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lundi 15 mars 2010

Le cardinal de Santiago du Chili prie pour la patrie et son nouveau président – et plaide pour la famille et la vie

Le vendredi, le 12 mars 2010, le milliardaire conservateur Sebastian Piñera président de la République a assisté à la "Prière Oecuménique pour le Chili" Photo présidence de la République.

Au lendemain de l’investiture de Sebastian Piñera Echenique, mais surtout dans un contexte de deuil national d’un pays qui panse ses plaies après le tremblement de terre qui, au-delà de ses centaines de victimes, a bouleversé la vie de nombreux Chiliens, la cérémonie a pris un relief particulier. L’intervention du cardinal-archevêque Francisco Javier Errazuriz Ossa – ainsi que sa bénédiction accordée à tous sur la place d’Armes de Santiago où la cérémonie se déroulait en plein air en solidarité avec tous ceux qui n’ont plus de toit – prit des allures de programme. Oserons-nous dire, de « programme politique » ? Ce fut en tout cas dans ce cadre « œcuménique » le moment d’en appeler au respect de la loi naturelle, ce qui n’est déjà pas si mal, et de ne pas mettre sous le boisseau la foi catholique, ce qui est réconfortant.
Ci-dessous quelques passages marquants de sa prière publique, dont je vous propose ma traduction.
« Prière pour le Chili et son nouveau gouvernement.
(…) A l’ombre de la cathédrale métropolitaine, qui fut le témoin de l’histoire de notre Patrie, nous nous tournons vers notre Père et Seigneur qui a créé le ciel et la terre et qui dans son dessein de sagesse et d’amour nous a accompagnés et bénis tout au long de notre histoire. Il nous a soutenus, animés et fortifiés aux moments les plus difficiles de notre existence. Nous nous approchons de Celui qui protège les faibles et les pauvres, qui inspire tout ce qui existe de grand et de noble ; Celui qui nous a fait cadeau de la raison et de la liberté ; Celui qui a envoyé son propre Fils pour qu’il soit notre frère et nous réconcilie, et qu’il fasse croître entre nous l’amour dans la vérité. C’est Lui qui féconde par son Saint-Esprit les choses ce que nous faisons avec générosité, solidarité et créativité pour la vie de notre peuple et le bien-être de chaque Chilien, surtout en ces moments d’affliction.
(…) Moïse, avec sa grande expérience de pasteur du peuple d’Israël, avait enseigné à celui-ci qu’il devait choisir entre le chemin qui conduit à la vie et au bonheur et le chemin de la mort et de la disgrâce. Il définissait le premier comme la route ouverte par l’amour de Dieu et de ses commandements, qui exigent le respect et l’amour envers le prochain. Si le peuple choisissait ce chemin, il vivrait, se multiplierait et serait béni de Dieu. Convaincu de la fécondité de ce choix, il exhorta les futurs gouvernants à vivre dans une grande sobriété et à toujours garder la Loi de Dieu avec eux, à la lire tous les jours de leur vie pour la mettre en œuvre, de manière à ce que leur cœur ne considère pas leurs frères avec arrogance, et ne se sépare point des sages et bonnes paroles de Dieu. »
Exhortant les nouveaux gouvernants à servir et non pas à vouloir être servis, à aller au-delà des considérations sur le niveau de vie, la production et la vie en société pour chercher d’abord à respecter la loi naturelle imprimée dans la création, l’archevêque poursuivit :
« Grâce à Dieu, la valeur incommensurable de la personne humaine est imprimée profondément dans notre âme. C’est ce qu’a démontré le récent tremblement de terre. La valeur des choses perdues pâlit, pour utiles qu’elles nous aient été, devant la certitude de la survie de nos parents et de nos amis, que nous aimons jusque dans nos entrailles. En effet, lorsque nous méditons sur cela, nous sommes saisis par le fait que chaque personne fut créée et est vivifiée par Dieu lui-même à son image et à sa ressemblance, qu’elle fut aimée et sauvée en Jésus-Christ, par son amour qui est allé jusqu’à l’extrémité de donner sa vie pour nous.
De cette vision, qui montre la valeur inégalable de la personne, de son travail et de ses communautés premières, découle le traitement qu’il mérite et que nous devons accorder à chaque vie humaine dès sa conception, afin que chacun puisse déployer pleinement, pour son bien propre et celui de la société, les dons que Dieu lui a accordés. Cela lui sera plus facile qu’il a accès à un travail que lui donne la dignité, aux biens matériels et spirituels qui l’aident à croître et à créer, à une éducation de qualité – un droit pour tous – à la santé sans tarder dont il a besoin et à laquelle il aspire, et à la vie en société, dormant une famille qui soit le berceau du respect des droits humains et le sanctuaire de la vie, de la confiance, de l’amour et de la paix.

Naturellement, nous ne devons pas attendre seulement de l’Etat l’accomplissement de ces objectifs, qui sont aussi les nôtres, ceux de chaque citoyen et des communautés que nous formons. Mais il n’est pas moins vrai que les gouvernants peuvent rendre plus propices les occasions pour que les vocations multiformes de chaque citoyens puissent trouver leur accomplissement, en proposant des voies, des institutions et des législations favorables, tout comme – dans un esprit de subsidiarité – il peuvent apporter le soutien et les outils que d’autres ne peuvent fournir. C’est ce que nous demandons au Seigneur.
(…) C’est la tâche primordiale de l’Etat, des moyens de communication sociale et de toute la société civile, d’aider la famille à se constituer et à remplir sa mission et de lui proposer les moyens adéquats pour y parvenir. Cela veut dire : l’aider à être unie et stable, prospère et heureuse, pour que les enfants aient le soutien affectif et moral dont ils ont besoin, et que les époux ne soient ni affligés ni débordés, pour que le foyer puisse être le centre de transmission des valeurs les plus nobles de notre culture, à commencer par la transmission de la foi, et le lieu où l’on s’aide à surmonter les souffrances et les difficultés, grâce à la qualité des relations humaines entre ses membres et leur confiance en Dieu ; pour qu’elle soit aussi une école de citoyens qui sachent mettre leurs talents au service d’autrui, attentifs aux plus faibles. »
La cardinal Errazuriz a également, rapporte Aciprensa, répété que « la vie humaine doit être respectée et protégée depuis la conception ». L’Etat doit « protéger la famille et veiller à la renforcer. C’est une tâche aux répercussions de la plus haute importance, mais elle est difficile à accomplir, en raison de la phase critique par laquelle passent le mariage et la famille, “cellule de base de la société ”, et par laquelle passe aussi par conséquent la société tout entière. » Il a ensuite décrit quelque-uns des défis que doit relevér la famille au Chili : « La grave baisse de la natalité, les obstacles auxquels se heurtent les jeunes quand ils veulent s’engager pour toujours, le peu d’appui efficace offert par notre société à l’institution familiale, la destruction définitive d’innombrables familles »