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lundi 10 juillet 2017

AVIGNON 2017 : LEMI PONIFASIO


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« STANDING IN TIME »
PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE
Le chorégraphe néo-zélandais subjugue avec «Standing in Time » qui emprunte aux répertoire musicaux maori et mapuche.
Par Rosita Boisseau (Avignon)
« STANDING IN TIME »

PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE
Un grondement qui vient des entrailles du monde envahit le plateau du lycée Saint-Joseph. Déjà, elles sont là, sept femmes immobiles serrées sur un banc, les mains croisées sur leur robe noire. En face d’elles, une seule silhouette, plus ramassée, dans la même position d’attente. Au milieu, un champ de ruines, vestiges d’une ville bombardée, d’une manifestation à coups de pierres.

« STANDING IN TIME »
PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE


Standing in Time, mis en scène par le chorégraphe samoan et néo-zélandais Lemi Ponifasio, et interprété uniquement par des Maories et par une Indienne mapuche du Chili, a commencé depuis longtemps lorsque leurs chants a cappella perforent l’air. Scansions rythmées pour les unes, longue complainte modulée pour l’autre, elles dressent un autel vocal d’une beauté fière et déchirante à leurs racines et à leurs communautés. Elles conjurent aussi les étoiles pour cette cérémonie sacrificielle grave et terrible qui va fondre sur scène. Si lentement qu’on ne la voit pas venir, si tranquillement qu’elle laisse dans un état de choc presque paisible. Paradoxe d’un spectacle sur le fil du rasoir, qui cultive les extrêmes entre tradition et contemporain, nuit et lumière aveuglante, silence et tempête.

« STANDING IN TIME »
PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE
Les postures verticales des femmes, leur simplicité dans l’action irradient dans l’obscurité parfois si profonde qu’elle rend toute apparition spectrale.

La pauvreté des matériaux de Standing in Time est inversement proportionnelle à leur richesse symbolique et à leur charge émotionnelle. Elle est aussi sublimée par le geste sophistiqué de Ponifasio, qui cadre les corps et les éléments dans une géométrie stricte. Les postures verticales des femmes, leur simplicité dans l’action irradient dans l’obscurité parfois si profonde qu’elle rend toute apparition spectrale.