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dimanche 15 mars 2015

AU CHILI, LA PRÉSIDENTE CRÉE UN COMITÉ ANTICORRUPTION

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METTRE LA POLITIQUE AVANT LA FAMILLE.
ILLUSTRATION LO COLE
Penta était né dans la foulée des privatisations d’entreprises publiques sous la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). Le groupe est accusé de fraude fiscale et de financement de campagnes électorales avec des fausses factures pour 4 millions de dollars. Une centaine de personnes sont impliquées, dont des chefs d’entreprise et des figures du parti Union démocrate indépendante (UDI, droite).

Le 7 mars, le juge Juan Manuel Escobar a placé en prison préventive, pour au moins une semaine, cinq responsables de Penta, dont les deux fondateurs et propriétaires du groupe, Carlos Delano et Carlos Lavin, ainsi que Pablo Wagner, ancien sous-secrétaire au ministère des mines du président Sebastian Piñera (2010-2013). Ils se disent tous innocents. Le président de l’UDI, député Ernesto Silva, et le sénateur Ivan Moreira ont néanmoins démissionné, mercredi 11 mars. « Nous regrettons ce qui s’est passé et nous présentons nos excuses aux citoyens pour l’attitude individuelle de certains de nos militants », a indiqué un communiqué de l’UDI.

Déballage inédit

Abasourdis, les Chiliens assistent à un déballage inédit avec un défilé de personnalités citées à comparaître devant la justice. « Le Pentagate a surpris les Chiliens et a causé un grand impact, qui aura probablement des répercussions sur notre système politique », estime Roberto Mendez, président de l’institut de sondages Adimark. Comme en Argentine et au Brésil, les Chiliens exigent davantage de transparence.

« Les cas dont nous prenons connaissance depuis un certain temps dans les domaines des affaires ou de la politique, ainsi que dans la relation entre ces deux mondes, ont provoqué une inquiétude fondée et surtout un malaise dans la société », a reconnu la présidente Bachelet. « Comme mère et présidente, ces moments ont été difficiles et douloureux », a-t-elle admis. Pendant la campagne électorale de 2013, son fils aîné Sebastian Davalos avait sollicité un crédit de 10 millions de dollars pour une entreprise dont son épouse détient 50 % des actions et dont il est le gérant chargé des projets. Cette somme lui a été accordée par la Banque du Chili au lendemain de l’élection de sa mère à la présidence de la République.

Le nouveau conseil anticorruption sera composé de 16 experts, juristes, économistes ou politologues, de différentes tendances politiques. Il devra présenter à la présidente, dont la popularité a subi une forte chute, un plan pour séparer les affaires et la politique, dans un délai de 45 jours.