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dimanche 30 mars 2014

VILLA LAS ESTRELLAS, UN VILLAGE PERDU DANS L'ANTARCTIQUE

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VILLA LAS ESTRELLAS, DANS LES ÎLES SHETLAND DU SUD, AU CHILI, OÙ VIVENT 64 FAMILLES, LE 11 MARS 2014. PHOTO AFP



La plupart des habitants sont les familles des militaires de la base aérienne chilienne.

Peu à peu, ils se sont adaptés aux conditions rigoureuses du climat et ont appris à partager l'espace avec la faune de la région, comme les manchots papou au bec orange.

« Vivre ici c'est plus amusant que sur le continent. Le plus difficile c'est de passer plusieurs jours enfermés. L'hiver dernier par exemple, on n'a pas pu sortir pendant huit jours à cause du vent et de la neige », raconte à l'AFP José Carrillan Rosales, l'instituteur et directeur de l'école.

Habiter ici demande aussi une organisation sans faille. Le commerce local n'ouvre que deux fois par semaine et ne dispose pas d'une grande variété de produits.
Les habitants doivent apporter du continent et stocker leurs produits d'hygiène personnelle, et la plupart des aliments qui doivent être congelés.

Il y a deux ans que M. Rosales, originaire de Chillan, à 450 km de Santiago du Chili, vit dans ce village avec sa femme également institutrice et leurs deux enfants.
A Chillan, la température peut atteindre 38°C en été. En Antarctique, elle peut chuter à -40ºC en hiver, une amplitude thermique de près de 80 degrés.

- « Un défi » -

Mais M. Rosales est content : « Ici la vie est tranquille, on n'a pas de problème de vols ou de circulation automobile. En plus sur le continent on voit ses enfants au mieux le midi et le soir. Ici, je suis en permanence avec eux », dit-il.

Malgré la nature inhospitalière, de nombreux Chiliens veulent venir en Antarctique. Pour un instituteur, le salaire est cinq fois supérieur à celui du continent.


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« VILLA LAS ESTRELLAS ». PHOTO JORGE BENAVENTE 2004 CHEZ WIKIMEDIA

« Pour venir ici, il faut passer un concours national et remplir une série de critères », explique Maria Cristina Hernandez, l'épouse de José Rosales.

« Le premier est que les deux soient professeurs et mariés car ils doivent partager le seul logement de fonction existant. Les candidats célibataires ne sont pas acceptés. Il faut aussi avoir au moins un an d'expérience professionnelle », précise-t-elle.

Depuis la création de la petite école en 1985, 290 enfants l'ont fréquentée. Ce sont les enfants des officiers de l'armée de l'Air chilienne, des professeurs et fonctionnaires chiliens qui travaillent ici. Actuellement, elle compte six élèves.

Josefina Opaso est la fille d'un officier de l'armée de l'Air et d'une des vendeuses du petit commerce du village.

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« C'est fascinant de vivre dans un endroit où presque personne ne peut venir. C'est aussi un défi parce que pour vivre ici, il faut toujours s'habiller très chaudement pour sortir et parfois on doit rester enfermés à cause des tempêtes de vent. C'est la partie la moins drôle de l'Antarctique », raconte la fillette, très dégourdie pour ses neuf ans.

Outre les avantages financiers, connaître de nouvelles expériences est une attraction de plus pour les Chiliens désireux de quitter le continent.

Francisco Fuentes, 62 ans, est le gérant de la seule agence bancaire à Villa Las Estrellas. Marié depuis 37 ans et père de deux grands enfants, il a laissé sa famille au Chili pour devenir le seul fonctionnaire de la banque, qui ouvre tous les jours.

Ses quelque 80 clients, qui travaillent dans des bases chiliennes comme « Président Frei » et sa voisine « Gobernación Maritima », peuvent retirer des pesos chiliens, changer des dollars, faire des transferts d'argent et même des investissements.

«  Ce que j'aime ici c'est par exemple survoler les glaciers en hélicoptère, quelque chose d'impensable sur le continent », confie M. Fuentes, qui gagne ici 120% de plus qu'au Chili.