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mardi 10 septembre 2013

CHILI: COMMÉMORATIONS PARALLÈLES DU 40ÈME ANNIVERSAIRE DU COUP D'ETAT

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« IL N'EST PAS JUSTE DE PARLER DU COUP D'ETAT COMME D'UNE FATALITÉ INÉVITABLE. IL N'EST PAS JUSTE D'AFFIRMER QU'IL Y AVAIT UNE GUERRE CIVILE EN DEVENIR, PARCE QUE POUR ASSURER LA CONTINUITÉ ET SOUTENIR LA DÉMOCRATIE, IL AURAIT FALLU DAVANTAGE DE DÉMOCRATIE, PAS UN COUP D'ETAT », A RÉTORQUÉ MICHELLE BACHELET.

Mme Bachelet comme M. Piñera ont condamné avec force les violations des droits de l'homme commises durant la dictature, et ont notamment demandé que toute la lumière soit enfin faite sur les exactions de la junte militaire, 40 ans après.

Mais leurs vues divergent totalement sur les conditions politiques qui ont conduit au coup d'Etat contre le président Salvador Allende, qui voulait mettre en marche un socialisme à la chilienne avant d'être crucifié par la droite militaire et l'hostilité des milieux d'affaires et des Etats-Unis.

« Cette douloureuse fracture de notre démocratie n'a pas été quelque chose de soudain, d'intempestif ou de surprenant» , a déclaré le président Piñera. « Ce fut plutôt la conclusion prévisible, bien que pas nécessairement inévitable, d'une longue et douloureuse agonie des valeurs républicaines» , a-t-il ajouté.

« Il n'est pas juste de parler du coup d'Etat comme d'une fatalité inévitable. Il n'est pas juste d'affirmer qu'il y avait une guerre civile en devenir, parce que pour assurer la continuité et soutenir la démocratie, il aurait fallu davantage de démocratie, pas un coup d'Etat », a rétorqué Michelle Bachelet.




« Les responsabilités de l'instauration de la dictature, les crimes commis par des agents de l'Etat, la violation des droits de l'homme ne sont pas justifiables, ne sont pas inévitables et sont la responsabilité de ceux qui les ont commis et de ceux qui les ont justifiés» , a-t-elle ajouté.

Le président chilien a attribué la responsabilité morale des événements « à ceux qui exerçaient les plus hautes responsabilités au sein du gouvernement militaire et à ceux qui, connaissant les faits, auraient pu prendre la parole pour prévenir les abus et souvent ne l'ont pas fait» . Le gouvernement de M. Piñera compte trois anciens ex-collaborateurs ou sympathisants déclarés de la dictature.

« Je crois que les conditions n'étaient pas réunies pour une seule commémoration, parce que ce pays est encore divisé» , a estimé pour sa part Isabel Allende, fille de l'ex-président et sénatrice du Parti socialiste.

Le 11 septembre, jour anniversaire du coup d'Etat, le gouvernement doit organiser une cérémonie religieuse à La Moneda.

Dimanche, des dizaines de milliers de Chiliens ont défilé à Santiago pour la défense des droits de l'Homme. Les manifestants, portant des banderoles et scandant des slogans hostiles à la dictature (1973-1990), ont défilé pendant près de deux heures au rythme des tambours, avant d'arriver au cimetière principal de Santiago, dans lequel se trouve un mémorial consacré aux 3.200 morts, 38.000 torturés et centaines de disparus de la dictature.