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lundi 29 novembre 2010

Chili : Les femmes indigènes se sentent discriminées

Selon la psychologue de la corporation, Victoria Hurtado, qui a participé à l’élaboration de cette enquête, les femmes indigènes chiliennes se trouvent victimes de discrimination à trois niveaux, en raison tout d’abord de leur statut de femme, mais aussi pour leur appartenance raciale et enfin leur niveau social, elles sont davantage touchées par la pauvreté, le manque d’opportunité et l’absence de reconnaissance.
Selon la dernière enquête de classification socio-économique (Casen), élaborée par le gouvernement, le risque d’être pauvre augmente de 2,6 % lorsque la personne est indigène, un collectif qui représente 7 % de la population totale, selon cette même source.
« Dans ce pays, les peuples natifs sont marginalisés, peut-être parce qu’au Chili les indigènes sont mois nombreux que dans d’autres pays d’Amérique Latine, cependant cela ne change rien au fait que qu’ils ont des droits et des aspirations », a précisé la psychologue.
Pour Hurtado, la discrimination est aussi une conséquence de cette « méconnaissance » des peuples natifs, comme le prouve le fait que les chiliennes interrogées définissent les femmes indigènes à partir de caractéristiques physiques et vestimentaires.
La discrimination est particulièrement visible dans la sphère publique, en particulier dans la sphère politique, où les indigènes se sentent discriminées à 99 %, et dans le domaine du travail où 98 % des natifs se considèrent comme exclus.
« Dans le domaine public, la discrimination liée au sexe et à l’ethnie apparaît avec force, l’éducation et le manque d’opportunités sont au centre de la discussion » a précisé pour sa part la présidente du centre d’Études, Carolina Carrera.
De plus, les femmes indigènes se sentent moins représentées que les chiliennes non indigènes dans les institutions publiques comme les Carabiniers (Carabineros) ou des forces armées (las Fuerzas Armadas), et plus particulièrement dans le secteur de la Justice, en effet 62 % des natives pensent avoir un accès limité à ce secteur de la société par rapport aux femmes non indigènes.
D’une façon générale, 85 % des femmes interrogées pensent évoluer dans un pays sexiste et 61 % d’entre elles considèrent que les opportunités ne sont pas identiques entre les hommes et les femmes.
64 % des femmes indigènes et 54 % des non indigènes affirment que les hommes ont plus d’opportunités que les femmes, plus particulièrement dans le domaine de l’emploi (salaires supérieurs, niveau de responsabilité…)
« Le Chili n’est pas parvenu à dépasser ses inégalités fondamentales pour avancer comme un pays développé et moderne », a signalé Hurtado, qui regrette que les avancées acquises au Chili ne s’accompagnent d’une réduction de certaines inégalités.
Selon Hurtado, les avancées doivent être suivies d’une amélioration de la qualité de vie et du respect des droits humains afin de parvenir « à éliminer des inégalités notables ».
« Un pays progresse lorsque sa population avance et jouit pleinement de ses droits », a-t-elle conclu. Cette enquête a été réalisée entre le 12 août et le 22 septembre, la marge d’erreur est de 3,2 %.
Plus d’une centaine de femmes indigènes, à la tête de mouvements de défense des communautés natives, se sont par ailleurs, réunies à Lima, au Pérou, le 27 novembre pour protéger les intérêts de leurs communautés. Des Mapuches chiliens, des shipibas de la forêt péruvienne, des wayuus du Venezuela, des afro-americains du Panamá, des mayas guatemaltèques, des huancas, et des « quechuahablantes » (natifs qui parlent quechua), plus de cent femmes ont ainsi montré leur parfaite connaissance de l’héritage indigène et ont discuté avec énergie des droits inhérents à leurs communautés.
Ces femmes provenaient de divers points de l’Amérique du sud, Pérou, Bolivie, Équateur, Chili, Guatemala, Mexico, Colombie, Panama, Argentine mais aussi du Canada et des États-Unis, orgueilleuses de leurs origines et préoccupées par les conditions de vie de leurs semblables.
Toutes étaient venues assister à la Réunion Préparatoire de la VI Rencontre Continentale des femmes indigènes des Amériques, organisée par l’Alliance Continentale des femmes indigènes de la Région sud-américaine et de Chirapaq, Centre de Cultures Indigènes du Pérou, « El Enlace Continental de Mujeres Indígenas Región Sudamérica y Chirapaq, Centro de Culturas Indígenas del Perú ».

jeudi 25 novembre 2010

DAKAR 2011 : VERSION CRESCENDO

Cette année, le tracé conduit les concurrents à l’extrême nord de l’Argentine et du Chili, aux frontières de la Bolivie puis du Pérou, jusqu’à une journée de repos à Arica, avant d’entamer le chemin du retour vers Buenos Aires. Sur ces 9000 km de routes, de pistes et de dunes, dont 5000 km environ de course proprement dite, la construction du parcours a été dictée par une volonté de placer les étapes les plus sélectives sur la deuxième partie, de façon à maintenir au maximum le suspense et d’installer un crescendo dans la difficulté. C’est bien dans un défi d’endurance extrême que se lancent les pilotes et équipages du Dakar.
Les adeptes et curieux du rallye raid ont répondu présent au rendez-vous de l’aventure, puisque 430 véhicules représentant 51 nationalités sont attendus au départ de la 32ème édition, soit une augmentation de près de 20 % par rapport à 2010. Au-delà des chiffres bruts, un autre pari est déjà remporté sur le plan sportif avec la concrétisation d’un projet qui densifie la compétition : dans la catégorie moto, les pilotes d’élite sont maintenant tous engagés en moins de 450cc. Cette réforme d’ampleur a conquis les constructeurs, qui se lancent en nombre à l’assaut du titre suprême. Toujours sur KTM, Cyril Despres et Marc Coma, vainqueurs des cinq dernières éditions, rivaliseront maintenant à cylindrée égale avec Aprilia (Lopez, Duclos…), BMW (Frétigné, Verhoeven…), Yamaha (Viladoms, Rodrigues…), Sherco (Casteu), Honda (Bethys, Pisano…) ou encore Beta (Boano). En auto, les promesses du Team BMW X-Raid, qui aligne notamment Stéphane Peterhansel et Guerlain Chicherit, sont de plus en plus crédibles pour contrer les plans de Volkswagen. Carlos Sainz, tenant du titre, a d’ailleurs conscience que la concurrence ne se limite pas à une lutte interne déjà féroce avec Al Attiyah, De Villiers et Miller. Dans la catégorie camion, le rôle de favori est occupé par Vladimir Chagin et ses coéquipiers chez Kamaz, mais pour son retour à la compétition, Gerard De Rooy (Iveco) se montre tout aussi ambitieux qu’Ales Loprais (Tatra).
Avant de se retrouver en confrontation directe sur la piste, les véhicules des concurrents européens ont une première convocation à honorer, sur le port du Havre les 24 et 25 novembre. C’est là qu’ils embarqueront pour une traversée de l’Atlantique jusqu’à Buenos Aires. Les vérifications techniques et administratives se dérouleront ensuite les 30 et 31 décembre.

Edison Pena, le mineur chilien qui courait pour vivre

Son entrainement, Edison l’a fait à plus de 700 mètres sous terre. L'homme, qui avait été ramené à la surface le 13 octobre, avait couru dix km par jour dans les galeries à la chaleur accablante et humide de la mine pendant sa captivité pour se maintenir en forme et chasser son angoisse. «Lorsque je courais, je le faisais pour survivre», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse à New York. «Je courais pour montrer que je ne me contentais pas d'attendre (...) Je voulais aussi que Dieu voit que je voulais vraiment survivre».
Alors que le miracle des 33 mineurs chiliens parcourait le monde, l’histoire d’Edison, elle, est arrivée aux oreilles des «New York Road Runners». Le club de coureurs a ainsi fait du mineur son invité d'honneur pour assister au mythique marathon de la Grosse Pomme. L'attention est sympathique mais Edison ne veut pas être qu'un simple spectateur. Le Chilien veut prendre part à la course. Il fait alors le pari de courir les 42 km du marathon en six heures - le vainqueur de l'an passé, Meb Keflezighi, avait signe un chrono de 2h9m15s.
Edison a donc entamé son premier voyage hors des frontières du Chili. Accueilli comme une star aux Etats-Unis, il a fait mourir de rire l’Amérique en chantant les morceaux de son idole, Elvis, dans le show de David Letterman. Il a surtout fait par de sa volonté de fer, cette même volonté qui lui a permis de survire au fond de son enfer. «Je me suis blessé au genou au fond de la mine mais je suis impatient de franchir la ligne d'arrivée», a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse. «Je veux d'abord courir ce marathon, mais je veux aussi encourager ceux qui ne courent pas à le faire. Je veux particulièrement encourager les jeunes à courir, parce que cela te rend libre.»
Edison sur scène
Trois semaines après avoir été libéré de la mine où il a passé plus de deux mois avec ses 32 compagnons d'infortune, le Chilien, âgé de 34 ans, s'est donc retrouvé sur la ligne de départ aux côtés des 43000 autres compétiteurs. Cinq heures, 40 minutes et 51 secondes plus tard, Edison a franchi la ligne d’arrivée, relevant son propre défi. Entre temps, encouragé au long du parcours par la foule, il aura couru, puis marché et enfin boité pour finir, coûte que coûte, l’épreuve. Le visage hâve, le genou enflé, enveloppé d’une poche de glace, il est arrivée au son de la musique d’Elvis diffusée en son hommage.
Edison est en quelque sorte devenu la star des «33». Son courage, bien sur, mais son humour et sa bonhommie en ont fait un personnage apprécié des talk-shows et du public. Fort de son imitation du King, il est récemment monté sur scène avec la chanteuse Olivia Newton-John, qui avait rencontré dans une émission de la télévision chilienne. Sur scène, Edison a été ovationné par une dizaine de milliers de personnes. Une expérience qu’il a qualifié «d'incroyable
».

mercredi 24 novembre 2010

BIELSA POURRAIT REVENIR

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Bielsa durant le mach Chili - Suisse lors du Mondial de l'Afrique du Sud. Photo AFP
« Celui qui ne respecte pas les processus démocratiques est un fasciste, le coeur du football sont les gens et Segovia dit qu'ils ne votent pas ». El Pais Marcelo Bielsa dans une polémique avec l’homme d’affaires espagnol Jorge Segovia.

Alors qu'il était adulé au pays après avoir mené la sélection au Mondial 2010, l'atypique entraîneur argentin avait annoncé son départ après la victoire contre l'Uruguay mercredi dernier (2-0). La raison de ce départ: Bielsa refusait de travailler avec Jorge Segovia, un homme d'affaires espagnol, élu fraîchement à la présidence de la fédération chilienne.

Or, cette dernière vient d'invalider l'élection puisque Segovia dirige plusieurs entreprises qui sont sous contrat avec la Fédération, une situation contraire aux statuts. Une nouvelle qui pourrait ravir les supporters qui refusaient le départ de leur sélectionneur et portaient un tee-shirt noir pour sa dernière apparition sur le banc du Chili.

dimanche 21 novembre 2010

GRÈVE DANS LE CUIVRE CHILIEN

Les cours du cuivre continuent d’évoluer au gré des nouvelles macroéconomiques, entre la crise de la dette souveraine dans la zone euro et les mesures de restriction du crédit bancaire en Chine. Mais la grève qui affecte depuis 15 jours la production de la mine de Collahuasi au Chili pourrait affecter les fondamentaux du métal rouge. Contrôlée par deux géants miniers, Xstrata et Anglo American, sa production annuelle de 500 000 tonnes représente 10% de la production du Chili et 3,3% de l’offre mondiale.

Bien que les dirigeants du site affirme que les travailleurs temporaires embauchés pour remplacer les grévistes, ainsi que les cadres qui ont été mobilisés, assurent la majeure partie de la production habituelle, aucun analyste ne partage ce point de vue. L’absence des 1 851 travailleurs syndiqués ne peut qu’avoir des conséquences importantes et le syndicat des mineurs assure que l’activité actuelle ne dépasse pas 20% de ce qu’elle est habituellement. Si elle se poursuit, cette action – la plus longue dans une mine de cuivre privée chilienne depuis les 26 jours de grève à Escondida en 2006 – ne pourra qu’accroitre les tensions d’un marché qui a vu la cotation de la tonne de cuivre établir un nouveau record le 11 novembre à 8 966 dollars.


Pour affaiblir le mouvement, la direction de la mine a légèrement réévalué son offre de prime à prés de 29 000 dollars contre 28 000 précédemment. Elle propose également une hausse des salaires de 16,4% pour les 40 mois que doit durer le nouveau contrat, une offre qui avait déjà été repoussé par le syndicat. Les managers soulignent qu’une proposition inférieure vient d’être acceptée par les travailleurs de la mine de Los Palambres appartenant à Antofagasta. Cette offre est finale, affirme Collahuasi qui compte profiter de la législation sociale chilienne qui permet aux travailleurs d’abandonner la grève, sans être mis à l’amende par le syndicat, après 15 jours de débrayage. De plus, si plus de 50% des grévistes reprennent le travail, le mouvement doit légalement s’arrêter. Mais la direction du syndicat des mineurs, qui regroupe 11 000 membres, se déclare confiante dans la volonté des travailleurs de poursuivre le mouvement.

Le Viagra naturel mapuche

Les oiseaux font leur nid, les chats crient la nuit. Les femmes sortent leurs tenues légères, les hommes se retournent, lancent des mots gentils, gratuits, sans insistance. Le printemps, c'est la saison où l'on rit de l'amour, où on en parle davantage.
Le Palwén, viagra naturel des Mapuche
Pourtant, le style de vie dans la capitale chilienne a beaucoup évolué : le stress est tel que les couples, même jeunes, oublient de réserver du temps à l'amour. Chose étonnante dans ces contrées ou le contact entre les hommes et les femmes est réputé facile et chaleureux, la consommation de Viagra est en hausse, surtout pour les plus de 30 ans.
Heureusement, le médicament chimique a un concurrent naturel sérieux au Chili : le Palwén. Ce sont les Indiens du sud du pays, les Mapuche, qui le fabriquent. Ils l'utilisaient comme les Mayas en Amérique centrale.
Initialement conditionné par les « machis » (les guérisseurs traditionnels mapuche) à partir de damiana (nom latin : turnera diffusa), le Palwén combat l'impuissance masculine, la frigidité féminine et augmente la libido des deux de manière durable. Et sans effets secondaires ni contre-indications pour les cardiaques, comme le viagra chimique peut en avoir.
Vendu depuis 2004 par la pharmacie de médecine traditionnelle Mapuche, « Makewelawen » (« médicament », en mapuche) de Santiago, le Palwén fait des malheurs. Emma Acevedo, la pharmacienne, raconte :
« Au début, les personnes désireuses d'absorber les 45 gouttes quotidiennes (prises en trois fois) étaient quinqua ou sexagénaire. »
Boom chez les 30-50 ans
Mais très vite, le bouche-à-oreille a marché. Et aujourd'hui, les 30-50 ans représentent environ 50% des clients.
Résultat : une centaine de flacons de Palwén sont vendus tous les jours. Ce sont le plus souvent les femmes qui osent l'acheter. Mais les mœurs changent et depuis quelques années, certains adolescents achètent, pour la Fête des pères, une fiole de Palwén à 3 450 pesos (environ 5 euros).

BIELSA QUITTE LA SÉLECTION DU CHILI

Sous sa direction, le Chili avait réussi à se qualifier pour le Mondial en l'Afrique du Sud, après douze ans d'absence en phase finale de Coupe du monde. À l'issue de cette compétition, Bielsa avait accepté de signer un nouveau contrat mais avait posé comme condition le maintien d'Harold Mayne-Nicholls à la tête de la fédération chilienne de football. Or, ce dernier a été largement battu lors des élections organisées début novembre, provoquant la démission de Bielsa. Il a exercé une dernière fois ses fonctions lors d'un match amical disputé le 17 novembre par le Chili contre l'Uruguay, une rencontre gagnée par les Chiliens (2-0).

vendredi 19 novembre 2010

Les 33 mineurs chiliens à Hollywood

Les mineurs sont arrivés à l'aéroport international de la métropole californienne accompagnés de leurs épouses et de cinq des secouristes ayant participé à l'opération qui avait permis de les sortir de la mine de San José le 12 octobre, après 69 jours passés à plus de 600 mètres sous terre.
"Pour nous tous, c'est une sensation incroyable de se retrouver ici, surtout pour ma femme qui n'avait jamais pris l'avion", a déclaré l'un des mineurs à la chaîne de télévision CNN, sans donner son nom.
Les 33 mineurs et cinq secouristes doivent participer à l'émission "CNN Heroes" qui doit être enregistrée dans le centre de Los Angeles et retransmise jeudi prochain pour la fête de Thanksgiving.
La chaîne entend rendre hommage "à l'effort héroïque qui a permis le sauvetage des mineurs", ainsi que l'a expliqué Jim Walton, président de CNN International.
Le programme des mineurs à Los Angeles n'a pas été rendu public, mais ils devraient sans doute se promener sur le "Boulevard de la gloire" (Walk of fame) d'Hollywood et se rendre aux studios de cinéma de "l'usine à rêves".

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Les 150 ans du royaume d'Araucanie fêtés en Dordogne


Le 20 novembre 1860, Antoine de Tounens un Périgordin natif de Chourgnac d'Ans près de Hautefort, fondait entre le sud du Chili et de l'Argentine le royaume d'Araucanie Patagonie. Il ne devait régner que deux ans sous le titre d'Orélie-Antoine premier, avant d'être arrêté par les autorités chiliennes. Après plusieurs tentatives pour relancer son royaume, il est mort en 1878 en Dordogne. Une histoire extraordinaire qui a déjà fait l'objet de nombreux livres et film qui est toujours incarnée en Périgord par Philippe Boiry.

Carte du « royaume »

Ce lointain cousin de l'aventurier porte aujourd'hui le titre de prince d'Araucanie et perpétue sa mémoire avec ses amis de la maison royale d'Araucanie. Samedi, ils se retrouveront sur la tombe de l'ancien roi à Tourtoirac puis à Périgueux pour poser une plaque sur un immeuble où Antoine de Tounens a travaillé. Aujourd'hui, ils sont aussi devenus des défenseurs de l'autonomie des indiens Mapuches qui constituent la population de l'Araucanie. Un représentant de ce peuple en exil participera d'ailleurs aux cérémonies.

jeudi 18 novembre 2010

Chili : des chômeuses en grève de la faim au fond d'une mine


Se faire remarquer, c’est ce que cherchaient ces femmes. Elles sont un millier à réclamer du travail. Trente-trois d'entre elles se sont enfermées dans la mine El Chiflon del Diablo, une ancienne mine de charbon aujourd’hui ouverte aux touristes. A 900 mètres de profondeur, elles ont commencé une grève de la faim.
Leur porte-parole Ivana Anavalon s'en explique: « C’est un acte de désespoir parce que nous tentons de nous faire entendre depuis le mois d’août organisant des réunions, des manifestations. Nous avons manifesté devant le Congrès, devant le palais présidentiel ».



Et jusqu’ici rien. Il y a encore une dizaine de jours, elles faisaient partie du Corps militaire du travail. Un emploi d’urgence créé suite au tremblement de terre du 27 février pour déblayer les rues, construire des abris d’urgence. Un emploi organisé par l’armée à durée déterminée. Elles sont aujourd’hui sans travail et sans ressources.
« Il n’y a pas d'emploi ici, poursuit Ivana Anavalon. Après le tremblement de terre, beaucoup d’entreprises ont fermé, certaines professions ont disparu, du coup il n’y a pas d’alternative. Nous voulons un travail, mais pas sous les ordres des militaires, nous voulons un travail normal. La majorité d’entre nous n’a pas fait d’études, il est donc encore plus difficile de trouver du travail ».
Le gouvernement du président Sebastian Piñera a prévenu. Il ne créera pas de nouveaux emplois d’urgence.
Claire Martin, correspondante à Santiago

dimanche 14 novembre 2010

Mineurs chiliens: Brad Pitt veut faire le film

"Plan B Entertainment", la maison de production de Brad Pitt a engagé des négociations avec l'avocat pour acquérir les droits de l'histoire de ce sauvetage des mineurs, qui s'est conclu le 13 octobre après 69 jours à plus de 600 mètres sous terre dans les entrailles de la mine de San José, à 800 km au nord de Santiago.

mercredi 10 novembre 2010

ALAIN BADIOU - L'HYPOTHÈSE COMMUNISTE 2



ALAIN BADIOU - L'HYPOTHÈSE COMMUNISTE 1



... (Voir la suite)

ALAIN BADIOU, PHILOSOPHE « DE QUOI SARKOZY EST-IL LE NOM ? »


La question de l'être

La tentation de Potosi



N
ous sommes en Bolivie, à plus de 4000 mètres d'altitude au coeur de la cordillère des Andes.
Au XVIème siècle, les conquistadores espagnols découvrent à Potosi le plus riche gisement d'argent du monde. Cet événement va organiser la conquête et la mise sous tutelle de l'Amérique. De l'Equateur à l'Argentine, des milliers d'Indiens sont envoyés de force travailler dans les mines pour soutenir, au prix de leur vie, l'hégémonie des Habsbourg. Avec ses 140.000 habitants, la ville qui surgit aux pieds de la montagne rivalise alors avec les métropoles européennes.
Aujourd'hui, Potosi est devenue une petite bourgade, capitale du département le plus pauvre et indigène du pays. La région est l'un des bastions du MAS, le parti du président Evo Morales.
Malgré 500 ans d'exploitation ininterrompue, les mineurs sont toujours là. Généralement originaires des campagnes quechuaphones des environs, ils sont venus tenter leur chance à Potosi.
Dans les coopératives minières où ils travaillent à leur compte dans des conditions extrêmement archaïques, la chance possède un nom et un visage : ceux du Tio, la divinité diabolique des galeries, propriétaire du minerai et de la vie des hommes.
La nuit venue, il se présente parfois en personne au travailleur resté seul dans les galeries pour lui proposer de passer un pacte avec lui.
Ce contrat diabolique consiste à s'assurer l'apparition de filons exceptionnels par des offrandes, elles-mêmes exceptionnelles : des sacrifices humains, dit-on, ainsi que l'âme du mineur dont tous les faits et gestes sont désormais dictés par le malin.

AVANT-PREMIERE
LA TENTATION DE POTOSI
MARDI 16 NOVEMBRE A 20H

Date de sortie cinéma : 17 novembre 2010
Film La tentation de Potosi
Réalisé par Philippe Crnogorac
Avec Lionel Puch, Angel Arismendi, Epifania M. de Arismendi
Long-métrage français . Genre : Documentaire
Durée : 01h06min Année de production : 2010
Distributeur : Zorba Production

dimanche 7 novembre 2010

L'étonnante odyssée du mineur chilien Edison Peña au marathon de New-York

Cela ne vous dit rien ? Edison Peña fut l'un des 33 mineurs bloqués à plus de 600 mètres sous terre dans la mine d'or et de cuivre de San José, au nord du Chili, du 5 août au 13 octobre dernier. Cet événement a très largement occupé l'espace médiatique mondial en jouant sur la corde sensible. Puisque ces ouvriers, découverts miraculeusement après 17 jours de recherches, survivaient avec de l'eau et des boîtes de conserves. Des conditions de vie moyenâgeuses.
Ce héros improbable, bien que hautement respectable, occupe donc les médias américains depuis 4 jours, et par extension ceux du monde entier. Son arrivée a été filmée en direct par la télévision et les médias suivent chacun de ses pas avec la même ferveur que ceux de Buzz Aldrin le 21 juillet 1969... Vous savez le premier homme à marcher sur la lune. Oui, on se situe dans cette démesure là et cela prête tout de même franchement à sourire.
Jeudi, notre ami chilien donnait une conférence de presse à Central Park devant des représentants des médias du monde entier. Il a avoué courir pour «motiver les gens». Avant de répondre vendredi à l'invitation du Late Show de Dave Letterman (Voir cette vidéo édifiante
) sur CBS. Comme les chefs d'états ou autres célébrités planétaires. On rêve.
Seul souci, Edison Peña souffre d'une lésion à un genou, souvenir de son séjour prolongé dans la mine, et on ne sait pas s'il pourra accomplir les 42,195 kilomètres. Même s'il dit s'être entraîné quotidiennement à un rythme de 10 à 12 kilomètres par séances à 600 mètres sous terre avec pour seules chaussures ses bottes de mineur en plastique montant jusqu'au genou. Un récit digne des studios d'Hollywood. Mais au fond, qui doit-on blâmer dans cette mise en avant d'Edison Peña à New-York ? Le mineur lui même, un homme de peu simplemenrt désireux de réaliser un rêve de gosse ou les organisateurs du Marathon de New-York qui l'ont invité pour médiatiser leur course ? Et, pour le coup, ils réalisent la un coup de maître. Ou aucun des deux ?
Je l'avoue, j'éprouve beaucoup de difficulté à apprécier ce commerce des bons sentiments dont les médias (BRL TV compris) s'emparent avec une forme d'avidité en abusant du manuel à superlatifs et de la machine à glorifier. Notre société médiatique carbure aux héros ordinaires, aux sous vedettes de la téléréalité et bouleverse nos repères. Cela ne laisse même plus l'espace nécessaire à un Chilien de 34ans de venir courir le marathon en simple anonyme, avant de filer vers Graceland, la demeure musée d'Elvis Presley. Le "King" son idole.

vendredi 5 novembre 2010

Pellegrini rebondit à Malaga

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Jesualdo Ferreira, pendant une conférence de presse le
03-11-2010. Photo Julián Rojas

Manuel Pellegrini, qui présidait aux destinées du Real Madrid la saison dernière après avoir entraîné Villarreal, a signé un contrat le liant à Malaga jusqu'en juin 2013. Il sera assisté de Rubén Osvaldo Cousillas Fusé et aura pour préparateur physique José Cabello Rodríguez, ses deux collaborateurs habituels.

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Le Málaga Club de Fútbol reçoit Manuel Luis Pellegrini. Photo Málaga Club de Fútbol

Ce natif de Santiago, âgé de 56 ans, avait conduit Universidad Catolica à une Coupe du Chili et une Coupe d'Amérique du Sud en 1994 pour ses débuts de technicien. Désigné meilleur entraîneur de Liga en 2007-08, il n'est resté qu'une saison sur le banc du Real Madrid alors qu'il lui restait encore un an de contrat. Il n'a pas survécu à une nouvelle saison sans titre pour le Real et a payé surtout l'élimination en 8e de finale de la Ligue des Champions. Il avait encore une année de contrat.
Ferreira est le deuxième entraîneur du Championnat d'Espagne démis de ses fonctions depuis le début de la saison après celui du FC Séville, Antonio Alvarez.

mercredi 3 novembre 2010

Chili: popularité record pour Piñera après le sauvetage des 33 mineurs

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Le milliardaire conservateur Sebastián Piñera, Président de la République du Chili est un grand sportif, ici dans un match de foot avec les mineurs le 25-10-2010 à Santiago. Photo José Manuel de la Maza
L'approbation de l'action du président a grimpé de 10 points entre fin septembre et fin octobre, selon l'enquête de l'institut privé Adimark. Sa popularité avait déjà bondi de dix points, passant de 46% à 56%, à l'issue du mois d'août, lorsque les 33 mineurs avaient été découverts en vie. "La hausse observée en octobre est fortement liée au sauvetage des 33 mineurs bloqués dans la mine de San José, événement qui a accaparé l'actualité pendant tout ce mois, tant au niveau national qu'international", analyse Adimark.
Les 33 hommes, qui avaient été bloqués à plus de 600 m sous terre après un éboulement souterrain le 5 août dans la mine d'or et de cuivre située dans le nord du Chili, ont été découverts miraculeusement en vie au bout de 17 jours de recherches. Puis ils ont été ramenés sains et saufs à l'air libre le 13 octobre, au terme d'une opération spectaculaire qui a captivé le monde, impliquant le percement de puits de secours et l'extraction des hommes un à un à bord d'une étroite nacelle. (LEE)

mardi 2 novembre 2010

France Amérique latine fête ses quarante ans

Logotype de France Amérique latine

Mais tout bascula très vite quand, trois ans plus tard, le coup d’État de Pinochet chassa le gouvernement démocratique d’Allende ; quand les dictatures militaires commencèrent à s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du sud et que les opposants se firent massacrer. FAL fut là pour jouer le rôle qu’on lui connaît aujourd’hui : dénoncer, comme association de solidarité internationale, les atteintes aux droits humains partout où elles se produisent en Amérique latine et dans la Caraïbe.
Comment peut-on y participer ?
FAL est une association loi 1901, dont le siège est à Paris, ouverte à tous ceux et toutes celles qui s’intéressent à l’Amérique latine et notamment à ses mouvements sociaux. FAL est une association démocratique et plurielle au sein de laquelle les orientations sont prises chaque année en assemblée générale. Mais c’est aussi un réseau d’une trentaine de comités locaux répartis sur tout le territoire français. Pour adhérer à l’association, il suffit de consulter notre site1 et de prendre contact avec le comité le plus proche.
FAL était présente au contre-sommet de Madrid au mois de mai. Que représente pour vous ce type de rencontres ?
FAL était effectivement présente lors du ive Sommet des peuples qui s’est tenu en marge du sommet, très officiel, des chefs d’États d’Europe et d’Amérique latine. Ce sommet des peuples fut une initiative du réseau Enlazando Alternativas (« Nouons des alternatives ») à la création duquel FAL a contribué, en 2003, à la suite des premiers Forums sociaux mondiaux. FAL s’inscrit pleinement dans la construction de cet espace de résistance afin de mutualiser les luttes et de réfléchir, ici et là-bas, à la création d’alternatives. Au cours du sommet s’est également tenu le Tribunal permanent des peuples, destiné à interpeller la communauté internationale sur les abus commis par les multinationales avec la complicité des institutions européennes. Plus de 40 entreprises européennes (dont Veolia, GDF, Repsol, Nestlé, Continental, Perenco) ont ainsi été accusées de violations de droits sociaux environnementaux en Amérique latine.
Quelles sont les perspectives dans les mois qui viennent ?
Du 8 au 18 décembre 2010, aura lieu, à Paris un événement majeur dans la lutte contre l’impunité qui vient récompenser plusieurs dizaines d’années de combats de part et d’autre de l’Atlantique : « le procès Pinochet ». Ce procès, dont FAL est partie civile, est en fait le procès des bourreaux de quatre franco-chiliens. Mais au-delà, c’est l’ensemble de la dictature chilienne qui sera mise, pour la première fois, véritablement en accusation.
En Amérique latine, les résistances au néolibéralisme se développent et, depuis une décennie, les mouvements sociaux ont gagné du terrain. Quelques gouvernements latino-américains, notamment ceux d’Evo Morales en Bolivie, de Correa en Équateur ou encore de Chavez au Venezuela, essaient de mener à bien, non sans difficulté et contradictions, de nouveaux projets politiques porteurs de changement social. Mais de nouveaux coups d’État sont aussi toujours possibles, comme l’a rappelé celui du Honduras en 2009 ainsi que la tentative de renversement du président Correa, il y a quelques semaines en Équateur. Les avancées démocratiques restent ainsi fragiles mais nous espérons que la région va continuer dans une voie progressiste et que les mouvements sociaux européens pourront aussi se nourrir de ces luttes.
Propos recueillis par Franck Gaudichaud
1. Espace Robespierre d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), avec, à partir de 14 heures, un forum débat sur le thème : « Le mouvement social et syndical face à la crise : quelles solidarités internationales ? » avec de nombreux intervenants de Solidaires, Attac, Crid, etc. Le soir aura lieu une grande fiesta latino et la projection de documentaires.
Programme sur www.franceameriquelatine.org

lundi 1 novembre 2010

LES DEUX MARIO VARGAS LLOSA

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SIR ROGER CASEMENT (DUBLIN, 1864 - LONDRES, 1916)
Le nouveau roman de l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, lauréat du prix Nobel de littérature 2010  (1), sort opportunément en librairie dans les pays de langue espagnole le 3 novembre. Son titre : El Sueño del Celta (Le Rêve du Celte). Son héros : Roger Casement, un personnage (réel) exceptionnel. Consul britannique en Afrique, il fut le premier à dénoncer, dès 1908, les atrocités du colonialisme d’extermination (dix millions de morts) pratiqué au Congo par Léopold II, le roi belge qui avait fait de cet immense pays et de ses populations sa propriété personnelle... Dans un autre rapport, Casement révéla l’abominable détresse des Indiens de l’Amazonie péruvienne.
Pionnier de la défense des droits humains, Casement, né près de Dublin, s’engagea par la suite dans les rangs des indépendantistes irlandais. En pleine Grande Guerre, partant du principe que « les difficultés de l’Angleterre sont une chance pour l’Irlande », il rechercha l’alliance de l’Allemagne pour lutter contre les Britanniques. Il fut inculpé pour haute trahison. Les autorités l’accusèrent aussi de « pratiques homosexuelles » sur la base d’un prétendu journal intime dont l’authenticité est contestée. Il fut pendu le 3 août 1916.

Le roman n’étant pas encore disponible, on ignore comment Vargas Llosa en a construit l’architecture. Mais nous pouvons lui faire confiance. Nul autre romancier de langue espagnole ne possède comme lui l’art de captiver le lecteur, de le ferrer dès les premières lignes et de le plonger dans des trames haletantes où les intrigues se succèdent, pleines de passions, d’humour, de cruauté et d’érotisme.

Ce roman a déjà un mérite : tirer de l’oubli Casement, « l’un des premiers Européens à avoir eu une idée très claire de la nature du colonialisme et de ses abominations  (2)  ». Idée que l’écrivain péruvien (pourtant hostile aux mouvements indigénistes en Amérique latine) partage : « Nulle barbarie n’est comparable au colonialisme, tranche-t-il dans le débat sur les prétendus “bienfaits” de la colonisation. L’Afrique n’a jamais pu se relever de ses séquelles. La colonisation n’a rien laissé de positif  (3) . »

Ce n’est pas la première fois que Vargas Llosa s’inspire de personnages historiques pour dénoncer des injustices. Il excelle à mêler les techniques du roman social, historique, réaliste, voire du roman policier. Et l’a brillamment montré dans deux de ses ouvrages les plus aboutis : La Guerre de la fin du monde, fabuleux récit de la révolte, dans le nord-est brésilien à la fin du XIXe siècle, d’une communauté de chrétiens illuminés en quête d’utopie. Et La Fête au bouc  (4), qui retrace, en une opulente construction chorale, la noirceur de la dictature du général Trujillo (1930-1961) en République dominicaine.

L’histoire — contemporaine — est également la matière du roman considéré comme son chef-d’œuvre : Conversation à La Cathédrale, description magistrale du Pérou du général Manuel Odría (1948-1956), de la réalité latino-américaine des années 1950 et des énigmes de la condition humaine. Une œuvre qui correspond aux arguments du jury du Nobel pour expliquer l’attribution du prix : « Pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses représentations incisives de la résistance, de la révolte et de la défaite de l’individu. »

A l’époque où il écrivit ce livre, Vargas Llosa habitait Paris et faisait partie d’une génération de talentueux jeunes écrivains — Gabriel García Márquez, Julio Cortázar, Carlos Fuentes... — qui allaient renouveler la littérature latino-américaine. Tous étaient de gauche. Et tous sympathisaient alors avec les guérillas. Dans un manifeste de soutien aux guérilleros péruviens, Vargas Llosa affirmait à l’époque que, pour changer les choses, « le seul recours, c’est la lutte armée ».

Même solidarité sans faille à l’égard de la révolution cubaine : « Dans dix, vingt ou cinquante ans, déclarait-il le 4 août 1967 à Caracas, l’heure de la justice sociale sonnera comme elle sonne actuellement à Cuba, et l’Amérique latine tout entière se sera émancipée de l’empire qui la saccage, des castes qui l’exploitent, des forces qui actuellement l’outragent et la répriment. Je veux que ce moment arrive au plus vite et que l’Amérique latine accède enfin à la dignité et à la vie moderne, que le socialisme nous libère de notre anachronisme et de notre horreur. »

Et puis, au début des années 1970, ce révolutionnaire exalté est intellectuellement foudroyé par la lecture de deux essais : La Route de la servitude, de Friedrich Hayek, et La Société ouverte et ses ennemis, de Karl Popper. Celui-ci surtout le transfigure : « Je considère Karl Popper, dira-t-il, comme le penseur le plus important de notre temps ; j’ai consacré une bonne partie des deux dernières décennies à le lire et, si on me demandait quel est le livre de philosophie le plus important du siècle, je n’hésiterais pas une seconde à choisir La Société ouverte et ses ennemis. »

Sur-le-champ, il cesse de soutenir la révolution cubaine, renie son passé d’« intellectuel de gauche » et, avec le zèle du converti, se transforme en propagandiste déterminé de la foi néolibérale. Ses nouveaux héros se nomment Ronald Reagan et Margaret Thatcher. A l’égard de celle-ci, symbole de la « révolution conservatrice », il avouera une « admiration sans réserve, une révérence à peine moins que filiale et que je n’ai jamais éprouvée à l’égard d’aucun autre dirigeant politique vivant  (5)  ». Par frénésie thatchérienne, il décide d’ailleurs de s’installer à Londres... Et lorsque la Dame de fer quitte le pouvoir en 1990, il lui fera porter un bouquet de fleurs avec ce message : « Madame, il n’y a pas assez de mots dans le dictionnaire pour vous remercier de ce que vous avez fait pour la cause de la liberté  (6).  »

Thatchérien sera aussi le programme qu’il propose aux électeurs lors de sa candidature à la présidence du Pérou, en 1990. Mais il sera sévèrement battu par M. Alberto Fujimori. Dégoûté par l’ingratitude de ses compatriotes, il s’expatrie définitivement et renonce même à sa nationalité au prétexte que les Péruviens ne le méritent pas...

Il reporte alors son admiration sur un autre dirigeant : M. José María Aznar, président (ultralibéral) du gouvernement espagnol de 1996 à 2004, allié de M. George W. Bush dans l’invasion de l’Irak et aujourd’hui salarié de M. Rupert Murdoch dans le groupe News Corporation. Un homme politique que la revue américaine Foreign Policy vient de classer parmi « les cinq plus mauvais ex-dirigeants du monde », mais dont Vargas Llosa pense que « les historiens du futur » le reconnaîtront « comme l’un des plus grands hommes d’Etat de l’histoire  (7)  ».

Il admire aussi la « personnalité charismatique » de M. Nicolas Sarkozy et le « talent politique exceptionnel  (8)  » de M. Silvio Berlusconi. Car ce géant de la littérature est un homme décidément à la personnalité double. Le masque séduisant de ses romans dissimule un sectateur forcené qui, depuis presque quarante ans, consacre l’essentiel de son temps à intervenir dans les médias, à haranguer et à prêcher dans des congrès du monde entier. Répétant avec une insistance quasi fanatique les principes élémentaires de son idéologie.

Agitateur ultralibéral, membre actif de la Commission trilatérale, président de la Fondation internationale pour la liberté, lauréat du prix Irving Kristol décerné par l’American Enterprise Institute, Vargas Llosa est un néoconservateur professionnel. Il a légitimé l’invasion de l’Irak en 2003 et justifié le coup d’État de juin 2009 au Honduras.

Le 7 octobre 2010, l’essayiste reaganien français Guy Sorman observait sur son blog : « Souvent, nous nous sommes retrouvés sur les mêmes estrades en Amérique latine, où Mario est un militant que l’on qualifierait en France d’ultralibéral : il n’a cessé de combattre Castro, Morales, Chavez, Kirchner et tout programme un tant soi peu social-démocrate. »

Vargas Llosa a d’ailleurs tenu à rappeler qu’il recevait le prix Nobel autant pour ses idées que pour ses qualités d’écrivain : « Si mes opinions politiques (...) ont été prises en compte, eh bien, à la bonne heure ! Je m’en réjouis. »

Cet admirateur de Louis-Ferdinand Céline, « un extraordinaire romancier », admet que l’auteur de Voyage au bout de la nuit était aussi « un personnage répugnant ». Et ajoute : « Mais il y a beaucoup de personnages peu estimables qui sont cependant d’extraordinaires écrivains  (9).  »

Ignacio Ramonet
Directeur du Monde diplomatique de 1990 à 2008.

Notes :
(1) Mario Vargas Llosa est le sixième Latino-Américain à obtenir le prix Nobel de littérature après Gabriela Mistral (Chili, 1945), Miguel Angel Asturias (Guatemala, 1967), Pablo Neruda (Chili, 1971), Gabriel García Márquez (Colombie, 1982) et Octavio Paz (Mexique, 1990).
(2) El País, Madrid, 29 août 2010.
(3) Ibid.
(4) Lire « Un romancier d’exception », Le Monde diplomatique, mai 2002.
(5) Cité par Julio Roldán, Vargas Llosa entre el mito y la realidad, Tectum Verlag, Marburg, 2000, p. 161.
(6) Ibid.
(7) 20 minutos, Madrid, 6 juillet 2007.
(8) Il Corriere della Sera, Milan, 9 mars 2009.
(9) La Nación, Buenos Aires, 13 mars 2006.