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mardi 14 avril 2015

EDUARDO GALEANO : MORT D’UN ÉCRIVAIN ENGAGÉ

Atteint d’un cancer du poumon, l’auteur de l’essai Les veines ouvertes de l’Amérique latine paru en 1971 s’est éteint le 13 avril à Montevideo à 74 ans.

“L’ÉCRIVAIN QUI A VOULU EXPLIQUER L’AMÉRIQUE LATINE”; “UNE VIE DÉDIÉE AUX MOTS”; “UNE RÉGION QUI RESTE SANS VOIX”. AINSI PARLE LA PRESSE HISPANOPHONE, QUI REND HOMMAGE À L’UN DES PLUS CÉLÈBRES ÉCRIVAINS SUD-AMÉRICAINS.  
Il voulait être joueur de football comme tous les enfants uruguayens, racontait Eduardo Galeano dans son livre Le football : ombre et lumière (1997). Il est finalement devenu journaliste d’abord, puis écrivain. Et plusieurs de ses œuvres ont été dédiées à l’univers du sport. “Il a parlé du football avant que d’autres intellectuels ne le fassent, et il l’a transformé en sujet politique”, rapporte le journal espagnol El Mundo.

Fervent supporter de l’Uruguay, son pays, en particulier lors de ses participations à la Coupe du monde, “il plaçait sur la porte de sa maison une affiche où l’on pouvait lire ‘Fermé pour cause de foot’”, rappelle le quotidien argentin La Nación.

Un modèle littéraire et politique

Son œuvre la plus connue, Les veines ouvertes de l’Amérique latine, publiée en 1971, “admirée, controversée, attaquée et traduite dans plus de 20 langues, a eu une grande influence sur de vastes secteurs sociaux du continent [notamment la génération des altermondialistes]”, explique le journal uruguayen El País. Un livre qui a divisé les opinions, mais qui a reçu le soutien d’un public toujours fidèle, ajoute le quotidien. “Galeano occupe une place paradoxale. C’est l’un des écrivains les plus reconnus et les plus lus du XXesiècle, et c’est aussi le moins apprécié par ses collègues et pour la critique”, lit-on dans le journal.

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Le quotidien uruguayen El Observador rappelle qu’en 2014 Galeano avait surpris tout le monde en affirmant qu’il ne lirait pas à nouveau cette œuvre. “Cette prose de la gauche traditionnelle est très lourde. Mon physique ne le supporterait pas”, avait-il expliqué pendant une conférence au Brésil. 
Référence de la littérature locale”, d’après El Observador, Galeano a commencé comme journaliste à 14 ans. Exilé lors de la dictature en Uruguay (1973-1985), d’abord en Argentine, puis en Espagne, le romancier est devenu, par sa pensée humaniste et sa plume soignée, un modèle littéraire et politique pour d’autres auteurs. “Des messages de partout se réclament de lui, et demandent plus de Galeano pour ce monde” écrit El Mundo. Pour le journal espagnol El País, l’écrivain “restera dans l’histoire de la littérature”.