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mercredi 6 août 2014

BÉBÉS VOLÉS EN ARGENTINE: LE PETIT-FILS D’ESTELA DE CARLOTTO RETROUVÉ

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LAURA CARLOTTO, NÉE EN 1955, A ÉTÉ ARRÊTÉE LE 26 NOVEMBRE 1977 À BUENOS AIRES ALORS QU'ELLE ÉTAIT ENCEINTE DE DEUX MOIS ET DEMI. ELLE ÉTAIT MEMBRE, COMME SON COMPAGNON, DE L'ORGANISATION PÉRONISTE MONTONEROS.

Fondatrice et présidente de l’association des Grands-mères de la Place Mai, Estela de Carlotto avait annoncé ces dernières années l’identification de dizaines de leurs petits-enfants, ces bébés nés de mères détenues clandestinement puis assassinées sous la dictature, que les militaires se sont ensuite appropriés.

Elle l’a toujours fait avec joie. Mais ce mardi, Estela, rajeunie de dix ans, rayonnait de bonheur pour annoncer que l’on avait retrouvé Guido né de sa fille Laura. Son quatorzième petit-fils, celui qui manquait, qu’elle ne connaît pas encore mais qu’elle aime déjà. « Il est beau. C’est un artiste. C’est un bon garçon. Et il m’a cherchée », a-t-elle déclaré.

Un long processus de vérification

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IGNACE HURBAN, HIER. GUIDO MONTOYA CARLOTTO, AUJOURD'HUI. 

Guido Montoya Carlotto s’est présenté spontanément, il y a deux mois, au siège de l’association, parce qu’il avait des doutes sur sa véritable identité. Ce mardi 5 août, au terme d’un processus d’identification très strict, qui inclut évidemment des analyses d’ADN, il a été confirmé qu’il était bien le fils de Laura.

Guido est le 114ème petit-fils récupéré, sur un total estimé à 500. La médiatisation de son cas redonne espoir aux grands-mères encore en vie.

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WALMIR OSCAR  « PUÑO » MONTOYA  PÈRE DU FILS DE LAURA CARLOTTO, MILITANT DE MONTONEROS, COMME ELLE, DISPARU EN NOVEMBRE 1977.
Un « lavage de cerveau » qui freine l'identification

Ces enfants enlevés lors de la candidature « ont été élevés dans une espèce de politique de lavage de cerveaux, dans laquelle les parents, tout ceux qui étaient des résistants à la dictature à l’époque, étaient assimilés à des terroristes sanguinaires », explique Me Sophie Thonon, avocate française décorée de l'Ordre de Mai en décembre dernier pour avoir défendu les familles de disparus français en Argentine pendant la dictature explique pourquoi ces enfants enlevés arrivent à retrouver leurs parents biologiques. Un lavage de cerveau qui instille « le doute de, peut-être, appartenir à ce genre de famille » et par là même « les empêche de procéder à une identification.»


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« Il est certain que, plus le temps passe, et plus c’est difficile, mais on continuera à retrouver des enfants, ça ne fait pas l’ombre d’un doute », insiste l’avocate française. Mais elle pointe aussi l’âge de plus en plus avancé des Grand-mères de la Place de Mai. « C’est elles qui étaient le fer de lance des recherches. C’est certain que la disparition des Grand-mères va modifier ce type de recherches. »