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samedi 14 juillet 2012

LES REBELLES DU FOOT

CARLOS CASZELY EST CONSIDÉRÉ L'UN DES
MEILLEURS JOUEURS CHILIENS, AU MÊME
TITRE QU’ELÍAS FIGUEROA, IVÁN ZAMORANO,
MARCELO SALAS OU LEONEL SÁNCHEZ
Lors du coup d'état du 11 septembre 1973, Caszely ne vit pas au Chili : il joue la «Liga», le championnat espagnol. Il est un opposant à distance mais quand il rentre dans son pays, Carlos Caszely ne se tait pas. Le jour où l'équipe national est reçu par le dictateur, le général Pinochet serre les mains de tous les joueurs, mais Caszely refuse de lui tendre la sienne. Pour le footballeur, qui estime à cet instant avoir « un peuple derrière lui », ce geste est une « obligation ».

« ILS M’ONT FAIT PAYER AVEC CE QUI M’ÉTAIT LE PLUS CHER : EN TORTURANT MA MÈRE. TOUT ÇA PARCE QUE J’AI DIT NON À LA DICTATURE. » CARLOS CASZELY FUT, EN 1973, L’UN DES RARES À S’OPPOSER OUVERTEMENT  À PINOCHET.


Carlos Caszely a payé très cher son engagement, car, ne pouvant s'en prendre à lui, Pinochet s'est attaqué à sa mère, qui a été enlevée et torturée. Des années après, dans un message télévisé de la campagne pour le référendum de 1988, sa mère racontera son calvaire, mais en occultant certains détails « par respect pour ses enfants et sa famille ».


Rappelons que le lieu des exploits sportifs de Carlos Caszely et de son équipe, et ceux de la sélection chilienne de foot, c’est le grand stade national du Chili. Ce stade reste associé dans la mémoire des chiliens aux grands moments de joie sportive mais aussi aux pires souffrances : en 1973, le site est reconverti par les militaires en énorme camp de concentration où des milliers d'opposants sont internés et atrocement torturés.
Une quantité encore indéterminée d’exécutions sommaires clandestines y ont eu lieu et nombre de prisonniers disparaîtront pour toujours.

DANS LA MÉMOIRE DES CHILIENS LE STADE NATIONAL RESTE ASSOCIÉ AUX GRANDES JOIES SPORTIVES MAIS AUSSI AUX PIRES SOUFFRANCES. LA DICTATURE DU GÉNÉRAL PINOCHET Y A OUVERT EN 1973 UN DES PREMIERS CAMPS DE CONCENTRATION, OÙ DES MILLIERS D'OPPOSANTS SONT INTERNÉS ET ATROCEMENT TORTURÉS. NOMBRE D'ENTRE EUX DISPARAÎTRONT. PHOTO ARCHIVES INA.

Deux semaines après la mort de Salvador Allende à La Moneda, le stade sera également le théâtre d'une rencontre ubuesque. L'URSS, qui devait jouer un match contre le Chili à Santiago pour les éliminatoires de la Coupe du monde, décide de le boycotter, mais la Fédération internationale de Football (FIFA) maintient la rencontre. La sélection chilienne est donc seule sur le terrain et marque contre l'Union soviétique son but qualificatif .
Dans un pays tétanisé par la terreur, la dictature a mis en scène ce match comme sa victoire symbolique sur « les communistes ». Caszely raconte qu'après ce but, les joueurs sont allés saluer la seule tribune vide du stade. Celle des « disparus de la dictature ».
LES REBELLES DU FOOT, film de Gilles Perez et Gilles Rof, à voir sur Arte, dimanche 15 juillet 2012, à 20:30