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mercredi 20 juin 2012

LE SOLDAT QU’IL N’ÉTAIT PAS : JE ME SOUVIENS

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LE RÉALISATEUR INDÉPENDANT DU FILM « LE SOLDAT QU'IL N'ÉTAIT PAS » , LEOPOLDO GUTIERREZ S’INTÉRESSE PRINCIPALEMENT AU CINÉMA DOCUMENTAIRE, POUR LEQUEL IL ŒUVRE AUSSI EN PRODUCTION ET POSTPRODUCTION. IL A COLLABORÉ À DIVERS FILMS TOURNÉS DANS PLUSIEURS PAYS DU MONDE. SON DOCUMENTAIRE BLUE JAY : NOTES FROM EXILE A ÉTÉ PRÉSENTÉ AU FESTIVAL HOT DOCS EN 2002.

Est-ce que ç’a été difficile de convaincre les gens de parler? Ça semble au contraire les soulager…

Établir la confiance, ce n’est pas évident. Il a fallu parler, passer du temps ensemble, échanger des histoires… Souvent, ils voulaient que j’aille chez eux, que je rencontre leurs femmes, leurs enfants, leur monde, quoi. Et puis, ensuite, on pouvait tourner.


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« DES SOLDATS NUS ». « J’AI DÛ PARTICIPER À LA DESTRUCTION DU GOUVERNEMENT ALLENDE». EN 1973, LEOPOLDO GUTIERREZ FAISAIT SON SERVICE MILITAIRE OBLIGATOIRE LORSQUE LE COUP D’ÉTAT A ÉTÉ DÉCLENCHÉ.  DURANT CES JOURS PÉNIBLES, IL S’ÉTAIT JURÉ, S’IL S’EN SORTAIT ET RÉUSSISSAIT À DEVENIR UN JOUR CINÉASTE, DE TÉMOIGNER DE LA RÉALITÉ DE CES CONSCRITS ET DU SYSTÈME MILITAIRE QUI PRENAIENT LE CONTRÔLE DU PAYS. PRESQUE 40 ANS PLUS TARD, LE SOLDAT QU’IL N’ÉTAIT PAS NOUS RAMÈNE AU CŒUR DES ÉVÉNEMENTS QUI ONT SI DUREMENT MARQUÉ LE CHILI.

Avez-vous appris des choses que vous ignoriez en tournant ce film?

Ce qui m’a le plus ému, c’est de découvrir qu’il y a eu des soldats qui ont désobéi. J’ai trouvé ça assez courageux, et ça m’a confronté avec moi-même. Pourquoi moi, je n’ai pas désobéi? Parce que je voulais survivre. Mais ça prouve bien d’autres choses, comme le fait qu’il y a des gens qui ont une éthique à toute épreuve. On ne peut pas juger ceux qui n’ont pas désobéi; à 18 ans, on est des enfants. Ça montre la perversité de l’armée. Le service militaire, je crois que c’est une façon d’enlever la liberté aux citoyens sans qu’ils s’en rendent compte. Au fur et à mesure que les années passent, on réalise ce qu’on a fait – j’ai contribué à réprimer mon propre peuple et à détruire la démocratie… – et c’est très difficile à avaler. Mais on ne le voyait pas parce qu’on n’avait pas de leader éclairé pour nous le faire comprendre.


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UNE IMAGE DE SOLDATS CONSCRITS TIRÉE DU FILM  « LE SOLDAT QU'IL N'ÉTAIT PAS »

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de ce film?

Un certain inconfort. Ce n’est pas pour être méchant, mais pour s’éloigner du sentiment très mortel que peut donner un film avec un happy end à la Hollywood. Je veux que les gens sortent avec un questionnement et se demandent s’il y a un moyen de contrôler les armées, parce qu’il y a des atrocités qui sortent, dans toutes les armées du monde. Il y a des attentats à la dignité humaine et à la volonté citoyenne. Je sais que le film est dérangeant, parce que bon, il faut bien que quelque part, quelqu’un soit capable de se mettre dans la peau de ces gens.


Le soldat qu’il n’était pas
À la Cinémathèque québécoise
SALLE CLAUDE-JUTRA
Mercredi à 20 h 30