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vendredi 12 mars 2010

DÉCÈS DE LA « TANTE JULIA »


LIMA, 1956. JULIA, VARGUITAS ET
LE CHIEN  «BATUQUE » 
UNE  
JOURNÉE À LA CAMPAGNE.


Cette grande femme aux manières distinguées, née en 1926, était la probable inspiratrice de cet ouvrage de 1977, dans lequel l'ancien journaliste raconte l'histoire d'un adolescent, Mario, qui rêve de devenir écrivain et tombe amoureux de sa tante par alliance, Julia.

Julia Urquidi était depuis peu divorcée de son oncle, Luis Llosa, lorsque Mario Vargas Llosa l'avait épousée malgré l'opposition de leur famille qui voyait d'un mauvais oeil leurs dix ans de différence d'âge.

"Ce fut une relation très belle et j'ai encore beaucoup de tendresse pour elle, car c'est une personne qui m'a beaucoup aidé, m'a stimulé dans mon travail d'écrivain et c'est pour cela que je lui ai dédié ce roman", a confié dans les années 1990 l'écrivain, seulement âgé de 19 ans lors de ce mariage.

Mais Julia, mécontente du livre, a écrit plus tard sa propre version, "Lo que Varguitas no dijo" (Ce que le petit Vargas n'a pas dit), dans laquelle elle raconte que Mario Vargas Llosa a mis fin du jour au lendemain à leur histoire au bout de neuf ans de vie commune.

L'écrivain lui a écrit une lettre pour lui annoncer être amoureux de Patricia, la nièce de Julia, selon le journal El Deber. Patricia est ensuite devenue sa deuxième épouse et ils ont eu trois enfants.

"J'ai dû surmonter de nombreuses difficultés pour que ce livre voit le jour, depuis les menaces voilées, émanant de tierces personnes, jusqu'à la volonté de me faire taire, par des procédés malhonnêtes, comme une proposition d'achat du manuscrit pour une somme difficile à refuser", a raconté un jour Mme Urquidi.

"Je ne garde aucune rancœur contre Mario", assura-t-elle cependant dans les années 90 : "Chacun a le droit de choisir sa vie. J'aurais simplement aimé davantage d'honnêteté, car cela aurait évité beaucoup de problèmes et de souffrance".

Après l'échec de ce mariage, elle s'enferma un temps dans sa maison familiale de Cochabamba, dans le centre de la Bolivie, avant d'obtenir un poste haut placé sous deux gouvernements militaires, puis de disparaître pendant plus de 20 ans de la scène publique.

Julia "lisait beaucoup, c'était une femme très cultivée. Elle fumait tout le temps des cigarettes Big Ben qui lui ont compliqué la vie", a dit au journal Wanda Zagarra, petite-fille de sa sœur Irma.

Victime d'une complication respiratoire, la tante Julia n'a pas eu d'enfants.