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samedi 26 janvier 2013

L’AMÉRIQUE LATINE AU CHEVET DE L’EUROPE ?



LE MILLIARDAIRE CONSERVATEUR SEBASTIÁN PIÑERA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI  REÇOIT LES 61 DÉLÉGATIONS PARTICIPANTES AU SOMMET CELAC-UE


Les enjeux économiques

Au niveau économique, l’Union européenne est le principal investisseur en Amérique latine et le second partenaire commercial, derrière les Etats-Unis.  Si l’on s’en tient aux indicateurs macro-économiques, l’Amérique latine se porte mieux que  son homologue européen. Selon la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL), depuis 2003, la croissance latino-américaine est supérieure à celle de l’Union européenne.  Dans les prochaines années il est prévu un taux de croissances de 4,1% pour l’Amérique latine contre 1,8% pour l’Europe. Ces dernières années le Pérou, le Chili ou la Colombie ont affiché une croissance de plus de 5%, tandis que celle du Brésil et de l’Argentine s’est située en 2010 au delà de 7 %. Bref, un continent attractif pour des entreprises européennes en mal de débouchés en cette période de crise.
ANGELA DOROTHEA MERKEL  CHANCELIÈRE DE LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE


Les enjeux politiques

Sébastien Dubé, professeur de relations internationales à l’Université Diego Portales (Santiago) reste néanmoins sceptique quant à l’issue politique d’une telle rencontre « Le Sommet CELAC-Union Européenne se déroule à un moment où les relations entre les deux régions sont plutôt secondaires. D’une part, l’agenda européen est monopolisé par des problèmes internes qui découlent des difficultés économiques de plusieurs États et des embuches institutionnelles pour y faire face. D’autre part, sur la scène internationale, l’Amérique latine n’est plus prioritaire comme à l’époque des transitions démocratiques ou des privatisations des entreprises publiques. »

Par ailleurs, « pour les Latino-Américains, l’Europe en difficulté perd de son attrait par rapport à une région asiatique constamment en croissance et moins protectionniste aux exportations de la région » ajoute Dubé.


DILMA VANA ROUSSEFF PRÉSIDENTE DE LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE DU BRÉSIL

L’Amérique latine grâce ses bons indicateurs économiques et à sa stabilité politique, aspire à un nouveau positionnement sur la scène internationale. Et Sébastien Dubé de pointer deux récentes crises politiques  symbolisant la volonté de l’Amérique latine de se faire à nouveau entendre. « Premièrement, les conflits entre l’Argentine et l’Europe sur les questions de la souveraineté des Malouines puis la nationalisation de l’entreprise pétrolière espagnole YPF ont démontré qu’aujourd’hui, peu de gouvernements latino-américains sont prêts à condamner une politique d’un État de la région portant atteinte aux intérêts d’un partenaire commercial européen même important. Cette situation aurait été plus qu’improbable il y a seulement une dizaine d’années. »

RAÚL CASTRO FUT ACCUEILLI AVEC LES HONNEURS DUS À SON RANG À L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE SANTIAGO DU CHILI. PHOTO REUTERS
L’éternelle question cubaine

Se pose également de manière constante la question des relations entre l’UE et Cuba. En tant que membre de la troïka avec le Chili et le Venezuela, La Havane présidera le sommet. Elle assumera ensuite seule la direction de la CELAC pour un an avant de céder son mandat au Costa Rica.

« Les temps ont changé, L’Europe doit comprendre que ses relations avec l’Amérique latine doivent avancer sur la base de l’égalité, le respect et les intérêts mutuels » a reconnu le ministre des affaires étrangères cubain, Abelardo Moreno dans une interview au journal officiel Granma. Une position rejoignant celle de l’Union européenne. Celle-ci souhaite en effet normaliser peu à peu ses relations avec l’île caribéenne et réfléchit d’ailleurs à la signature d’un accord bilatéral.

La venue de Raul Castro à Santiago a néanmoins généré de fortes tensions politiques. Le parti de droite UDI (Union démocratique indépendante), membre du gouvernement de Sébastian Piñera a souhaité dans un premier temps que la justice interroge le président cubain pour avoir accordé asile et protection aux auteurs supposés de l’assassinat du sénateur Jaime Guzman en 1991. La requête de la UDI n’ayant pas abouti, il semblerait finalement que cette question soit abordée lors d’un entretien bilatéral avec le ministre des affaires étrangères chilien.