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samedi 20 mars 2010

"La Buena Vida" : jours moroses à Santiago

La Buena Vida l'affiche du film
Santiago du Chili est devenue une cité comme les autres, avec des galeries marchandes ou se croisent les riches et les pauvres, des rues sans âmes où travaillent des prostituées.
Le scénario, écrit à six mains, suit le parcours de trois personnages personnages principaux : Teresa (Aline Kuppenheim) est médecin et se consacre à la prophylaxie parmi les travailleuses du sexe ; Mario (Eduardo Paxeco) est un clarinettiste de talent qui ne parvient pas à intégrer l'orchestre philharmonique et se résout à s'engager dans la gendarmerie, pour jouer dans la fanfare ; Edmundo (Roberto Farias) travaille dans un salon de coiffure, vit avec sa mère et cherche un raccourci vers l'indépendance, économique et familiale.
Tous se heurtent à l'inégalité, à la brutalité des relations sociales, aux séquelles d'un passé effacé mais omniprésent. Andrès Wood metteur en scène applique minutieusement la stratégie réaliste qu'il a mise au point avec ses coscénaristes : les situations sont généralement maintenues à distance du romanesque. Il ne faut pas compter sur de jolies coïncidences dickensiennes pour que les trajectoires se croisent autrement que par accident, sans que les protagonistes en prennent conscience.
La rançon de ce parti pris est lourde : on a deviné dès les premières séquences que La Buena Vida, le titre est une antiphrase et que la vie à Santiago est tout sauf bonne. Mais c'est à peine si c'est une vie, tant les personnages, leurs désirs, leurs mouvements sont englués dans une tristesse qui finit par confiner à l'anomie.
Film chilien d'Andres Wood, avec Roberto Farias, Aline Kuppenheim, Eduardo Paxeco. (1h48)

Thomas Sotinel