d'Octobre, le livre de John Reed est aussi l'œuvre d'un journaliste engagé, présent à Pétrograd dès la fin de l'été 1917. La dimension du reportage offre un cadre favorable à l'adaptateur, qui cherche à transposer dans la fiction les événements et les situations décrits. Mais il ne s'agit pas de n'importe quel reportage : la force particulière de John Reed est de nous entraîner au cœur d'événements qui ont compté comme les plus importants du siècle, qui ont été la référence et l'horizon des peuples en lutte pour leur libération. Ce n'est pas son seul statut d'acteur-témoin qui rend son livre inoubliable: John Reed écrit en poète. La plus lapidaire de ses phrases possède un tel pouvoir d'évocation que l'imagination de l'adaptateur se projette immédiatement dans l'espace radiophonique. Le plaisir, la complicité entrent en jeu, résonnant avec l'humour et l'ironie de John Reed, rejoignant sa compréhension des événements, loin des mensonges qui ont été déversés sur la Révolution d'Octobre et les bolchéviks. Plus encore que dans ses propres poèmes, dont l'adaptation a tenu à donner un aperçu, John Reed fait œuvre de poète en restant à l'écoute des aspirations humaines fondamentales, comme ses camarades russes surent l'être pour les revendications des ouvriers et des paysans russes: "la paix, la terre, le contrôle ouvrier, la liberté". Cette écoute, il l'a manifestée dès le plus jeune âge, en suivant et défendant l'action des grévistes de Paterson, des paysans mexicains, des syndicalistes de l'IWW. La construction du scénario de l'adaptation permet de rendre compte de cette dimension et de cette histoire personnelle: rentré de Russie au printemps 1918, John Reed voit ses documents confisqués par la police de New-York. Réussira-t-il à écrire son livre ? Sa compagne Louise Bryant, qui écrit elle-même un ouvrage sur la Révolution, "Six mois rouges en Russie", lui fournira les documents nécessaires, jusqu'au moment où il pourra récupérer sa malle et ses affiches. Au cours des dix épisodes, le récit de Reed s'articule sur cette inquiétude, ainsi que sur les engagements du couple et de leurs amis américains Bill Chatov et Albert Rhys Williams. Entre Pétrograd et New-york, en compagnie des Américains impliqués dans la révolution russe, des syndicalistes comme Eugene Debs, engagés contre l'entrée en guerre des États-Unis, c'est ainsi la dimension internationale de la Révolution qui est donnée à entendre. À cela s'ajoutent les rencontres avec de célèbres femmes militantes, comme la bolchévique Alexandra Kolontaï et la Socialiste-Révolutionnaire de Gauche Maria Spiridonova, dont Louise Bryant a dressé d'émouvants portraits dans "Six red mounths in Russia". La jeunesse des protagonistes impliquait la présence d'un grand nombre de jeunes comédiens. Pierre Marie Baudouin est John Reed et Flora Brunier Louise Bryant. Pour donner leur chair aux événements, à leur historicité, l'adaptation et la réalisation ont fait le choix d'ancrer l'action dans la langue russe, d'où l'appel à de nombreux russophones. L'enregistrement des comédiens dans des acoustiques naturelles marquées, comme la Bourse du Travail de Paris pour l'Institut Smolny et la mairie du Kremlin-Bicêtre pour le Palais d'Hiver et le Palais Marie, répond à une exigence de construction d'espaces. Dans le même esprit, le réalisateur a enregistré en vol le son d'un biplan d'époque. Il a pu opérer de même avec un tramway de 1911. John Reed a su faire battre pour ses lecteurs le cœur de tout un peuple. La notion de rythme revêtait alors la plus grande importance. La musique composée par Sylvain Kassap entre en complète résonance avec ce cœur innombrable.
Michel Sidoroff

Avec :
Pierre-Marie Baudoin : John Reed
Flora Brunier : Louise Bryant
Nicolas Struve : Bill Chatov
Yves Collignon : L’officier de police
Julien Barret : Albert Rhys Williams
Miglen Mirtchev : Lev Karakhan
Sonia Masson : Alexandra Kollontaï
Bruno Allain : Lev Kaménev
Thibaut Vinçon : Volodarsky
Jérôme Quintard : Léon Trotsky
Arnaud Bédouet : Tchoudovky
Et
Olivier Cherki, Nicolaï Iarochenko, Brigitte Belle, Thibaut Monsallier, Laurent Orry, Frédéric Darie, Irina Vavilova, Nicolas Buchoux

Musique originale composée par Sylvain Kassap et interprétée par Jason Meyer, Séverine Morfin, Anaïs Moreau,Sylvain Kassap, Aymeric Avice, Fidel Fourneyron, Nils Kassap, Arnault Cuisinier et César Carcopino
Bruitages : Bertrand Amiel, Céline Bernard
Prise de son, montage et mixage : Dali Yaha, Matthieu Le Roux, Olivier Dupré et Benjamin Vignal
Assistant à la réalisation : Pablo Valero

Né à Portland (Oregon) en 1887, John Reed, rejeton de la bourgeoisie américaine, découvre les idées socialistes au cours de ses études à Harvard. Diplômé en 1910, il se tourne alors vers le journalisme et s’engage en faveur des mouvements ouvriers. Après avoir suivi Pancho Villa durant la révolution mexicaine, il se rend plusieurs fois en Europe et découvre la Russie en 1915. Farouchement opposé à la Première Guerre Mondiale et au régime tsariste, il arrive à Petrograd avec son épouse Louise Bryant en septembre 1917 et assiste avec enthousiasme à la révolution d’Octobre, événement qu’il raconte dans son ouvrage le plus célèbre : Dix jours qui ébranlèrent le monde. Après avoir contribué à la naissance du Communist Labor Party aux Etats-Unis, il retourne en Russie fin 1919 pour participer aux activités de l’Internationale communiste. Victime du typhus en 1920 à l’âge de 32 ans, il est enterré sur la place Rouge de Moscou, dans la nécropole du mur du Kremlin, aux côtés des révolutionnaires de 1917 dont il avait décrit le combat.

Enregistré en juillet 2017 au studio 111 de la Maison de la Radio, à la Bourse du Travail de Paris et à la Mairie du Kremlin-Bicêtre.