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lundi 23 janvier 2012

COUP DE SOLEIL ALARMANT AU CHILI, OÙ LES SOLMAPHORES CLIGNOTENT

EXPOSÉ À UN SOLEIL INTENSE, UN CHILIEN A DÉJÀ REÇU À 18 ANS LA DOSE DE RAYONS UV D'UN SEXAGÉNAIRE AILLEURS. MARTIN BERNETTI / AFP
Nous avons établi fin septembre (début du printemps austral) que le rayonnement ultraviolet était plus élevé que les années antérieures, explique à l'AFP Ernesto Gramsch, physicien de l'Université du Chili, chargé du Réseau national de mesure ultraviolet.

Normalement, les radiations commencent à s'élever en décembre et atteignent un pic en janvier, mois le plus chaud de l'année.

Cette année, les radiations, de 10% plus intenses qu'en 2008, dernière année forte, ont commencé plus tôt, en raison d'une vulnérabilité accrue de la couche d'ozone protégeant l'atmosphère.

Nous pensons qu'une baisse proche de 1% de la densité de l'ozone est ce qui a fait augmenter les indices, analyse M. Gramsch.

En raison de sa situation géographique, d'une faiblesse locale de la couche d'ozone et d'un climat désertique au nord, le Chili est particulièrement vulnérable. Et les rayonnements UV, responsables de cancers de la peau, y sont presque une cause nationale.

Nous nous appuyons sur des études qui démontrent qu'un jeune à 18 ans a reçu la quantité de radiation qu'il devrait avoir accumulé à 60 ans, affirme Cecilia Orlandi, dermatologue à la Corporation nationale du cancer (Conac).

CAUSE NATIONALE

Avec les indices actuels, un exposition de quinze minutes, particulièrement dans la tranche 11H00 - 16H00, suffit à endommager la peau, selon la Conac.

Plus de 200 Chiliens décèdent chaque année d'un cancer de la peau, un chiffre qui a augmenté de 106% sur la décennie écoulée, selon la Conac.

Pour ces raisons, le Chili est en pointe de la prévention solaire, avec une législation stricte, qui oblige les entreprises à informer chaque jour leurs employés en extérieur de l'indice de radiation prévu et à fournir crèmes solaires, chapeaux, lunettes voire gants de protection.

Le Chili innove aussi avec ses solmaphores, dérivé de l'espagnol semaforo (feu de signalisation): un drôle d'appareil, conçu par M. Gramsch dans son atelier de l'Université du Chili, aux faux airs de feu de circulation, mais pentacolore au lieu de tricolore.

Un capteur reçoit les radiations, un circuit électronique amplifie le signal, le répartit et allume l'ampoule qui correspond au degré de risque, explique-t-il. Vert pour bas, jaune pour moyen, orange pour élevé, rouge pour dangereux et violet pour extrême.

Sur les places publiques du Chili, dans le nord surtout, au bord des piscines, dans des stations balnéaires, sur des sites miniers, on trouve ces grosses boîtes à loupiottes. M. Gramsch dit en avoir distribué 200 exemplaires, et en avoir également exporté en Espagne, au Pérou, en Colombie ou au Mexique notamment.

Mais rien ne remplace la prise de conscience, que favorisent en été les températures élevées, qui font penser à se protéger, alors que les gens ignorent que la peau reçoit des rayonnement ultraviolet toute l'année, des doses qui s'accumulent, souligne le physicien.

L'important est d'arriver à en finir, dans la tête des travailleurs, avec le paradigme de la crème solaire réservé aux femmes ou à la plage, explique sur le chantier de Santiago Jonathan Fernandez, un expert de sécurité au travail.