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mardi 21 juin 2016

« L’ÉTÉ » PAR NICOLAS POUSSIN

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 « L'ETÉ OU RUTH ET BOOZ », 1660 - 1664, FAIT PARTIE D'UNE SUITE DE QUATRE TOILES REPRÉSENTANT LES SAISONS 

PEINTE PAR NICOLAS POUSSIN (LES ANDELYS, 1594 - ROME, 1665),   POUR ARMAND-JEAN, DUC DE RICHELIEU. 

PHOTO ANGÈLE DEQUIER


Ruth, pauvre servante moabite, obtient de Booz l'autorisation de glaner dans ses champs. Elle enfantera Obed, grand-père de David, ancêtre du Christ.
Les quatre saisons

L'Été fait partie d'une suite de quatre toiles représentant les saisons peinte par Poussin entre 1660 et 1664 pour Armand-Jean, duc de Richelieu. En 1665, ce dernier perd au jeu de paume contre le roi vingt-cinq tableaux de sa collection, dont treize Poussin. Les Saisons rejoignent ainsi les collections royales à Versailles et ensuite nationales au Louvre. Chaque saison est associée à une scène biblique de l'Ancien Testament et à un moment de la journée : le printemps lie la renaissance de la nature à Adam et Eve dans un paysage du matin, l'été marqué par les moissons présente l'histoire de Ruth et Booz alors que soleil est au zénith, l'automne suggéré par les vendanges et par une lumière de fin d'après-midi montre la grappe de Canaan et enfin l'hiver dans la lumière crépusculaire du soir met en scène le Déluge.

Le paysage en peinture comme en musique

Dans un vaste paysage ensoleillé, des paysans s'affairent à récolter le blé. Au premier plan, le peintre représente un récit biblique extrait du Livre de Ruth. Plongée dans la misère, cette dernière se rend aux champs pour glaner quelques germes de blé. Le hasard l'amène sur les terres de Booz, qui, touché par la jeune fille, lui donne l'autorisation de glaner sur ses terres et finit par la prendre pour épouse. De leur union naîtra un fils, Obed, dont descendront Jéssé et David, ancêtres du Christ. Le récit a été interprété comme une préfiguration de l'union du Christ et de l'Eglise. Le tableau est, avec L'Automne, le plus lumineux de la série, Le Printemps et L'Hiver  premier et dernier tableaux, étant plus sombres. Le cycle est ainsi rythmé comme dans une composition musicale par des scènes agitées encadrant des scènes plus douces. Poussin donne également à travers des paysages savamment agencés une poétique particulière à ces oeuvres où la nature et l'atmosphère participent pleinement au sens des histoires représentées.

Un testament pictural

Ces quatre tableaux achevés un an avant la mort du peintre apparaissent comme son testament pictural. On y retrouve toute l'essence de l'art de Poussin, poétique, novateur et complexe. En effet, la représentation des saisons n'est pas en soi une nouveauté, mais les figurer sous la forme de paysages et y introduire des scènes bibliques constitue une invention du peintre. Dès leur arrivée en France, les oeuvres ont suscité une très grande admiration. Leur interprétation a également donné lieu à de nombreuses hypothèses, qui n'ont toutefois pas épuisé la richesse de leur contenu. Enfin, la facture libre et tremblante de ces oeuvres, que l'on retrouve dans une certaine mesure dans Apollon amoureux de Daphné (Louvre), laissé inachevé après la mort de l'artiste, est un émouvant rappel des tremblements qui agitaient les mains du vieux peintre au crépuscule de sa vie.

Cartel
Nicolas POUSSIN (Les Andelys, 1594 - Rome, 1665)
L'Eté ou Ruth et Booz
1660 - 1664
H. : 1,18 m. ; L. : 1,60 m.
Collection de Louis XIV (acquis du duc de Richelieu en 1665)
Inv. 7304
Peintures
Aile Richelieu
2e étage
Nicolas Poussin
Salle 16