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vendredi 12 mai 2017

LES ARTISANS D’ART S’EXPOSENT AU GRAND PALAIS


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CONSOLE SCULPTURALE MÖBIUS PALISSANDRE
PALISSANDRE DE SANTOS RECOUVRANT
ENTIÈREMENT LA STRUCTURE
EN FIBRE DE CARBONE
 PIERRE RENART 


Jusqu’au 8 mai 2017, des créateurs du monde entier ont rendez-vous à Paris au salon « Révélations », où 45 000 visiteurs sont attendus. Occasion de montrer que savoir-faire rime aussi avec création. Par Véronique Lorelle




À chaque biennale, c’est une remise en jeu. Luthiers, ébénistes, plumassiers, plisseurs… sont en compétition pour faire plus beau, plus fou, plus désirable. La troisième édition de Révélations, consacrée aux métiers d’art et de création, qui se déroule sous la nef du Grand Palais, à Paris, du 3 au 8 mai 2017, n’échappe pas à la règle. Quatre cents créateurs ont été retenus pour la qualité et l’originalité de leur (bel) ouvrage, sur plus de six cents candidatures reçues cette année par le comité de sélection.

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CENTRE DE TABLE DE LA COLLECTION SHITAKE, EN
MARQUETERIE DE PAILLE PAR FORT ROYAL ET
JEAN-MARC GADY. STUDIO JEAN-MARC GADY 

C’est que le renouveau des arts décoratifs français – après des décennies d’une décoration minimaliste dans nos intérieurs – fait figure d’embellie pour ces métiers qui tombaient en désuétude. Le grand public montre aussi un intérêt renouvelé pour ces savoir-faire parfois millénaires. « L’engouement, aujourd’hui, tient au fait que l’artisanat d’art porte des valeurs dont notre société a besoin, explique Henri Jobbé-Duval, le commissaire général de Révélations. Le critère humain est important dans ces métiers où il y a la double nécessité d’une transmission des gestes d’une génération à l’autre et d’une adaptation à la modernité, pour ne pas disparaître », précise celui qui avait été surpris dès la première édition de 2013, qu’il a contribué à créer, « par les gens faisant la queue avant l’ouverture des portes et la traînée de poudre sur les réseaux sociaux».


La tradition n’empêche pas la création, ce que donne par exemple à voir le maître dans l’art du pli, Pietro Seminelli, dont les tapisseries, luminaires, paravents – produits dans son atelier du Calvados – connaissent un succès tel qu’il a ouvert un bureau showroom à New York et s’apprête à inaugurer une galerie à Paris. Ou encore la manufacture Pinton (fondée dans la Creuse en 1967), qui perpétue le savoir-faire de la tapisserie d’Aubusson, mais édite également, pour sa galerie de la rue du Cherche-Midi, à Paris, des tapis d’art contemporains.

Les nouvelles générations d’artisans prônent l’hybridation des matières et des techniques, et la collaboration avec d’autres artistes ou d’autres métiers, aux compétences différentes des leurs. Révélations donne à voir le fruit d’alliances pérennes entre artisans et designers, comme celle du groupe Fort Royal, créé en 2006, avec le studio Jean-Marc Gady. De ce mariage sont nés, cette saison, une commode, deux centres de table et un bout de canapé, en laque noire et marqueterie de paille multicolore.

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BUFFET D’OUSMANE MBAYE, SÉNÉGAL (2016). OUSMANE MBAYE 
Huit autres artisans d’art, travaillant avec huit designers (dont l’Atelier Bettenfeld-Rosenblum, gainier doreur, avec Christian Ghion, ou la Maison Fey avec Pierre Charrié), sont exposés sur le stand de Péri’Fabrique, une structure née à l’initiative du Festival du design D’Days (jusqu’au 14 mai à Paris) qui encourage la cocréation.

« Avec Révélations, on peut donner une autre vision de l’objet usuel qui, en France, n’était pas considéré comme une œuvre d’art, alors qu’il recèle une dimension spirituelle liée au geste de l’artisan », souligne Henri Jobbé-Duval. Cette approche contemporaine et « non folklorique » de l’artisanat a séduit plusieurs pays étrangers, qui participent au salon, de la Chine au Sénégal, du Luxembourg à la Russie. C’est le cas aussi du Chili, le pays à l’honneur pour cette année. Objets à base d’algues tissées, de crins de cheval ou de corne de bœuf : « Une cinquantaine de pièces uniques explorent la richesse des savoir-faire chiliens et leur appropriation par les créateurs contemporains », résume Nury Gonzalez, la directrice du Musée des arts populaires américains Tomas Lago, qui a orchestré l’événement parisien.

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CHAISE D’ADRIEN ANCEL, ATELIERS AMEA ESTAMPILLE 52 ;
VASES D’HAE-CHO CHUNG, CORÉE DU SUD ;
FAUTEUIL DU STUDIO POOL, GALLERY S. BENSIMON
ET VIDE-POCHE D’EGON MUNOZ, CHILI
(DE GAUCHE À DROITE ET DE BAS EN HAUT).
« Longtemps nous avons été invisibles auprès du grand public parce que nous travaillons dans l’ombre du luxe, notamment pour des architectes-décorateurs internationaux », souligne Aude Tahon, la nouvelle présidente du syndicat professionnel Ateliers d’art de France, l’organisateur de Révélations. « Ce salon au Grand Palais, un lieu emblématique de la Ville Lumière, montre que nous, artisans d’art, avons des propositions créatives, que nous ne sommes pas seulement des “petites mains” », martèle cette créatrice qui expose ses sculptures textiles faites selon une technique coréenne de nœuds. 45 000 visiteurs sont attendus au Grand Palais, pour cette exceptionnelle exposition-vente d’objets uniques.

Révélations, Biennale internationale métiers d’art & création, au Grand Palais, à Paris, jusqu’au 8 mai. 10 heures-20 heures tous les jours sauf lundi 8 mai (10 -19 heures). Plein tarif : 18 euros. Pré-vente en ligne : 15 euros.