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vendredi 11 mai 2012

CHILI : LE TREMBLEMENT DE TERRE DE 2010 A ÉTÉ BÉNÉFIQUE POUR DES PLAGES

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CARTE DE LA RÉPARTITION DE LA MAGNITUDE DES SECOUSSES (DE 1 À +10, EN BAS EN CHIFFRES ROMAINS) AU CHILI POUR LE SÉISME DU 27 FÉVRIER 2010. L'INTENSITÉ AUGMENTE DU BLEU AU ROUGE. L'ACTIVITÉ SISMIQUE RÉSULTE DE LA SUBDUCTION DE LA PLAQUE LITHOSPHÉRIQUE NAZCA SOUS L'AMÉRIQUE DU SUD. L'ÉPICENTRE DU SÉISME EST MARQUÉ PAR L'ÉTOILE NOIRE. © U.S. GEOLOGICAL SURVEY

Les digues chiliennes ont un effet négatif sur les plages
 
D’après cette étude, l’installation de digues a provoqué une disparition progressive des plages de sable situées à leur pied. Tous les organismes, animaux (crustacés, mollusques, oiseaux, etc.) ou végétaux, qu’elles abritaient ont alors disparu. Les premiers étages de la zone intertidale touchés sont le supralittoral et le médiolittoral, c'est-à-dire les parties de l'estran respectivement soumises aux embruns et couvertes par les marées. L’étage infralittoral, une aire émergée lors des marées de vive eau, disparaît en dernier.
Le séisme a également eu des effets destructeurs. La présence des digues a amplifié la violence du tsunami (vagues de 1,5 à 10 mètres de haut par endroit), provoquant de gros dégâts au sein des populations de crustacés, par comparaison avec des sites non construits. Par ailleurs, certaines étendues de sable ont tout simplement disparu en raison de la subsidence des régions situées au nord de l’épicentre. Au sud, l’élévation des côtes, ou soulèvement tectonique, a parfois fait sortir des roches de l’étage circalittoral de l’eau, en bloquant ainsi l’accès à la mer à certains animaux comme le crabe de sable (Emerita analoga), qui a donc disparu de ces sites. 

Le tsunami et le tremblement de terre ont redonné vie au littoral sableux
 
Tout n’est pas négatif, loin de là. Les soulèvements tectoniques ont en de nombreux endroits considérablement augmenté la surface de certaines plages, au point de faire réapparaître des milieux qui avaient été détruits suite à la mise en place des aménagements de protection du littoral. Ce phénomène a été amplifié par une diminution de la pente des étendues sableuses.
Chaque zone de l’estran a ensuite été repeuplée rapidement par des crustacés mobiles caractéristiques en seulement quelques semaines (exemples : l'amphipode Orchestoidea tuberculata et l'isopode Excirolana hirsuticauda) ou quelques mois (Excirolana braziliensis). La vitesse de recolonisation dépend de l’importance du soulèvement tectonique, de la hauteur du tsunami en chaque point étudié et bien sûr, de l’aménagement côtier. Les plages isolées par des constructions ont été repeuplées en dernier.
Dans le cas présent, et contre de nombreuses attentes, le tremblement de terre et le tsunami ont donc eu des effets bénéfiques sur l’écologie et la biodiversité des plages de sable chillienne, en augmentant notamment les habitats disponibles pour diverses espèces animales et végétales propres à ces milieux. La nature a, en quelque sorte, contrecarré les plans de l’Homme en surélevant les installations qu’il avait mises en place et en diminuant donc leurs effets. Plusieurs mois après le drame, des plantes pouvant fixer le sable ont été observées sur les plages agrandies alors qu’elles étaient absentes auparavant. Elles pourront redonner naissance à des dunes et donc à un nouvel écosystème.