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lundi 15 février 2010

« Checho » Galleguillos, aussi engagé à Villeneuve que sous la dictature chilienne

Il a été embauché au centre social comme animateur, parce qu'il savait jouer de la guitare. C'était au milieu des années quatre-vingt. Douglas Galleguillos, dit Checho, arrivait de Santiago-du-Chili. Hier après-midi, il n'avait rien oublié du besoin d'aider les autres qui a guidé sa vie, à Santiago, puis ici. «Je suis venu en Europe pour témoigner de la répression au Chili et pour continuer le travail politique et culturel qu'on menait là-bas avec mes camarades», explique-t-il dans un coin de l'estaminet de la Ferme d'en-Haut. Aux murs de la salle, une expo photo sur la Bolivie de deux jeunes femmes parties aider une ONG. Il monte sur scène avec elles, pour qu'elles parlent de leur voyage. Ensuite, des Boliviens joueront de la musique. L'association Cordillera (du nom de la Cordillère des Andes, la chaîne de montagne qui sépare le Chili de l'Argentine), que "Checho" préside, co-organise l'après-midi.

Une ville pour Allende

À Santiago, Checho Galleguillos, né vingt ans avant le coup d'État de 1973, réunissait des jeunes de son quartier autour de la musique traditionnelle et leur montrait la répression du régime du général Pinochet. Il militait aux côtés de la gauche chrétienne, un parti d'extrême-gauche. Même s'il reconnaît avoir « toujours connu un niveau de dangerosité », son exil a été volontaire : « J'avais la possibilité d'être utile depuis l'extérieur, et de continuer nos activités ». À Villeneuve-d'Ascq, il collecte des fonds, participe à des débats et des conférences : «Je venais d'arriver, les gens voulaient des nouvelles fraîches ». L'accueil est chaleureux. « Pour Villeneuve-d'Ascq, le Chili était un combat, se souvient-il. Le gouvernement d'Allende,signifiait beaucoup d'espoir pour la gauche française.»
Il travaille au centre social, apprend le français. La mairie lui propose une formation "carrières sociales". Il passe le diplôme, l'obtient, devient responsable du secteur enfance et jeunesse.

Et le militantisme ? Tous les ans, le 11 septembre, Cordillera organise la commémoration du coup d'État et du suicide du président Allende. Et même si la démocratie est revenue au Chili depuis 1989, «le combat n'est pas fini», assure-t-il. Cordillera diffuse des informations sur les discriminations dont souffre la communauté des Indiens mapuche, ainsi que sur les violations aux droits de l'homme commises sous la dictature, et jamais élucidées. •