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vendredi 21 novembre 2008

Inti Illimani : l'épreuve du temps

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Lancé en 2006, Pequeño Mundo est un disque de grande pop classique latino-américaine. On est loin de ce style andin proéminent qui a fait connaître le groupe à la fin des années 60, il y a de ça 46 albums et encore plus de tournées mondiales.

Inti Illimani, il faut le rappeler, est issu de cette nueva canción chilena, la nouvelle chanson chilienne. En tournée européenne lorsque le général Augusto Pinochet a renversé le gouvernement socialiste de Salvador Allende, en 1973, le groupe fut interdit de séjour et devint une des figures emblématiques de la gauche chilienne en exil.

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Chanteur, compositeur et multiinstrumentiste, Marcelo Coulon a vécu quelques années à Paris (ce qui explique la qualité plus qu'acceptable de son français), mais le plus clair de l'exil (après le coup d'État en 1973) s'est passé à Rome. De la fin des années 80 au début des années 90, les membres d'Inti Illimani sont rentrés au Chili.

«Lorsque nous avons commencé, rappelle Marcelo Coulon, la musique des Andes n'était pas très connue au Chili. Nous l'avons apprise et maîtrisée parce que voulions exprimer notre esprit bolivarien, c'est-à-dire celui d'une culture forte de l'entière Amérique latine. Par la suite, nous avons élargi nos horizons en incluant d'autres styles d'Amérique latine et même d'Europe. Notre séjour en Italie nous a même conduits à jouer la tarentelle!»

Tout au long de cette trajectoire qui dépasse quatre décennies, certains membres d'Inti Illimani ont quitté la formation originelle, d'autres les ont remplacés.

«Nous avons recruté une relève très forte, croit Marcelo Coulon. Sous l'impulsion de nos jeunes collègues, nous avons incorporé d'autres musiques et d'autres rythmes. Notre musique est restée vivante, on y a greffé les genres qui nous ont touchés. Les dernières avancées? Il est difficile de parler de soi, mais mon statut d'ancien me permet de voir l'évolution de notre pratique de l'improvisation, par exemple.»

Marcelo Coulon est membre régulier d'Inti-Illimani depuis 1978. En 1970, il avait remplacé son frère Jorge pendant plusieurs mois pour réintégrer le groupe huit ans plus tard. Jorge Coulon, en fait, est le seul membre originel de la formation qui porte le nom Inti Illimani.

L'interviewé raconte sa version des bouleversements internes: «Max Berru a été le premier à quitter, en 1996. Il ne voulait plus faire de tournée, entre autres. En 1998, José Seves, une des voix plus fortes, a démissionné pour des raisons similaires. En 2001, ce fut au tour de Horacio Salinas, un des plus importants compositeurs du groupe, parce qu'il avait un boulot à l'université. Vers 2004, Horacio Duran a aussi laissé le groupe. Lui, José Seves et Horacio Salinas ont alors décidé de se regrouper, estimant avoir fait une bêtise. Ils ont repris le travail.»

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Ils ont d'ailleurs repris le travail sous le nom... Inti Illimani Historico! Pendant que le Inti Illimani des frères Coulon (huit musiciens, dont un Cubain) tourne actuellement au Canada, l'autre noyau se produit en Europe. On devine les tensions entre les deux factions. «C'est triste. Pour moi, c'est une défaite sur le plan humain, je croyais vraiment à l'amitié», de commenter poliment Marcelo Coulon, pas très à l'aise.

Chose certaine, ce qui sera présenté au Kola Note ne manquera pas de classe, si l'on s'en tient au contenu de Pequeño Mundo.

«Nous ferons la majorité des chansons de cet album, nous devrons aussi faire plaisir au public en entonnant quelques succès. Vous savez, nous pouvons faire plus de 400 chansons. Pour souligner le centième anniversaire de naissance de Salvador Allende, d'ailleurs, nous avons interprété 100 titres d'affilée pendant de nombreuses heures.»

Inti Illimani se produit ce soir, 21 h, au Kola Note.