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samedi 18 mars 2017

UN RODIN DISPARU DEPUIS 130 ANS AUX ENCHÈRES


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ANDROMÈDE (DÉTAIL), PIÈCE MAJEURE DE RODIN, RÉAPPARAÎT SUR LE
MARCHÉ DE L'ART, CHEZ ARTCURIAL, 130 ANS APRÈS SA CRÉATION.
PHOTO  STUDIO SEBERT
AVANT-PREMIÈRE - Alors que l'on célèbre le centenaire de la mort d'Auguste Rodin par une série d'expositions, la maison Artcurial annonce la vente, le 30 mai, d'un marbre inédit redécouvert plus d'un siècle après sa création.
Dans sa stature de marbre blanc, la belle Andromède trône endormie dans l'écrin de boiseries de la maison Artcurial. Ce vendredi 17 mars, Bruno Jaubert directeur du département impressionniste et moderne est là, en compagnie de Stéphane Aubert, directeur associé, et toute l'équipe de la maison du Rond-Point des Champs-Élysées, pour expliquer l'apparition sur le marché de cette pièce majeure de Rodin, 130 ans après sa création. Un événement qui tombe en pleine ouverture de l'exposition Rodin qui s'ouvre ces jours-ci, à deux pas, au Grand-Palais, pour célébrer le centenaire de la mort du sculpteur.

«Andromède nous attendait, explique Bruno Jaubert. C'est l'impression émouvante et rare que nous avons eue en redécouvrant cette œuvre majeure de Rodin conservée précieusement dans la même famille de génération en génération. Dans les années 1930, Georges Grappe, premier conservateur du musée Rodin émettait l'hypothèse qu'Andromède serait sans doute encore dans les mains de la famille Morla mais sans certitudes. Depuis on en avait perdu la trace...».
Un des plus beaux exemples de l'interprétation de ce mythe antique dans l'œuvre du sculpteur.

Rodin, «Andromède», estimée entre 800.000 et 1,2 million d'euros, sera en vente le 30 mai chez Artcurial, à Paris.

L'œuvre a tout pour séduire. Son sujet - «une femme nue assise sur un rocher, presque pliée en deux» selon la description du critique Gustave Geoffroy qui a vu un exemplaire de cette pièce à la galerie Georges Petit en 1886 - est caractéristique du style de Rodin dans les années 1880. Sa matière dénote par son modelé doux et sensible, sa surface lisse et luisante contrastant avec le socle encore à l'état brut, comme si Andromède semblait sortir de terre.

«Tout l'art de Rodin tient dans cet effet entre le motif fini et le «non finito du bloc dont il est issu et auquel il reste relié» souligne Serge Lemoine, ancien directeur du musée d'Orsay aujourd'hui conseiller d'Artcurial. Et son histoire lui donne une provenance rêvée irréprochable.

LOUISE LYNCH DE MORLA VICUÑA 1884
MARBRE, 57 CM MUSÉE D'ORSAY, PARIS
En 1888, en poste à Paris, le diplomate chilien, Carlos Morla Vicuña demande à son ami Rodin de réaliser le portrait de sa jeune épouse, Luisa. Le sculpteur immortalise sa beauté dans le marbre. Ce buste est alors exposé la même année au Salon national des Beaux-Arts. Celui-ci connaît un tel succès que l'État français souhaite l'acquérir pour le faire entrer dans les collections du musée du Luxembourg. Longtemps connu sous le nom de «Madame Vicuña» ou «la charmeuse», Il est aujourd'hui conservé au musée d'Orsay.

En ami des arts et de la France, le Chilien accepte. En échange, Rodin lui offre le marbre d'Andromède, un des plus beaux exemples de l'interprétation de ce mythe antique dans l'œuvre du sculpteur. On connaît trois des cinq autres exemplaires dans des institutions publiques. Le premier, propriété de Roger Marx est au musée de Philadelphie. Le deuxième commandé par Maurice Fenaille est au musée Rodin. Le troisième provenant de l'ancienne collection Jacques Zoubaloff est au musée national de Buenos-Aires. Le quatrième fait partie de la collection Gabriel Hanotaux. Il a été vendu aux enchères en 2006, à New York, pour 3 millions de dollars.

Le marbre vendu par Artcurial le 30 mai prochain affiche une estimation de 800.000 à 1,2 million d'euros. Compte tenu de l'engouement pour l'œuvre de Rodin, sous les feux des projecteurs avec les expositions le célébrant, les enchères pourraient flamber...