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jeudi 3 décembre 2009

Poète et communiste, Neruda... et collectionneur de coquillages

Peut-être moins encore chez un prix Nobel de littérature. Ce qui commence à restreindre fortement le choix des élus. Peut-être Saint-John Perse, éventuellement ? Eh bien non, c'est le poète chilien Pablo Neruda - qui partage la carrière de diplomate avec Perse.
Passionné pourtant qu'il fut, le père Neruda. Et quand il ne griffonnait pas du papier pour nous sortir des poèmes étonnants, il passait au crible les plages du monde à la recherche de petits exemples de coquilles vides, abandonnées sur le sable par une marée nouvelle. Et comme tous les connaisseurs, il devait particulièrement apprécier les lendemains de tempête, riches en trouvailles.
En plus de vingt ans, il aura même accumulé plus de 9000 coquillages, avec 400 spécimens différents de variétés rares ou peu connues. Pour la première fois, l'Instituto Cervantes de Madrid va les exposer alors que le poète en avait fait don à l'université du Chili en 1954. Pour le commissaire Pedro Nunez, la nature a toujours été une source d'inspiration privilégiée pour le poète communiste - ce n'est pas incompatible, et même que l'on n'est pas contraint de virer dans l'aragonisme...Inspiré et frappé d'admiration par les dons généreux de la nature. Une obsession même pour les proportions mathématiques, qui transparaît plus ou moins dans ses textes, et que ces coquillages reflétaient, comme une métaphore de la diversité de la vie au sein de ces mêmes limites. Un jour, le poète écrivit : « La meilleure chose que j'ai recueillie au cours de ma vie, ce sont mes coquillages. Ils m'ont offert le plaisir de leurs prodigieuses structures, la pureté lunaire de leur mystérieuse porcelaine. »Plus qu'un hommage, un dévouement...