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mercredi 28 novembre 2012

ÁNGEL PARRA, POUR L'AMOUR DE «VIOLETA»


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ÁNGEL PARRA : « IL NE FALLAIT PAS TRANSFORMER MA MÈRE (INCARNÉE À L'ÉCRAN PAR FRANCISCA GAVILAN NDLR) EN ICÔNE RÉVOLUTIONNAIRE REVÊTUE D’UN DRAPEAU ROUGE NI, SURTOUT, LA RENDRE TROP AIMABLE OU EXEMPLAIRE. » PHOTO MARGO CINEMA

C’est à la fois pour raviver son héritage, actualiser la portée de ses œuvres, et cautériser le regret de ne pas l’avoir mieux connue qu’il s’est attelé, en 2004, à une ample biographie que les Chiliens se sont arrachée au fil de ses sept tirages successifs : « Elle adorait trop les millions de personnes qui constituaient son peuple pour pouvoir aimer correctement des individus en particulier, y compris ses propres enfants, explique-t-il avec émotion. Avec ce livre, j’ai voulu lui adresser une sorte de lettre pour lui dire combien elle me manque, à quel point je l’ai aimée, et aussi que je ne lui en veux pas. »


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ÁNGEL PARRA. PHOTO LASTFM
Approché par le cinéaste Andrés Wood, le réalisateur de « Mon ami Machuca », pour en faire un film, Angel Parra s’est d’abord attelé à contourner les pièges dans lesquels le projet risquait de tomber : « Il ne fallait pas transformer ma mère en icône révolutionnaire revêtue d’un drapeau rouge ni, surtout, la rendre trop aimable ou exemplaire. C’était certes une femme passionnée, mais aussi très dure, intransigeante, obstinée. » Et lorsqu’est arrivé le moment de choisir l’actrice chargée de l’incarner, une poignée de secondes a suffi : « Andrés Wood avait sélectionné cinq actrices, auxquelles il avait demandé d’interpréter une chanson à la guitare, raconte-t-il. Dès les premières notes, l’audition de Francisca Gavilán m’a fait fondre en larmes. » Devenu le coach personnel de la comédienne, très présent sur le tournage, Angel Parra a ainsi veillé à ce que le film – grand prix du jury du festival de Sundance, fiction étrangère, en janvier dernier – ne trahisse à aucun moment cette « héroïne » qui avait si peu conscience de l’être. Et quand on lui fait remarquer que, pour qualifier l’aura de Violeta, la fréquente comparaison avec Édith Piaf ou Bob Dylan ne nous semble pas très appropriée, il saisit la balle au bond : « Ce sont de purs contresens, des formules ventilées en dépit du bon sens, confirme-t-il. S’il fallait lui trouver un alter ego, ce serait plutôt Georges Brassens, aussi bien pour sa poésie “populaire” que pour les racines de son engagement. »

Ángel Parra repères

1943. Naissance à Valparaiso.

1973. Interné comme soutien d’Allende au lendemain de l’instauration de la dictature de Pinochet.

1974. Exil au Mexique, puis en France.

2004. Reçoit avec sa sœur, Isabel Parra, le titre de Figuras fundamentales de la musica chilena. ■