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dimanche 12 avril 2015

LA PRÉSIDENTE MICHELLE BACHELET ÉCLABOUSSÉE PAR DES SCANDALES DE CORRUPTION

Cette crise, qui ne cesse d’enfler à mesure que les enquêtes avancent et les révélations affluent, a sapé la popularité de la présidente socialiste Michelle Bachelet, qui a perdu 13 points en deux mois, tombant à 31% selon le dernier sondage Adimark. A tel point que des rumeurs de sortie de pouvoir commençaient à circuler. Rumeurs qu’elle a démenties mercredi, lors d’un déjeuner avec la presse étrangère auquel a assisté La Tribune de Genève : «Je n’ai pas pensé démissionner, ni pense le faire», a-t-elle assuré.

Les scandales commencent à la fin de 2014, lorsqu’explose une vaste affaire de financement illicite de campagnes électorales. Le groupe Penta aurait ainsi élaboré des fausses factures pour financer des candidats au Congrès dans le but de faire prospérer ses intérêts au cœur du pouvoir législatif. Ces dernières semaines, c’est au tour de l’entreprise minière Soquimich, leader mondial de lithium et propriété de l’ex-gendre du dictateur Augusto Pinochet, d’être sur le banc des accusés, et avec elle plus de 170 politiciens de gauche et de droite soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin.

Au milieu de cette tourmente, l’hebdomadaire Qué Pasa révèle en février une douteuse opération immobilière réalisée par le fils de la présidente Bachelet, Sebastián Dávalos, et par son épouse Natalia Compagnon. Ce qui étonne le plus, c’est la manière dont le couple a obtenu un crédit de 10 millions de dollars pour l’entreprise Caval, propriété de la belle-fille à 50%. Une instruction a été ouverte pour trafic d’influence et délit d’initié. Comme le souligne le politologue Carlos Peña, ce qui a jeté le discrédit sur Bachelet «n’est pas exactement l’affaire de son fils mais sa réaction tardive et son manque de réflexion critique face à cette affaire». Son image de présidente intègre qui lutte contre les inégalités a volé en éclats.

Michelle Bachelet a créé depuis un conseil d’experts chargé d’élaborer des normes contre la corruption, les conflits d’intérêt et le trafic d’influence. «Cette crise est une énorme opportunité pour combler les vides légaux, renforcer les institutions […], et séparer définitivement les affaires de la politique», a-t-elle assuré mercredi. Il en faudra cependant sûrement plus pour réconcilier les Chiliens avec la politique. (TDG)