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jeudi 6 février 2014

A BORDEAUX, POUR CÉLÉBRER LA PREMIÈRE ABOLITION DE L'ESCLAVAGE

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DÉCRET N.° 2262 DE LA CONVENTION
NATIONALE, QUI ABOLIT L'ESCLAVAGE
Un acte politique fort, aussi, dans cette ville qui peine à regarder avec lucidité son passé de port négrier, important noeud du commerce triangulaire qui a façonné le monde atlantique et bouleversé le cours de l'histoire européenne. Prenant la parole, le président de la Fondation du Mémorial, Karfa Diallo, a rappelé que « La France et l'Europe se sont acclimatées à l'inhumanité de l'esclavage, pendant quatre siècles ». Puis il a rendu hommage aux hommes de l'an II, « à ceux, esclaves et abolitionnistes, qui s'élevèrent contre l'infâme commerce ». Après que les participants eurent jeté des fleurs là même d'où parti la première expédition négrière répertoriée, en 1672, l'assistance s'est retrouvée au Centre des congrès, pour une soirée consacrée à ce 16 pluviose qui fut sans aucun doute un moment clé de la Révolution française.

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JEAN-BAPTISTE BELLEY, DÉPUTÉ DE
SAINT DOMINIQUE À LA CONVENTION. 
La projection de « La liberté générale », second volet d'une trilogie documentaire écrite par l'historien Marcel Dorigny et réalisée par Didier Rotten, a ouvert les débats. Ce film retrace la parenthèse qui sépare cette première abolition du rétablissement de l'esclavage par Napoléon, en 1802. Autour de la table ronde qui a suivi, Karfa Diallo, Marcel Dorigny, Daniel Voguet, président de l'association
« LA LIBERTÉ GÉNÉRALE, CHRONIQUES
DE LA PREMIÈRE ABOLITION DE
L'ESCLAVAGE 1794-1802 », DIDIER ROTEN,
MARCEL DORIGNY, BERNARD GAINOT
EUROPE FRANCE  
 des descendants d'esclaves noirs et leurs amis (ADEN) et Lydia Samarbaksh, responsable des relations internationales du PCF, ont insisté sur la nécessité de perpétuer la mémoire de cette première abolition. « Malgré les intérêts puissants et le lobby des colons qui s'y sont opposés, travaillant en coulisses à le défaire, le décret de Pluviose constitue une rupture. Cette abolition ne prévoyait pas d'indemnisation des colons », a rappelé l'historien. L'avocat Daniel Voguet est longuement revenu, de son côté, sur « le bouleversement du monde induit par la colonisation des Amériques, l'extermination des Indiens et la déportation d'esclaves noirs ». La traite esclavagiste a « façonné un nouveau système économique » et servi de matrice à « l'idéologie raciste ravalant des êtres humains au rang de biens meubles », a-t-il exposé.

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« MOI LIBRE AUSSI. »1794,  PAR LOUIS DARCIS
Tirant l'alarme sur la mise en cause des principes républicains dont la France est aujourd'hui le théâtre, Lydia Samarbaksh a revendiqué, pour aujourd'hui,  l'héritage révolutionnaire et rébublicain des hommes de l'an II. « La droite la plus haineuse a repris la rue, avec des mots d'ordre racistes. Cette déferlante tétanise le reste du pays. Ils sont minoritaires mais dominent idéologiquement en raison du brouillage des repères » entretenu par l'équipe au pouvoir, a-t-elle exposé, avant d'aborder la question de la « dette politique et économique » contractée par la France auprès de ses ex-colonies. Tout au long du débat, c'est bien la question de la lutte contre le racisme qui a affleuré. « Le racisme va puiser loin dans l'histoire sombre de notre pays, avec sa politique coloniale, ses racines, pour grandir sur le terreau de la misère, de la peur du lendemain », avait résumé, en préambule, le secrétaire fédéral du PCF, Sébastien Laborde. D'où l'importance de cette commémoration qui « adresse un message aux vivants ».