Catégorie

mardi 28 mars 2017

GENÈVE - SUISSE : UNE PLAQUE POUR VIOLETA PARRA AU COLLÈGE VOLTAIRE


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

UNE PLAQUE POUR VIOLETA PARRA AU COLLÈGE VOLTAIRE
PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ


Une plaque commémorative a été dévoilée mardi en présence de la présidente chilienne Michelle Bachelet, sur l'emplacement où vécut durant deux ans l'interprète de «Gracias a la vida».
Roderic Mounir



PHOTO SEBASTIÁN RODRÍGUEZ
Déploiement protocolaire inédit, mardi après-midi, au collège Voltaire. Le secret avait été bien gardé, sauf auprès de la communauté chilienne de Genève, présente en nombre pour accueillir la présidente Michelle Bachelet.

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

GILBERT FAVRE (À GAUCHE) AVEC VIOLETA PARRA 
ET JEAN-PIERRE FAVRE DANS UN VILLAGE ENTRE 
PARIS ET GENÈVE EN 1961.
Celle-ci venait inaugurer une plaque en l'honneur de Violeta Parra, icône de la culture chilienne, compositrice, chanteuse et plasticienne, interprète de «Gracias a la vida», l'une des chansons les plus reprises du répertoire mondial (de Joan Baez à U2 en passant par Mercedes Sosa ou Omara Portuondo).

Violeta Parra, qui s'est ôté la vie en 1967, aurait eu 100 ans cette année. En 1963 et 1964, elle a vécu à Genève avec son grand amour Gilbert Favre (anthropologue et musicien) dans une maison qui se dressait sur le site actuel de la partie moderne du collège Voltaire. Une vie de bohème, la maison accueillant alors quantité d'artistes de passage. L'époque voit Violeta Parra reconnue pour son travail d'artiste, ses tapisseries brodées exposées au Louvre.

Veuve d'Angel Parra présente

La visite de Michelle Bachelet était chargée de symboles. Présidente depuis 2014 (et auparavant de 2006 à 2010) d'une ancienne dictature militaire, elle fut secrétaire générale adjointe de l'ONU chargée de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. Elle a aussi été la première femme en Amérique latine à exercer la fonction de ministre de la Défense (2002-2004). Son père, général de l'armée de l'air, a été torturé à mort sous Pinochet.

Raison pour laquelle François Longchamp, président du Conseil d'Etat, a rendu hommage lors de son discours à son collègue Antonio Hodgers, conseiller d'État, dont le père a été tué par la junte – argentine, celle-là –  et dont la sœur se prénomme Violeta, en mémoire de l'artiste. Présent à la cérémonie, Antonio Hodgers a été vu chantant les paroles de «Gracias a la vida» aux côtés de Michelle Bachelet, interprété live par le Trio Newen. Emotion encore lorsque la présidente chilienne, plaisantant sur son «français de cuisine», a salué la présence de Ruth Valentini, veuve d'Angel Parra, le fils de Violeta décédé le 11 mars dernier à Paris – il aurait dû chanter lors de cette commémoration.

«Deux siècles ont empêché deux géants de se croiser», a dit François Longchamp, allusion à Voltaire et Violeta Parra. Le président du Conseil d'État a souligné les liens forts unissant la Suisse au Chili et notamment à ses exilés, dont 1600 ont obtenu l'asile après le coup d'État – sous la pression d'un mouvement de solidarité, précision absente du discours officiel mardi.