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vendredi 16 mars 2012

CHILI - LA PATAGONIE SE SOULÈVE


DES MANIFESTATIONS PACIFIQUES VIOLEMMENT RÉPRIMÉES. PHOTO CLAUDIO FRÍAS
Paradoxalement – et c’est révélateur des enjeux de cette mobilisation –, la croissance de la région fut de 19,8 % en 2011. Une activité économique dont les habitants ne bénéficient pas pleinement comme le démontrent leurs revendications : amélioration des infrastructures sanitaires (hôpitaux), subsides régionaux pour faire face aux prix élevés de l’essence et du gaz, création d’une université publique orientée vers la région, salaire minimum adapté au coût de la vie, aides aux pêcheurs, etc.

DES MANIFESTATIONS PACIFIQUES VIOLEMMENT RÉPRIMÉES. PHOTO CLAUDIO FRÍAS
Si la région fut une des dernières a être colonisée, tant son climat et sa géographie la rendaient hostile, elle fit rapidement office de vache à lait pour Santiago. En 1940, l’État autorisa la Société industrielle d’Aysén (dont le siège était à Valparaiso) à brûler trois millions d’hectares de forêt pour l’élevage de moutons. A l’heure actuelle, c’est l’élevage de saumons, l’industrie forestière et surtout la production d’énergie qui nourrissent l’appétit des grandes entreprises chiliennes et étrangères. C’est en effet au cœur de cette région que devrait voir le jour HidroAysén, un projet de construction de cinq méga-barrages qui alimentera le système d’électricité central du pays1. Juan Pablo Orrego, coordinateur international du Conseil de défense de la Patagonie et opposant farouche à HidroAysén, considère la mobilisation des habitants comme un exemple à suivre pour tout le pays : « Étant donné son isolement, son abandon, mais aussi grâce à son esprit de pionner, Aysén a compris qu’elle avait besoin d’un développement autonome, autogéré, distinct de celui qui mène à la faillite sociale et environnementale l’entier du pays. »

Le gouvernement central fait pour l’instant la sourde oreille. Il n’entamera « aucun dialogue ou conversation tant qu’il serait fait usage de la force », selon les mots du ministre de l’Intérieur Rodrigo Hinzpeter. Pas de dialogue donc, mais une forte répression des carabineros à coups de gaz lacrymogène, de matraques et de balles en caoutchouc. Une conduite qui n’est pas sans rappeler la répression violente du mouvement étudiant de 2011 et condamnée par l’Institut national des droits de l’homme qui la juge « indiscriminée et disproportionnée ».