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jeudi 9 février 2017

CHILI: UNE GRÈVE PARALYSE LA PLUS GROSSE MINE DE CUIVRE AU MONDE


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Santiago du Chili - Les travailleurs d'Escondida au Chili, la plus grosse mine de cuivre au monde, propriété de l'anglo-australien BHP Billiton, ont entamé jeudi une grève « dure » pour demander des hausses de salaires, un conflit qui inquiète les marchés.


PHOTO JORGE MUÑOZ
«La grève a commencé, une première équipe n'allant pas travailler et une deuxième équipe s'apprêtant à faire de même », a déclaré à l'AFP Carlos Allendes, porte-parole du Syndicat des travailleurs d'Escondida.

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La grève avait été approuvée par « 99,9% » des quelque 2.500 salariés d'Escondida, après des semaines de négociations avec l'actionnaire principal, a-t-il dit. 

Cette mine du nord du Chili produit environ 927.000 tonnes de métal rouge par an, soit 5% de l'offre mondiale. 

« L'entreprise maintient une position inflexible. Ca sera (un conflit) dur. Nous sommes disposés à résister le temps qui sera nécessaire », a prévenu M. Allendes.  

Dès mercredi, les employés avaient commencé à arrêter certaines des machines de l'énorme complexe minier et à abandonner leurs postes. 

Les mineurs, qui travaillent douze heures quotidiennes pendant 7 jours puis se reposent une semaine, ont installé un campement provisoire à l'extérieur de la mine et constitué un fonds de soutien de 250 millions de pesos (390.000 dollars). 

BHP Billiton, principal actionnaire de la mine, a annoncé la suspension de la production pour au moins les 15 premiers jours du mouvement, qui pourrait durer plus longtemps que celui de 2006 (25 jours). Le groupe a demandé à ses travailleurs d'éviter les actes de « violence ». 

L'entreprise refuse de céder aux exigences des employés, qui réclament une hausse de 7% des salaires et un bonus de 25 millions de pesos (près de 39.000 dollars) chacun, contre 8 millions proposés par la direction, sans augmentation de salaires. 

« La mine d'Escondida a les travailleurs les mieux payés du Chili, avec des salaires moyens de 150.000 dollars par an », explique à l'AFP Gustavo Lagos, expert du secteur à l'Université catholique. 


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LES SALARIÉS EN GRÈVE DE LA MINE DE CUIVRE
D'ESCONDIDA, LE 9 FÉVRIER À ANTOFAGASTA
PHOTO JUAN RIVAS


- « Poids symbolique » - 

Mais Escondida a souffert de la chute des cours du cuivre, plombés par l'essoufflement de la demande chinoise, ce qui avait poussé BHP Billiton à licencier une centaine d'employés début 2016 et à réduire les bonus et autres avantages des salariés. 

Le sort de ce site de production stratégique inquiète les marchés, qui craignent une hausse des prix --d'autant que la situation semble également instable dans la deuxième mine du monde, Grasberg en Indonésie, gérée par l'américain Freeport-McMoRan, après de nouvelles réglementations minières. 

« Une grève à Escondida serait importante, à cause de l'effet direct sur la production et l'équilibre du marché, mais également à cause de son poids symbolique, alors que les négociations (salariales) prévues cette année pourraient affecter 2,5 millions de tonnes » d'extraction de cuivre, soit 12% de la production mondiale, souligne Dane Davis, de Barclays. 

Toutefois, « les grèves de 2011 et de 2006 n'ont duré que deux et quatre semaines respectivement. Par ailleurs, les réserves de cuivre sont à des niveaux importants », tempèrent les experts de Natixis. 

Le cours du cuivre a fortement augmenté fin 2016, profitant de la perspective de chantiers d'infrastructures aux Etats-Unis après l'élection de Donald Trump, pour gagner 30% en moins d'un mois, à 6.045,50 dollars la tonne fin novembre. Les prix se maintiennent depuis autour de ce niveau, le plus haut en un an et demi. 

La Chine, premier consommateur mondial, pourrait pâtir « de pénuries saisonnières » liées à la grève mais le soudain renchérissement des cours ne suffira pas à décourager sa demande, indique à l'AFP Chris Wu, analyste du cabinet CRU. 

Les entreprises chinoises « n'ont pas le choix, car les stocks de cuivre concentré dans le pays peuvent être un recours pour quelques jours, mais pas trois mois », ajoute-t-elle. 

Or, après une période difficile sur fond d'essoufflement économique, le géant asiatique a retrouvé l'appétit en 2016 (importations record de cuivre à 4,95 millions de tonnes), dopé par un boom du marché immobilier et par un gonflement des dépenses de Pékin dans les infrastructures. 

Pour autant, le récent sursaut des importations (+30% sur un mois en décembre) pourrait faire long feu: la croissance chinoise patine, le régime prône un rééquilibrage économique au détriment des industries lourdes, et le gouvernement endetté « ne peut maintenir un tel niveau de dépenses d'infrastructures», insiste Mme Wu. 


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