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mercredi 27 octobre 2010

Argentine: décès de Nestor Kirchner, ex-président et mari du chef d'Etat

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Cristina Fernández succède à son mari dans la présidence, le 10 décembre 2007. Photo AFP

La nouvelle est tombée dans la matinée, alors que tous les magasins étaient fermés et les gens cantonnés chez eux pour un recensement de la population.
Le médecin personnel de l'ancien chef d'Etat, Luis Buonomo, a annoncé à la presse que M. Kirchner était "mort subitement" victime d'une crise cardiaque, et qu'il n'avait pas été possible de le réanimer.
L'ex-chef de l'Etat avait été hospitalisé d'urgence peu après 08H00 locales dans son bastion d'El Calafate, en Patagonie (2.500 km au sud de Buenos Aires), où il se reposait en famille. Il était accompagné de sa femme Cristina Kirchner, avec qui il a eu deux enfants, Maximo (32 ans) et Florencia (19 ans).
Le drapeau du siège de la présidence, la Casa Rosada, était en berne à Buenos Aires, plongée dans le silence.
"Courage Mme la présidente", pouvait-on lire sur un message laissé par un inconnu sur les grilles qui entourent le bâtiment.
M. Kirchner avait renoncé à briguer un second mandat en 2007, préférant soutenir sa femme, auprès de laquelle il était resté très influent, au point que certains analystes affirmaient qu'il gouvernait en tandem avec son épouse.
"Ma chère Cristina, quelle douleur!", a écrit le président vénézuélien Hugo Chavez sur Twitter. "Quelle perte pour l'Argentine et nos Amériques!".
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a qualifié de "triste nouvelle" la mort de son ancien homologue dans un discours.
Un député du parti au pouvoir et proche de M. Kirchner, Juan Carlos Dante Gullo, a espéré que le pays saura "comprendre ce que représente et ce qu'a représenté Nestor Kirchner".
Député, président du parti péroniste au pouvoir et secrétaire général de l'Union des nations d'Amérique du Sud (Unasur), Nestor Kirchner avait subi en septembre une intervention pour déboucher une artère. Cette deuxième opération de ce genre en sept mois avait fait planer le doute sur sa candidature présidentielle en 2011.
M. Kirchner avait été élu en 2003 avec à peine 22% des voix au premier tour, à la suite du désistement de l'ancien président Carlos Menem (1989-1999), sûr de perdre au second tour.
Mais il s'était rapidement imposé comme le nouvel homme fort du pays grâce au rétablissement spectaculaire de l'économie qui venait de vivre la pire crise de son histoire en 2001-2002.
M. Kirchner avait aussi renforcé son "autorité morale", en faisant des droits de l'Homme son cheval de bataille. Il avait obtenu dès 2003 de la Cour suprême l'annulation des lois d'amnistie et la réouverture des procès des militaires pour les crimes commis sous la dictature (1976-1983).
Cette autorité morale avait été néanmoins écornée par des soupçons d'enrichissement personnel. Les Kirchner ont amassé, selon leur propre déclaration patrimoniale, une fortune de 55 millions de pesos (11 millions d'euros), soit une augmentation supérieure à 700 % depuis l'élection de Nestor en 2003.
Bien qu'élu député, M. Kirchner avait été très affaibli par la défaite de sa liste face à l'opposition aux législatives de juin 2009 et la perte de la majorité de son parti au Congrès.
Tout récemment, son dernier soutien, la Confédération générale du travail (CGT, péroniste), avait été déstabilisée par l'assassinat d'un jeune militant trotskiste. On soupçonne des membres de la CGT d'avoir recruté des hooligans pour tuer ce militant.