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lundi 5 octobre 2009

Début de la tentative française de traversée de la cordillère Darwin

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Vue de la cordillère Darwin à l'extrémité australe du Chili, le 2 septembre 2008. Photo AFP

"Nous sommes enfin à pied d'oeuvre, mais avec une dizaine de jours de retard, en raison des constantes et violentes tempêtes sur le détroit de Magellan (dans les 50e hurlants) qui rendaient la navigation impossible depuis Punta Arenas, pour rejoindre par bateau notre point de départ au pied de la cordillère", a expliqué à l'AFP par téléphone satellite le chef de l'expédition, Yvan Estienne.

Le navire sur lequel ils s'étaient embarqués, la "Nueva Galicia", un ancien bateau de pêche d'une trentaine de mètres, a été bloqué au Cap Froward, la pointe Ouest du détroit, là où Pacifique et Atlantique se rejoignent dans un goulet d'étranglement.

Vents très violents, vagues de plus de 6 mètres, courants anarchiques... L'embarcation (qui devait servir de base arrière pendant la traversée) a dû faire demi-tour et ramener l'équipe à Punta Arenas.

Mais les alpinistes français n'ont pas baissé les bras.

-Traversée d'Est en Ouest-

"J'ai décidé de changer nos plans, explique Yvan Estienne. La seule façon de poursuivre notre expédition fut de nous embarquer sur un gros bateau-bac qui relie Punta Arenas à Puerto Williams, sur le canal de Beagle, au Sud-Est de notre point de départ prévu. Il nous a déposé sur sa route, à proximité de la cordillère".

"Mais cela signifie que notre tentative de traversée est maintenant orientée d'Est en Ouest, et non le contraire comme prévu initialement. Le climat sauvage de la Patagonie en a décidé ainsi. Cela va être plus difficile, car nous allons progresser dans ces montagnes et glaciers inconnus, contre les vents dominants".

Samedi, chargés chacun de 40 kg de matériel et d'une autonomie en nourriture d'une quinzaine de jours, les alpinistes français ont franchi sous la neige, les portes de l'inconnu.

L'entreprise est très osée, d'autant que leur base arrière, le "Nueva Galicia", est toujours bloqué à Punta Arenas en attendant qu'Eole se calme.

"Nous espérons qu'il va enfin pouvoir nous rejoindre et suivre notre périple en parallèle depuis le canal de Beagle, prêt à nous récupérer si nous avons un gros problème. Mais rien n'est sûr...", a ajouté Yvan Estienne.

-La fascination de Darwin-

Charles Darwin découvrit en 1832 lors de son fameux voyage sur le Beagle, cette "terra incognita" montagneuse et semi-glaciaire qui s'étend sur 170 km au Nord-Ouest du cap Horn.

Mais le naturaliste qui, saisi par la beauté sauvage et inviolée de cette queue méridionale de la cordillère des Andes, lui donna son nom, n'en parcourut que les contreforts.

Quelques expéditions internationales se sont aventurées dans certaines parties (les plus accessibles) de cette chaîne de montagnes de la Terre de Feu, mais aucune n'est parvenue à ce jour, à l'explorer dans sa totalité.

Au crépuscule de sa vie et après avoir parcouru le monde, le père de la théorie de l'évolution disait: "il me reste deux images, les Galapagos et la cordillère Darwin !".