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jeudi 20 mars 2014

DEPORTIVO PALESTINO, LE MAILLOT DE LA DISCORDE

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 LE MAILLOT DE LA DISCORDE 

L'Association nationale du football professionnel chilienne (ANFP) est finalement saisie le 9 janvier par Patrick Kiblisky, président du club Deportivo Ñublense et banquier à Miami. « L'origine de notre plainte n'est pas la défense de la communauté juive, mais le respect des lois du football chilien, explique son frère, Alex Kiblisky, trésorier de l'ANFP. Le foot ne doit pas entrer dans les questions politiques, raciales, ethniques ou religieuses. Le Club Palestino sait très bien que le football est une puissante caisse de résonance et il en profite pour faire la promotion d'idées qui ont le don de diviser. »

Pendant que la plus haute instance du football chilien traite le dossier, les joueurs du Palestino, qui continuent à porter le maillot litigieux, sont ovationnés à chacun de leurs matchs à l'extérieur, et le club reçoit des commandes du monde entier pour l'objet du litige. Double champion du Chili (1955, 1978) et dirigé à plusieurs reprises dans les années 1990 par l'«ingénieur » Manuel Pellegrini, actuel entraîneur de Manchester City, le Club Palestino a acquis une certaine popularité et s'appuie sur une communauté palestinienne forte de 400 000 personnes, la plus importante du monde hors des pays arabes.

UNE AMENDE SYMBOLIQUE

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DANIEL JADUE

« Le Palestino est plus qu'un club sportif, c'est la première institution de la communauté palestinienne au Chili », explique Daniel Jadue, maire de Recoleta, la commune de Santiago dont dépend le quartier de Patronato. D'origine palestinienne, ce membre du Parti communiste renvoie la balle dans le camp adverse. «Le maillot de Palestino, club né vingt-huit ans avant l'Etat d'Israël, a porté cette carte avant 1948, souligne-t-il. Cela fait partie de son identité. Et en 2002, la carte figurait sur le maillot de Leonardo Cauteruchi, le gardien de l'équipe, sans que personne ne s'en soucie. Pourquoi le scandale surgit-il aujourd'hui ? Pour certains agents d'Israël, c'est un moyen de se victimiser. Mais au Chili, il n'y a jamais eu de problème entre juifs et Palestiniens. Ce sont les Kiblisky, avec leur plainte, qui ont crispé tout le monde. »

A la suite de sa réclamation, la famille Kiblisky, de confession juive, a été la cible de menaces et d'insultes antisémites, notamment dans les stades chiliens. L'ANFP a finalement condamné le Club Palestino à une amende symbolique de 1 000 euros, au motif que le chiffre 1 sur ses maillots était « illisible ». L'équipe, dont aucun joueur actuel n'est d'origine arabe, continue toutefois à porter la carte de la Palestine sur son maillot. Mais, désormais, c'est sur la poitrine.