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vendredi 28 juillet 2017

50ÈME ANNIVERSAIRE DE LA RÉFORME AGRAIRE


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AFFICHE DE LA RÉFORME AGRAIRE
En 1967, le gouvernement démocrate-chrétien adoptait une réforme agraire et une législation syndicale destinées à moderniser et à consolider le mode de production capitaliste, tout en obtenant le ferme soutien politique de la paysannerie. 
LE PRÉSIDENT EDUARDO FREI MONTALVA, 
ET LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE 
HUGO TRIVELLI FRANZOLINI
SIGNATURE DU DE LA LOI 
DE RÉFORME  AGRAIRE 
Les objectifs de la réforme étaient l'augmentation de la production et de la productivité agricoles, la création de 100 000 nouveaux propriétaires paysans, l'insertion de la paysannerie dans les mécanismes de décision du pays, tant économiques que sociaux et politiques, et l'élévation de son niveau de vie. La stratégie de Frei en matière de politique agraire reposait sur quatre piliers : expropriation des grands domaines mal gérés ; octroi de stimulants aux exploitations rentables ; mise sur pied d'organisations paysannes soutenues par le gouvernement ; augmentation des salaires et sécurité de l'emploi dans l'agriculture.

Bien que la loi de 1967 autorisât l'expropriation de tous les grands domaines, elle ne toucha que le tiers des latifundia du Chili entre 1965 et 1970 et seules 21 000 familles sur les 100 000 prévues reçurent des terres(2). Par ailleurs, la loi ne prévoyait pas l'expropriation du cheptel tant vif que mort et la démocratie-chrétienne laissa en outre les propriétaires choisir une importante réserve, équivalant à 80 hectares de bonnes terres irriguées.

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CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA RÉFORME AGRAIRE
CÉRÉMONIE COMMÉMORATION AU PALAIS PRÉSIDENTIEL DE 
LA MONEDA EN PRÉSENCE DE LA PRÉSIDENTE  MICHELLE BACHELET. 
PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ


La structure d'organisation mise en place après l'expropriation des latifundia fut l'asentamiento, sorte de coopérative rurale de tenures paysannes. L'asentamiento était conçu comme une organisation de transition où, à l'issue d'une période d'essai de trois à cinq ans, les paysans (appelés asentados) seraient libres de choisir entre rester coopérateurs, partager la terre en lopins individuels ou donner à l'entreprise une forme mixte. L'asentamiento contribua non seulement à maintenir, mais même à accentuer l'inégalité économique entre les agriculteurs. À la fin de l'administration démocrate-chrétienne, 6 % seulement des ouvriers agricoles avaient acquis le contrôle d'environ 20 % du total des terres irriguées, soit à peu près 10 hectares irrigués par asentado 3. Ils possédaient donc en moyenne dix fois plus de terres qu'un minifundiste, cependant que plus du tiers de la main-d'œuvre agricole était toujours démunie de terres.

L'asentamiento n'effaça pas non plus les différences entre les divers types d'agriculteurs de l'ex-latifundium, à savoir les inquilinos, les voluntarios et les afuerinos. Les inquilinos étaient des ouvriers agricoles permanents, rémunérés pour une part (environ 40 % de leur revenu total) en espèces, pour une part (env. 10 %) en nature (regalías de consumo) : maison, pain, lait et bois de chauffage, et pour une part encore (env. 50 %) en droits d'usage sur un lopin de terre irriguée dont la surface variait généralement entre les trois quarts d'un hectare et un hectare et demi (regalías de tierra), ainsi qu'en droits de pâture pour une moyenne de deux à quatre animaux (talajes). Les voluntarios étaient souvent les fils des inquilinos, ou leur étaient apparentés. Célibataires, ils vivaient dans la maison de l'inquilino. En règle générale, ils n'avaient aucun droit ni d'usage de la terre ni de pâture ; ils étaient payés en espèces et percevaient en plus un salaire minime en nature pour les seuls travaux qu'ils effectuaient sur le domaine du grand propriétaire. Bien que les voluntarios résidassent en permanence sur le latifundium, ils n'étaient employés que neuf mois par an par le propriétaire, alors que les inquilinos connaissaient tout au long de l'année

1. Eduardo Fbei, « Proyecto de ley de la Reforma Agraria propuesto por S.E. el Présidente do la Republics al H. Congreso Nacional » (Santiago), El Mercurio, 1965, 22 nov. 
2. CORA (Corporaciôn de la Reforma Agraria), « Expropiaciones desde 1965 al 31-XI-70 », Santiago, 1970, 16 p. multigr. 
3. ICIRA (Instituto de Capacitaciôn e Investigaciôn en Reforma Agraria), Dlagnóstlco de la Reforma Agraria Chilena. Noviemlre 1970-Junio 1972, Rap. de FICIRA pour le ministère de l'Agriculture, Santiago, 1972, tableau annexe n° 10.