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mardi 29 septembre 2009

Pose de la première antenne pour ALMA

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Dépose de l'antenne submillimétrique sur son socle, sur le site d'ALMA, dans le désert de l'Atacama au Chili Photo (ESO)

A 5.000 mètres d’altitude, sur un plateau très venté où l’oxygène se fait rare, la première des 66 antennes prévues de l’observatoire ALMA (Atacama Large Millimeter-submillimeter Array) a été installée dans les Andes chiliennes. Un transporteur spécial construit en Allemagne a porté l’antenne de 100 tonnes depuis la base des opérations à 3.000 mètres d’altitude jusqu’au plateau de Chajnantor, 2.000 mètres plus haut, rapporte l’Observatoire Européen Austral (ESO), le partenaire européen du projet.

ALMA est un projet international, un projet astronomique dans tous les sens du terme, puisqu’il vise à construire un réseau de 66 antennes de 12 et 7 mètres de diamètre qui observeront l’univers dans des longueurs d’ondes millimétriques et submillimétriques. Situées au-delà de l’infrarouge, ces longueurs d’ondes permettent d’étudier le rayonnement émis par un univers froid -nuages moléculaires dans l’univers proche ou toutes premières galaxies dans l’univers très lointain.

Les premières observations devraient commencer courant 2011 après un premier réseau réduit de trois antennes raccordées.

A 5.000 mètres d’altitude, les antennes vont subir des vents violents et des écarts de températures (de +20°C à -20°C). Malgré tout ces objets high tech doivent conserver un degré extrême de précision. Leurs surfaces réfléchissantes ont une précision inférieure à 25 micromètres, précise l’ESO, soit plus fine qu’un cheveu humain.

La première de ces antennes submillimétriques a été livrée par le Japon. Le transporteur (photo ci-contre), roulant à petite vitesse, a mis sept heures pour parcourir les 28 kilomètres qui séparent la base du plateau de Chajnantor. Une fois là-haut, l’antenne a été déposée sur un socle de béton à quelques millimètres près.

Les conditions de travail sont très dures à cette altitude. L’air contient moitié moins d’oxygène qu’au niveau de la mer et personne ne monte sur le site sans être préalablement soumis à un examen médical (lire ALMA, le chantier de tous les records). Il est d’ailleurs prévu qu’il ne sera pas possible aux techniciens de travailler plus d 6 heures d’affilée sur le site d’ALMA. Le reste des équipes se trouve au camp de base à 3.000 mètres.

dimanche 27 septembre 2009

La Ciudad de los Fotografos

Photos Alvaro Hoppe, Ana González, Claudio Pérez, Helen Hughes, Ines Pulido, Jorge Ianiszewski , José Duran , Kena Lorenzini , Luís Navarro , Percy Lam

Pour eux, photographier était une pratique de la liberté, un moyen de pouvoir continuer à vivre. Leurs clichés servant de preuves aux témoignages des victimes de la dictature.

Elles ont été fondamentales pour permettre l'ouverture des procès en justice. Certains de ces photographes ont été brutalement réprimés, d'autres assassinés... mais la plupart ont survécu.

Sept pays sud-américains signent l'acte de naissance de la Banque du Sud

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Deuxième sommet Amérique du Sud-Afrique (ASA) à Porlamar, l'île de Margarita, Venezuela.
Photo José Manuel de la Maza

Les présidents de ces sept pays --Venezuela, du Brésil, Bolivie, Equateur, Argentine, Uruguay et Paraguay-- ont paraphé le document au soir de la première journée du deuxième sommet Amérique du Sud-Afrique (ASA), qui s'achève dimanche à Porlamar, principale ville de l'île de Margarita (nord-est du Venezuela).
Selon le président vénézuélien Hugo Chavez, le capital total de l'établissement sera de 20 milliards de dollars (14 milliards d'euros).
Les grands pays --Argentine, Brésil, Venezuela-- contribueront davantage que les quatre plus petits.
Le siège de la banque se trouvera à Caracas, mais elle aura aussi deux succursales à Buenos Aires et en Bolivie, a précisé la présidente argentine Cristina Kirchner.
Aucune date n'a en revanche été donnée pour sa mise en route.
"Je crois que c'est très important. Mieux vaut tard que jamais. En fait, cela n'a pas été si long que ça pour un organisme de ce type", s'est-elle félicitée.
Le 9 décembre 2007, les sept pays concernés avaient annoncé le lancement de ce projet présenté comme une riposte latino-américaine au Fonds monétaire international (FMI).
Cette banque destinée à financer des projets de développement dans la région devait voir le jour en 2008, mais la signature de l'acte de création officielle par les présidents a été sans cesse repoussée en raison de désaccords persistants sur certains détails du document.
La présidente du Chili, Michelle Bachelet, a assisté comme observateur à la signature. Elle a affirmé que son pays pourrait "bientôt" rejoindre le projet.
En 2007, les précurseurs avaient déclaré espérer obtenir à terme l'adhésion des cinq autres pays de la région: Chili, Pérou, Colombie, Surinam et Guyana.
M. Chavez a profité du sommet ASA pour proposer à ses homologues africains de créer un établissement financier birégional.
"A l'avenir, nous allons créer une structure de financement (rassemblant la Banque du Sud et une banque similaire africaine): la banque Sud-Sud ou la banque de l'ASA. J'ai déjà le nom: la +Bancasa+", a détaillé le dirigeant socialiste.

L’AMÉRICAIN QUI ACHÈTE LA PATAGONIE, AU NOM DE L’ÉCOLOGIE

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Véritable philanthrope, il veut faire de ces 300.000 hectares de forêts et montagnes, un réservoir de vie pour la faune et la flore. Plus de 70 espèces d’oiseaux, de mammifères disparus ailleurs, ont été répertoriés, comme par exemple le pudus, le plus petit cerf du monde qui mesure 40 centimètres de haut. Ce parc n’est qu’une part de son engagement dans la bataille écologique menée avec d’autres militants dans le monde : Douglas Tompkins est devenu un allié des organisations de défense de la nature.

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Mais au Chili, cette «philanthropie écologique» fait polémique : même s’il a promis de céder ses réserves naturelles au gouvernement, une fois qu’elles seront viables, ses opposants l’accusent d’avoir profité des faiblesses du pays pour s’en approprier les richesses. Ils lui reprochent d’empêcher le développement industriel de leur pays. Reste à attendre de voir ce que donnera ce parc protégé puisque les effets ne seront visibles qu’à long terme.

vendredi 25 septembre 2009

Dans la jungle de Calais avec les migrants expulsés par la police

Nous étions témoins depuis des mois de l'arbitraire policier à Calais, de l'usage systématique de l'intimidation, du gaz et des matraques. Nous avons constaté l'absurdité du système Dublin II qui balance les migrants d'un pays à l'autre comme des balles de ping-pong parce qu'aucun d'entre ces pays n'est en mesure d'assumer leurs demandes d'asile.

Nous avons noté à quel point le danger incarné par les passeurs n'est qu'un épouvantail agité pour légitimer la répression à l'égard des migrants. Nous avons surtout vu combien ces migrants nous ressemblent et ne cherchent qu'à se construire, n'importe où, un avenir décent et paisible, combien les clichés véhiculés contre eux tombent comme des feuilles à leur contact, lorsqu'on prend la peine de leur serrer la main, d'échanger avec eux un thé et de comprendre les causes et les conditions terribles de leur exil. Lorsque nous avons appris la décision du gouvernement de fermer la jungle de Sangatte (Eric besson, le 16 septembre 2009), nous étions donc légitimement en colère.

Nous étions une petite dizaine à partir à trois heures pour tenter l'impossible, à savoir protéger les migrants de la violence attendue des policiers. Nous avons constaté à notre arrivée que plus de 150 migrants étaient rassemblés autour de feux de camps, avec des banderoles en anglais et en pachto, exprimant leur envie de rester et d'être respectés, soutenus par de nombreux militants, dans une atmosphère pesante, dans l'attente de la destruction.

Panique et encerclement

A 7h30, nous avons vu les premiers fourgons arriver puis les policiers prendre position autour de la jungle pour bloquer tous les accès, au point que de nombreux Calaisiens ne pouvaient plus circuler à proximité de la zone des Dunes. Lorsque les policiers ont commencé à investir les lieux, une véritable panique s'est emparée des migrants. Après que certains ont essayé de fuir, la plupart s'est alors rassemblée. Notre premier réflexe, avec les autres militants présents, a été d'encercler les migrants avec des cordes et des banderoles afin de les protéger, ce qui n'était que symbolique face à l'horrible et implacable détermination de l'Etat.

Nous avons tous des souvenirs en commun avec ces migrants, nous avions à ce moment à l'esprit les moments passés avec eux. Nous avions dans notre dos des gosses de quinze ou seize ans accrochés à nous, effrayés et en larmes, pendant que les policiers essayaient de nous désolidariser. Après qu'ils ont arraché notre corde, nous avons formé une chaine humaine que les policiers ont rompu en nous tirant par les bras, les épaules, la tête, tout ce qu'ils pouvaient attraper.

Face à la violence toujours plus appuyée des policiers, la détresse des migrants allait crescendo et nous ressentions face à ça un sentiment de haine et de rage nous faisant oublier toute crainte des risques physiques ou juridiques, ce qui nous a permis à peu de tenir tête durant près de vingt-cinq minutes face à la répression, ceux de nous qui étaient dégagés revenant pour continuer de résister.
C'est l'Europe qui les insulte

Les policiers arrachaient les migrants au groupe, trainant certains d'entre eux sur le sol, qui nous regardaient implorant et apeurés. Ces regards étaient insoutenables pour nous qui auparavant y avions vu l'espoir, lorsque ces mêmes garçons nous racontaient leurs rêves et ambitions pour l'avenir. Dans cette rafle, les migrants ont été considérés et traités comme du gibier, déshumanisés et humiliés pour longtemps. Eux aussi ne risquent pas d'oublier ce qu'on leur a infligé ce matin. C'est l'Europe qui les a insultés dans leur dignité.

Tandis que la population du quartier se réjouit du « succès » de l'opération, nous déplorons que migrants et militants aient été l'objet d'un spectacle organisé pour les médias et l'opinion, dans le but de mettre en scène une mascarade politique visant à faire croire à une résolution du problème, alors qu'il ne s'agit que d'une triste opération de communication du gouvernement et de l'Union européenne.

Les journalistes ont été expulsés avec la même violence et une caméra a été détruite lorsque les policiers ont commencé à perdre patience face à l'opposition soutenue des migrants et militants. Les migrants essayaient eux aussi de résister, mais étaient davantage la cible des policiers lorsqu'ils tentaient de maintenir les lignes avec nous.

Nous posons la question : qu'est-ce que les autorités ont à craindre de la présence des journalistes ? Pourquoi les ont-ils éloignés ? Nous soupçonnons l'Etat de chercher à cacher au public sa façon d'agir et ses méthodes pour « résoudre » la question des migrants.

Nous tenons à dire que nous n'oublierons pas certaines images de violences et de détresse, qui renforcent notre détermination et notre mépris pour ce système qui génère chaque jour plus d'injustice. Ce que nous ressentons désormais, c'est l'étendue de notre impuissance et un dégoût prononcé pour les politiques actuelles.

Il est plus que temps de poser autrement la question des frontières, afin que chacun comprenne que la fermeture n'est ni une solution, ni un moyen démocratique de résoudre la catastrophe économique que nous vivons tous à cause du capitalisme. La crise n'est pas le fait des étrangers, légaux ou non, elle est partie intégrante d'un système qui se sert du chômage et des licenciements comme d'une variable d'ajustement pour une machine bancale.

Nous nous battons quotidiennement contre les politiques d'immigration actuelles, car elles ne sont que l'expression d'un individualisme insupportable et malheureusement ordinaire qui tend à faire de l'étranger un intrus responsable de tous les maux de capitalisme. La stigmatisation d'une population, si elle est suivie de mesures législatives et policières à son encontre (prise d'empreintes, fichage systématique, contrôle au faciès, dénis de droits élémentaires, mise en place de polices spécifiques, arrestations groupées et rafles…) ne peut aboutir qu'à la barbarie.

Ce qu'il s'est passé à Calais ce matin n'est pas une conséquence, mais un précédent. L'Europe n'en est ni à son premier ni à son dernier coup-bas…

Un auteur venu du Chili

Il a connu les années noires de la dictature, les camps du général Pinochet mais, comme il l'écrit lui-même, « il ne peint pas pour oublier mais pour se donner du bonheur et le partager ». Parmi les livres qu'il présentait, l'un d'eux relate son enfance dans les rues de Santiago, il dit que « la vie des autres n'était pas plus belle que la sienne ». Les photos de ses peintures apportent une vie supplémentaire pleine de « couleurs éprises de liberté ». Dans le second livre, il parle et présente les créations de vingt autres artistes poètes.

Petite affluence

Présent également, Marcel Pajot, artiste peintre, était venu exposer des dessins originaux qui illustraient les livres de Pierre Gonthier, écrivain et poète de Bergerac. Jacques Saraben présentait de magnifiques photos. Les autres auteurs ont apporté également des ouvrages variés et de qualité.

La fréquentation du salon a peut-être souffert de la présence de manifestations importantes le même jour, mais c'est avec un public intéressé que les auteurs ont favorisé les échanges. Ils étaient également unanimes pour dire leur plaisir d'avoir passé une agréable journée, reconnaître la parfaite organisation et l'accueil chaleureux, grâce à James Cabirol organisateur de cette manifestation, avec le concours de la municipalité et l'aide des bénévoles et des amis.

Martine Pauchet

mercredi 23 septembre 2009

CHILI: DÉBAT TÉLÉVISÉ POUR LES CANDIDATS PRÉSIDENTIELS, MAIS APRÈS LA SÉRIE

Sebastian Piñera, le candidat de droite favori des sondages, son principal rival l'ex-président Eduardo Frei, candidat du centre-gauche, l'outsider indépendant (ex-socialiste) Marco Enriquez-Ominami et deux candidats mineurs de gauche doivent débattre pendant 90 minutes sur la télévision publique.

Le débat, qui sera sans doute le seul avant le premier tour du 13 décembre, est programmé à 22H40 locales, heure tardive qui doit beaucoup au mystère autour d'"Elisa", héroïne malheureuse du feuilleton qui captive les Chiliens quatre soirs par semaine depuis avril, et se dénouera en novembre.

Cette série dramatique, centrée autour de la disparition et du meurtre d'une jeune fille fugueuse de la bonne société chilienne, bat des records d'audience, et les épisodes sont résumés et commentés le lendemain dans plusieurs quotidiens et sur internet.

Après "Elisa", les candidats débattront en quatre temps, répondant à des questions de journalistes, puis d'électeurs par internet, présentant ensuite leur programme, avant une discussion entre eux pour finir.

Pinera, un entrepreneur milliardaire de 59 ans, battu par la socialiste Michelle Bachelet en 2005, est cette fois favori des sondages pour mettre un terme à l'hégémonie du centre-gauche, dont une coalition gouverne à Santiago depuis la fin de la dictature il y a 20 ans.

mardi 22 septembre 2009

Trop alcoolisée, la Fête nationale a fait 29 mort au Chili

Le bilan, supérieur d'un mort par rapport à l'an passé, tient en majorité à des accidents de la circulation impliquant des conducteurs ou piétons sous l'emprise de l'alcool.

Les Fiestas patrias -qui célèbrent non l'indépendance en 1818, mais la réunion de la Première Junte nationale du Chili en 1810- sont chaque année l'occasion de banquets et de barbecues arrosés, dressés dans les parcs de villes et villages du Chili. (belga/cb)

lundi 21 septembre 2009

Un 11 septembre agité

“Le 11 septembre 2009 est l’un des plus violents que le pays ait jamais connus”, rapporte El Mercurio de Santiago. Selon les déclarations de la police et des services de renseignements, beaucoup d’armes à feu ont été utilisées par les manifestants. Le ministre de l’Intérieur a critiqué la présence de mineurs parmi eux. Il a également accusé des mouvements anarchistes et les trafiquants de drogue de profiter des événements pour semer le désordre.

Lors de la cérémonie traditionnelle au palais présidentiel, la présidente Michelle Bachelet (socialiste) a rappelé son engagement à continuer l’œuvre d’Allende, en insistant sur la consolidation des valeurs démocratiques, le développement économique et la justice sociale. Le chef de l’Etat a terminé son discours, en citant les derniers mots qu’Allende avait adressés aux Chiliens : “Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs !”

Le quotidien chilien La Nación relève que le discours de la présidente en fin de mandat est exactement à l’opposé de celui tenu par la droite. A trois mois de l’élection présidentielle, le candidat conservateur Sebastián Piñera, favori dans les sondages, a invité les Chiliens à “oublier le passé et [à] regarder vers le futur avec optimisme”. Un discours qui cherche à démarquer cette nouvelle droite, plus proche du milieu des affaires que de l’héritage politique de la dictature d’Augusto Pinochet. “Si les Chiliens veulent vraiment voter pour la droite, ils devront effectivement avoir la mémoire courte. Son candidat s’est en effet entouré d’anciens collaborateurs du régime militaire coupable de nombreuses violations des droits de l’homme”, rappelle La Nación.

Ce cuivre qui valait de l’or pour l’armée

La présidente du Chili, Michelle Bachelet, vient de signer un projet de loi visant à abroger la loi sur le cuivre, héritée de la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990). Grâce à cette loi promulguée en 1976, l’achat d’armes en était venu à occuper une place privilégiée dans les dépenses de l’Etat chilien car, selon ses dispositions, les forces armées se voyaient réserver chaque année 10 % des recettes de la société d’Etat CODELCO, premier producteur mondial de cuivre, afin de se procurer du matériel. Pour la première fois depuis le retour de la démocratie, en 1990, ce régime spécial pourrait changer. Le budget de la défense serait soumis à une négociation parlementaire comme celui de n’importe quel autre ministère. “On en finit ainsi avec une zone de non-transparence pour le Congrès”, a souligné la présidence en signant le projet de loi, qui doit être soumis aux députés dans les prochains jours.

L’abrogation de la loi sur le cuivre aura deux effets immédiats. D’une part, elle assurera une meilleure transparence en matière de dépenses militaires. “Une fois le projet de loi adopté, nous aurons un système de financement moderne pour la défense nationale”, a assuré Michelle Bachelet. D’autre part, en ce qui concerne l’acquisition d’armes, les militaires n’auront plus un budget qui augmente automatiquement, au gré des possibles envolées des cours du cuivre.

Le nouveau montant qui sera destiné aux achats d’armes n’est pas encore défini. Toutefois, il est clair que cette somme sera désormais négociée. Compte tenu des variations des cours de ce minerai durant les dernières années, les militaires chiliens ont reçu en moyenne plus de 1 milliard de dollars [688 millions d’euros] par an pour l’achat et l’entretien de leur matériel de guerre. Depuis que la présidente socialiste a pris ses fonctions, en mars 2006, l’armée a reçu au total 4,2 milliards de dollars.

Au-delà du nouveau cadre juridique, il est peu probable que la somme allouée à l’armée diminue de manière importante. Les militaires cherchent à tout prix à éviter de revenir aux seuils de dépenses d’avant le coup d’Etat de 1973, à l’époque où celles-ci étaient faibles. L’armée aurait exercé des pressions pour parer à cette éventualité.

La popularité de la présidente est au sommet

En outre, au Chili, il existe une deuxième loi de la dictature destinée à garantir les ressources de l’armée. Ce texte stipule que, pour les frais de fonctionnement et les salaires – donc pour tout ce qui n’est pas achats et entretien de l’armement –, l’enveloppe budgétaire ne peut être inférieure à ce qu’elle a été en 1989, la dernière année de la dictature. Résultat, l’initiative présidentielle prévoit certaines garanties. Au minimum, le prochain plan de financement pour l’armée sera étalé sur douze années, mais avec des cycles de quatre ans correspondant aux mandats présidentiels, afin de permettre des réévaluations périodiques des priorités. Le gouvernement a d’ores et déjà négocié avec les militaires. “La planification stratégique sur douze ans, avec un financement revu tous les quatre ans, nous paraît une bonne chose”, assure Oscar Izurieta, commandant en chef de l’armée chilienne. C’est en juin 2006, trois mois après la formation de son gouvernement, que la présidente a manifesté pour la première fois son intention de modifier cette loi. A ce moment-là, elle n’avait pas obtenu de consensus. A en croire la presse locale, les différends sur les frontières maritimes avec le Pérou auraient ensuite empêché de trouver le moment propice. Le mandat de Michelle Bachelet prend fin dans quelques mois. L’élection présidentielle a lieu en décembre, et la droite est favorite. Toutefois, la popularité de la présidente n’a jamais été aussi forte. Avec 73 % d’opinions favorables, elle dispose du plus haut score jamais atteint dans l’histoire chilienne par un président. Voilà pourquoi Michelle Bachelet a estimé que le moment était venu de lancer cette initiative.

Le Chili fête son indépendance

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Photo Marcelo Agost

La parade a commencé avec des danses folkloriques traditionnelles, des cowboys à cheval et des Indiens Mapuche. Plus de 11 mille soldats, marins et personnels des forces aériennes ont marché dans le Parc O'Higgins, nommé d'après le champion de la libération chilienne, Bernardo O'Higgins.

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Photo Marcelo Agost

Les avions des Forces aériennes française et chilienne volaient dans le ciel. Les représentants de l'Argentine, du Canada, du Chili, de l'Équateur, de la Grande-Bretagne, du Paraguay et des Etats-Unis présentaient leurs drapeaux nationaux lors d'une parade aux côtés de l'armée chilienne.

La célébration marque l'anniversaire du bicentenaire de la nation sud-américaine, qui reconnaît le 18 septembre 1810 comme la date à laquelle les natifs de Santiago ont déclaré leur indépendance face au joug colonial.

Fang Linlin, CCTV.

dimanche 20 septembre 2009

Quand la malchance s’abat sur un buteur

Aucune personne n’a été blessée lors de l’accident, mais la situation n’a pas manqué d’être relevée par la plupart des médias du pays. L’avant-centre était inconscient lors de l’impact, et s’est réveillé à l’hôpital, avant de sortir deux heures plus tard.

samedi 19 septembre 2009

Chili : le Bicentenaire en chantant


"Esquinazo" (sorte d’aubade) Photo Alex Ibañez

À la veille de las Fiestas Patrias (la fête nationale chilienne), la commission du bicentenaire avait convoqué à un grand concert intitulé : "Empezó la fiesta del Bicentenario" (La Fête du Bicentenaire a commencé). Plus de 50 artistes chiliens de touts le styles et de toutes les générations avaient été convoqués pour un spectacle qui mélangé musiques avec projections de vidéos consacrés a dès "grands moments et grandes réalisations" des 200 ans de vie républicaine du Chili.

Michelle bachelet dance la cueca. Photo Alex Ibañez

Le matin, un "esquinazo" (sorte d’aubade où l’on danse la cueca, la danse nationale) avait vu la présidente Michelle Bachelet elle me même se lancer sur la piste où des milliers de "cuequeros" (danseurs de cueca) avaient marqué à leur façon le lancement des festivités qui culmineront le 18 septembre 2010. (voir la photo sur notre portfolio)

Dans le vidéo, la chanson officielle du bicentenaire accompagne un catalogue visuel des grands chantiers labellisées Bicentenaire.

jeudi 17 septembre 2009

MIGUEL LITTIN REVISITE L'ÎLE DAWSON


cette histoire a inspiré Dawson - Isla 10, une œuvre du célèbre cinéaste engagé chilien Miguel Littin, en salles depuis le 10 septembre au Chili. Ce long-métrage s'appuie sur le livre autobiographique d'un de ces reclus du bout du monde, Sergio Bitar, qui était alors jeune ministre des Mines dans le gouvernement de Salvador Allende. Le quotidien La Nación regrette le manque de réalisme de ce film. "On a le sentiment en voyant Dawson – Isla 10 que Miguel Littin a pris de mauvaises options pour raconter son histoire. Il a préféré se montrer excessif plutôt que subtil", explique le journal en reprochant au réalisateur certains effets faciles ou procédés trop clinquants. "Ce qui est étrange, c'est que l'on peut deviner derrière tout cela un film qui a perdu l'opportunité d'être jugé pour ce qu'il est vraiment".
La bande annonce du film:

mercredi 16 septembre 2009

Le Chili va adopter la norme japonaise ISDB-T

"Après une étude rigoureuse, et une consultation menée avec plusieurs universités, nous avons décidé d'adopter la norme ISDB-T, créée au Japon et adaptée au Brésil, et déjà présente en Argentine et au Pérou", a déclaré Mme Bachelet à la presse au palais de la présidence.
Le Chili a décidé de privilégier la norme japonaise au dépens de ses concurrentes américaine et européenne. "C'est l'option technologique qui convient le mieux au Chili, qui lui fournit la meilleure qualité de réception, étant données les caractéristiques géographiques du pays", a précisé dans un communiqué le secrétariat d'Etat aux Télécommunications.
Selon le secrétariat d'Etat, ce passage à la haute définition est "le plus grand changement de la télévision des 30 dernières années". Au Chili, qui avait vécu il y a 30 ans sa première révolution avec le passage de la télévision en noir et blanc à la couleur, plus de 65% des foyers n'ont encore accès qu'à la télévision hertzienne.
"Avec la mise en place de la télévision numérique, les foyers vont connaître une amélioration importante de la qualité de l'image et du son, avec à terme des possibilités d'accès progressif à des services nouveaux et applications interactives", a précisé le Secrétariat d'Etat.

Le Polisario affirme que le Maroc viole les droits de l’Homme

Le Front Polisario a condamné «les graves violations des droits de l’Homme commises par l’Etat marocain à l’encontre des citoyens sahraouis sans défense au Sahara occidental occupé, dans le sud du Maroc et dans les universités marocaines», tout en indiquant que «la poursuite de ces pratiques ne sert pas les efforts des Nations unies pour créer le climat de confiance nécessaire au parachèvement du processus de décolonisation au Sahara occidental», selon toujours le même document.
Après avoir demandé la libération de tous les détenus politiques sahraouis et des éclaircissements sur le sort de plus de 500 disparus civils et de 151 prisonniers de guerre auprès des autorités marocaines, le Front Polisario a appelé les Nations unies à «imposer les pressions nécessaires pour faire cesser ces graves violations qui s’accentuent et trouver un mécanisme onusien adéquat pour garantir la protection et le contrôle des droits de l’Homme au Sahara occidental». Pour le Front Polisario, le règlement du conflit au Sahara-occidental «se construit obligatoirement sur le respect de la volonté du peuple sahraoui et son libre choix dans le cadre de la démocratie et la transparence».Cet amer constat n’empêche pas la direction sahraouie d’accueillir avec satisfaction les résultats de la rencontre informelle qui avait regroupé, au début de mois de septembre, les responsables du Front avec ceux du gouvernement marocain.
La semaine dernière, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, s’était rendu dans les camps des réfugiés de Tindouf où il a constaté les conditions déplorables des résidents. Il a ensuite visité les territoires occupés par le Maroc. Le diplomate a notamment noté que les réfugiés sahraouis sont «des oubliés de la communauté internationale».

Le Chili juge « efficiente » l’autonomie au Sahara

La ré­ac­tion chi­lienne, très sa­luée au Maroc, a consti­tué un des "mo­ments forts" de la vi­site du res­pon­sable chi­lien au Royaume ché­ri­fien, ponc­tuée par une série d'en­tre­vues avec les res­pon­sables ma­ro­cains.

Pour M. Van Kla­ve­ren, l'ini­tia­tive d'au­to­no­mie, pré­sen­tée de­puis avril 2007, re­pré­sente "une so­lu­tion po­li­tique" au sein de l'ONU.

Rabat avait pro­po­sé un plan d'au­to­no­mie au Sa­ha­ra pour sor­tir de l'im­passe, ce que le Po­li­sa­rio re­jette, ré­cla­mant un ré­fé­ren­dum d'au­to­dé­ter­mi­na­tion jugé « in­ap­pli­cable ».

En juin 2007, un pro­ces­sus de né­go­cia­tions a été en­clen­ché, sous l'égide de l'ONU, sur le sol amé­ri­cain mais il peine à trou­ver un modus vi­ven­di entre les deux prin­ci­paux pro­ta­go­nistes, le Maroc et le Po­li­sa­rio, ap­puyé par l’Al­gé­rie.

Des millions de saumons du Sud chilien promis à la vaccination

Dans une usine de transformation de saumon, le 2 octobre 2008 à Puerto Montt. Photo AFP.

Les poissons doivent être transférés l'an prochain dans des centres d'aquaculture en eau de mer, jusqu'à y atteindre, à l'âge de deux ans, 4 à 4,5 kilos avant leur conditionnement. Entre-temps, les poisson vaccinés se seront vus administrer un complément oral au vaccin.

"Nous espérons vacciner entre 10 et 12 millions de poissons sur les six prochains mois" a déclaré à l'AFP Alejandro Pino, responsable régional du laboratoire Recalcine qui a développé le vaccin, et négocie avec une trentaine de sociétés avides de sauver leur élevage.

"Si toutes les mesures prises, vaccins et contrôles, sont maintenues, d'ici trois ou quatre ans nous aurons sans doute retrouvé les niveaux de production de 2007" avant l'irruption du virus.

Le virus de l'anémie infectieuse du saumon (ISA), a été détecté en juillet 2007 dans l'archipel de Chiloe, près de Puerto Montt. Il ne se transmet pas à l'homme ni aux autres poissons, mais provoque chez le saumon atlantique des hémorragies internes, et cause des ravages dans les élevages.

Le Chili, qui était devenu en 20 ans le 2e producteur mondial de saumon (39% de la production mondiale), a vu s'effondrer sa production, de l'ordre de 600.000 tonnes par an avant le virus, à 400.000 projetés en 2009, provoquant la fermeture d'élevages et usines.

Chili : 3 % de touristes français en plus

Pour rebondir davantage sur cette tendance, le Chili présentera à IFTM Top Resa (stand A45) sa production comme le désert d’Atacama, la Patagonie Chilienne, et la région de Valparaiso, qui inclut la mystérieuse Île de Pâques. Le tourisme est devenu un des principaux moteurs du Chili. La croissance de l’activité touristique atteint 4% entre janvier et juin de cette année.
Pendant le premier semestre de 2009, 1.477.707 touristes internationaux sont entrés dans le pays. Le nombre de touristes provenant d’Europe a chuté de 10%. A titre d’exemple, la chute est de 16% en ce qui concerne l’Allemagne et l’Angleterre, suivi par l’Espagne avec 11,6%. Seule la France a augmenté de 3% sans doute aussi grâce à la médiatisation du Dakar 2009.

mardi 15 septembre 2009

Les assistants de langue, prêts à partir en France

Journée de départ des futurs assistants d’espagnol. Photo gonzalezlillo chez Flickr
Cet accord franco-chilien a été inauguré en 2001, avec 39 départs d’assistants. Cette année, ils seront 80. La formule marche : côté élèves la proximité d’âge avec les assistants permet d’établir une relation amicale et informelle, parfois aux dépens du calme et du silence de rigueur…Côté assistants, c’est la découverte de la France, un travail assuré et plutôt bien rémunéré pour le peu d’heures imposées.
Ce mercredi 9 septembre était donc, pour les candidats de cette année, le jour des dernières recommandations, avant le grand départ, dans moins de trois semaines. Ils seront tous répartis, selon leurs préférences, dans les collèges et lycées de tout le pays. Ignacia va à Paris, Consuelo à Salon-de-Provence, d’autres à Lyon, Bordeaux ou Rennes. Chacun a étudié le français durant de nombreuses années, bien souvent au sein de l’un des lycées franco-chilien et a été soumis à un test de langue rigoureux. De plus, il leur a été demandé de proposer un projet culturel construit, assorti d’un dossier impeccable. La plupart des étudiants ont fini leurs études ; d’histoire, pour Estefania, ou de théâtre pour Andrea, et ont envie de découvrir un autre pays, pour, peut-être, trouver leur voie, ou bien simplement profiter d’une parenthèse dans leur parcours. « j’irai probablement à Berlin ensuite, c’est une ville bouillonnante de culture », dit Ignacia.
A la pensée de leur départ imminent, ils disent ressentir un peu de peur mais surtout beaucoup d’excitation, de curiosité vis-à-vis d’un pays qui leur est la plupart du temps totalement inconnu. « il paraît que Marseille ressemble à Valparaiso, j’ai hâte de voir ça », dit Andrea.
Ce mercredi, autour des personnalités françaises présentes à cette journée de préparation, se formaient des noyaux d’étudiants, encouragés avec beaucoup de chaleur par l’Ambassadrice de France, Maryse Bossière. Curieux de tout : climat, cuisine… c’est d’abord avec hésitation qu’ils assemblaient leurs phrases en français, avant de se lancer. « J’ai peur de ne pas comprendre les élèves s’ils me parlent avec le vocabulaire des jeunes », confiait Estefania, dans un français appliqué.

« Ambassadeurs du Chili »

Ce projet est financé par l’ambassade de France, le ministère de l’Education chilien et le conseil national des arts et de la culture, dont les représentants clôturant cette journée, soulignaient, à leur manière la chance de ces jeunes de pouvoir passer plusieurs mois en France et de pouvoir y apporter la culture chilienne. Ils sont les « ambassadeurs de notre pays en France» souligne Juan Cavada Artiguez, sous-secrétaire à l’éducation. Ces 80 étudiants chiliens auront la possibilité, selon lui, d’enseigner et d’apprendre de l’autre côté de l’Atlantique, pour « revenir et réaliser de grands projets » dans leur pays d’origine.
Maryse Bossière, qui leur a adressé ses derniers mots en français, les a remerciés de leur implication, et leur a assurés qu’à leur arrivée, ils allaient pouvoir profiter du soleil estival pendant encore quelques temps.
Mathilde Nicolaï

lundi 14 septembre 2009

Un cri d'ailleurs, de Daniel S. Muage

Il raconte, à Santiago du Chili, le 11 septembre 1973, et comment le coup d'État d'Augusto Pinochet renversa le gouvernement de Salvador Allende. Durant 17 années, Augusto mènera le pays d'une main ferme, implacable et tyrannique.

Ce livre se veut un cri, certes d'ailleurs, mais dirigé « contre toutes les infamies commises en terre chilienne, contre la violation et la spoliation des Droits de l’Homme, hélas, perpétuées dans bien d’autres pays. »

Découvrez et téléchargez directement un extrait : Un cri d'ailleurs de Daniel S. Muage.

dimanche 13 septembre 2009

Mon 11 septembre

Pourtant !
Ce 11 septembre 1973, ce sont les Etats-Unis qui décidérent d'abattre la démocratie chilienne sans que le monde entier ne trouve à redire ...
Ce 11 septembre 1973 nous nous sommes réveillés meurtris par cette terrible information.
Le Chili libre se reveillait sous les bombes et sous les bottes des fascistes.
Commençait alors une période sombre, très sombre, où la torture, la chasse aux communistes, aux socialistes, aux révolutionnaires du MIR, mais aussi à tous ceux qui ne pensaient pas comme les nouveaux maîtres du Chili...

La torture fut organisée à l'échelle de tout un pays...

Les tortionnaires reçurent l'aide des "amis" américains, sans que les pays occidentaux protestestèrent autrement que par des commniqués qui n'avaient qu'un but : se donner bonne conscience ...

Ce 11 septembre 1973, j'ai pleuré tout mon saoul...

Nous étions alors jeunes, plein d'espoir dans cette expérience étonnante...

Cela peut vous paraitre bizarre ... mais l'Amérique Latine ne vivait alors qu'à travers des coups d'état... fromentés par les "gentils" yankees ...

Et là, au Chili, un président socialiste était élu le plus démocratiquement du monde ...

Bien entendu c'était trop "légal" pour ces Etats-Unis qui se targuaient d'être le pays de la démocratie...

Alors ils ont employé la manière forte ...

Ils ont assassiné une démocratie naissante pour des intérêts économiques ...

Ils ont assassiné un peuple épris de liberté pour conserver leurs intérêts économiques ...

Alors voilà, pourquoi, moi, le 11 septembre 2001 je n'ai pas versé de larmes sur les attentats de New-York...

C'est peut-être parce que j'avais trop versé de larmes un 11 septembre 1973...

« L'hommage au président Allende est un devoir de mémoire »

Lors du coup d'État du 11 septembre 1973, quand le palais présidentiel a été pris par la junte militaire de Pinochet, le président socialiste du Chili s'était donné la mort.

Après le dépôt de roses rouges sur la stèle érigée depuis près de 25 ans en sa mémoire, le recueillement était chargé d'émotion. Seuls le chuintement discret de la fontaine, quelques cris d'enfants au loin, chaussée de l'Hôtel de Ville, accompagnaient la minute de silence et rappelaient à tous la présence du monde extérieur. Le maire, Gérard Caudron, des membres du conseil municipal, des citoyens se sont recueillis quelques instants afin de rendre hommage au président défunt du Chili, à son peuple et aux victimes de la dictature qui s'est installée dans ce pays au lendemain du 11 septembre 1973. Pour Douglas Galleguillos, président de l'association franco-chilienne Cordillera, ce rassemblement « est un devoir de mémoire. Il nous rappelle que Salvador Allende n'est pas mort pour rien. C'est un message d'espoir pour toujours plus de justice dans le monde. Par son sacrifice final, il a voulu donner une leçon aux fascistes de tous poils. J'éprouve une émotion très forte, une forte reconnaissance de la part du militantisme français aux côtés du peuple chilien. La ville et ses représentants accordent aussi une place importante aux principes de solidarité internationale, d'égalité des droits et de justice sociale ».

Gérard Caudron, pour sa part, a insisté sur le fait que, dans l'histoire des peuples, « rien n'est jamais acquis. Un certain nombre de causes produisent les mêmes effets. Il appartient aux témoins que vous êtes de le rappeler sans cesse. Nous avons toujours été, Jean-Michel Stievenard et moi-même, présents et fidèles pour vous dire notre solidarité. Pour que l'oubli ne tombe pas sur les victimes. Pour que les crimes ne se reproduisent plus ». La cérémonie s'est achevée par un chant composé et interprété par Ivo Cinus, chargé de l'animation à la mairie. •

samedi 12 septembre 2009

Hommage à Allende

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Salvador Allende à Montréal, Photo andypoblete chez Flickr

À la demande de la communauté chilienne de Montréal, la sculpture installée aux jardins des Floralies du parc Jean-Drapeau rend hommage au défunt président chilien Salvador Allende.

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Salvador Allende à Montréal, Photo andypoblete chez Flickr

Ce dernier a été victime du coup d'État de Pinochet en 1973, mais demeure une source d'inspiration pour les Chiliens. Sa petite-fille Maya Fernandez Allende, qui est conseillère municipale de la ville de Nunoa au Chili, était présente pour inaugurer l'oeuvre de béton, qui symbolise l'enracinement de cette communauté chilienne à Montréal.

dimanche 6 septembre 2009

Mondial-2010 - Amsud: le Brésil qualifié, le Paraguay et le Chili presque

Les Chiliens, tenus en échec (2-2) à domicile par le Venezuela, et les Paraguayens, vainqueurs de la Bolivie (1-0), comptent sept points d'avance sur la Colombie, 5e et premier non qualifié direct de la zone, à trois journées de la fin des qualifications.

Avec 10 points d'avance sur les Colombiens, le Brésil, lui, ne peut plus être rejoint. Le quintuple champion du monde est le premier qualifié sud-américain pour le Mondial-2010 et le septième au total, après l'Afrique du Sud, qualifiée d'office comme pays organisateur, le Japon, la Corée du Sud, la Corée du Nord, l'Australie et les Pays-Bas.

L'Argentine, en revanche, est encore loin d'avoir son billet en poche, mais la défaite de l'Equateur en Colombie (2-0), lui a permis de conserver sa précieuse 4e place, la dernière synonyme de qualification automatique. Elle compte deux points d'avance sur la Colombie et l'Equateur, mais un calendrier compliqué avec deux déplacements périlleux au Paraguay, mercredi, puis chez son voisin uruguayen (7e) lors de la dernière journée en octobre. L'Uruguay et le Venezuela (8e), qui ont quatre points de retard sur l'Argentine, n'ont pas encore abandonné tout espoir de finir quatrième.

Le cinquième de la zone aura une autre chance de se qualifier puisqu'il jouera un barrage contre le 4e de la zone Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes).

samedi 5 septembre 2009

Des universités du Chili associées à l'université de Rennes 1

De plus, les échanges entre chercheurs chiliens et français seront renforcés.

L’université poursuit sa stratégie d’internationalisation de la recherche. Cette coopération avec le Chili porte à six le nombre de laboratoires internationaux associés de l’université de Rennes 1. Il s’agit du cinquième en sciences de la matière, dont quatre en chimie, confortant ainsi un axe reconnu d'excellence à Rennes 1.

jeudi 3 septembre 2009

LA PRIVATISATION DE LA MER

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Saumon d'élevage dans un centre près de Port Montt, Chili Photo cristianaqua chez Flickr


À un peu plus de mille kilomètres au sud de Santiago, vers Puerto Montt, après avoir traversé le canal de Chacao, surgit cette île fantastique, Chiloé. Chiloé aux paysages de plaines et de collines où se mélangent les tons de verts du fait des abondantes pluies australes. Au printemps, à cette symphonie de verts s’ajoutent d’innombrables fleurs sauvages, jaunes, violettes et rouges, alors que sur les collines surgissent les chênes, les noisetiers, la myrte ou la rhubarbe.

Ces bois sur lesquels tombent chaque années 2500 mm de pluie, sont tapissés de fougères et de mousses, qui, aux pieds des espèces d’arbres natives, donnent un environnement plutôt mystérieux. La grande biodiversité de l’île et l’existence d’espèces animales et végétales endémiques ont impressionné Charles Darwin au 19ème siècle, qui crut que la pomme de terre était originaire de Chiloé. Même s’il a été démontré plus tard qu’elle est originaire du Pérou, 400 variétés différentes sont encore conservées sur l’île, à partir desquelles ont été obtenues la majorité de pommes de terre qui sont aujourd’hui consommées dans le monde.

Mais l’isolement dû à l’insularité n’a pas seulement permis l’apparition et la conservation d’une impressionnante diversité de la vie, incarnée par cheval chilote qui mesure 1,25 mètre de haut, ou le pudú, le cerf le plus petit du monde. L’isolement a aussi fait que les Chilotes préservent des tournures linguistiques propres, leur artisanat, la pêche artisanale et une architecture particulière, qui fait appel à des tuiles de bois. Les églises, d’inspiration bavaroise, et les pilotis, indiquent que les traditions ont perduré plus longtemps ici que dans d’autres régions.

Ce paradis enclavé dans l’extrémité sud orientale de l’océan pacifique est une des cinq aires marines les plus productives au monde. D’après le rapport de l’organisation environnementaliste Ecoceanos[1], « bien qu’elle représente moins de 1% de la superficie des océans, les volumes pêchés représentent 25% des tonnages mondiaux ». Une telle productivité ne peut qu’attirer les investisseurs du monde entier, avides de juteux profits.

Il y a quinze ans, l’île de Chiloé et la région autour de Puerto Montt ont connu une forte croissance de l’aquaculture, plus particulièrement l’élevage du saumon. Les investissements considérables réalisés par des entreprises d’Europe du nord et du Japon ont fait croître la salmoniculture chilienne de 15% par an. La production a été multipliée par 13 en quinze ans. En 2007, le Chili exportait pour 2,5 milliards de dollars de saumons vers les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne. Ainsi, ce poisson joue un rôle clé dans la croissance de 70% des exportations nationales. Aux côtés du cuivre et de la cellulose, le saumon prend une part active dans le « miracle chilien[2] ».

Le Chili est aujourd’hui le cinquième pays au monde en tonnage de produits issus de la mer, le septième exportateur de produits de pêche et le deuxième exportateur de saumons d’élevage derrière la Norvège. Il y a une seule raison à cette impressionnante croissance : le Chili est le pays où les coûts de production du saumon sont les plus bas au monde.

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Saumon d'élevage Photo cristianaqua chez Flickr

Le talon d’Achille

Le 27 mars 2008, The New York Times publiait un article intitulé « Un virus chez les saumons révèle les méthodes de pêche au Chili[3] ». Un gros scandale. L’article attirait l’attention sur les millions de saumons qui étaient en train de mourir du virus ISA (anémie infectieuse du saumon), et sur le licenciement de milliers de travailleurs que la crise sanitaire avait provoqué.

« L’élevage des saumons dans des enclos sous-marins est en train de contaminer des eaux qui il y a peu étaient pures, et de produire des poissons potentiellement insalubres » précisait l’article. Le professeur Felipe Cabello, du département de microbiologie et d’immunologie de l’école de médecine de New York, signalait « le manque de contrôle sanitaire » et expliquait que les infections parasitaires, virales et mycotiques « se transmettent quand les poissons sont stressés et que les enclos sont très proches les uns des autres ». De plus, il assurait qu’au Chili, il est fait usage de dosages élevés d’antibiotiques pour les poissons, dont certains d’entre eux sont interdits aux Etats-Unis.

Sachant que 30% des exportations de saumon chilien arrivent aux Etats-Unis, la révélation du Times s’est révélée désastreuses. L’entreprise norvégienne Marine Harvest, la plus grande productrice de saumons d’élevage au monde, qui exporte 20% du saumon chilien, reconnût que ses élevages étaient à l’origine du virus ISA, et qu’elle utilisait des doses élevées d’antibiotiques au Chili. « Les biologistes et les défenseurs de l’environnement affirment que les excréments des saumons et l’alimentation en granulés absorbent l’oxygène de l’eau. Ils causent ainsi la mort d’autres espèces marines et participent à la propagation de maladies », signalait l’article.

La réponse apportée par la plus grande entreprise au monde, devant l’observation des problèmes environnementaux et sanitaires provoqués, attire l’attention : « Comme on faisait beaucoup d’argent et que tout se passait bien, il n’y avait pas de raison d’adopter des mesures plus strictes » déclarait au Times Arne Hjeltnes, le porte-parole de Marine Harvest à Oslo[4].

En 2005, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avait déjà émis un rapport critiquant sévèrement l’industrie chilienne du saumon sur trois points notamment : la fuite d’un million de poissons par an, l’utilisation de fongicides comme le vert de malachite, un produit cancérigène interdit depuis 2002, et l’usage excessif d’antibiotiques. Le professeur Felipe Cabello estime que le Chili utilise entre 70 et 300 fois plus d’antibiotiques que la Norvège, et qu’il existe au Chili un marché noir d’antibiotiques pour saumons[5].

Les jours suivants, le gouvernement de Michelle Bachelet appuya l’industrie du saumon, préoccupé par le contexte commercial et par une éventuelle chute des exportations[6]. Malgré tout, la production chuta de 30 à 50% et 20.000 des 50.000 travailleurs du secteur furent licenciés. L’industrie du saumon entra dans une crise grave ; elle s’était endettée auprès des banques qui commencèrent à réclamer qu’on les rembourse, ce qui était devenu impossible du fait de la chute de la production.

Pourtant, plusieurs travaux de recherche avaient anticipé tout ce qui est arrivé ces dernières années (le virus a été découvert en juillet 2007).

Les coûts les plus bas du monde

Les mauvaises conditions de travail des 50.000 employés du secteur sont la première explication des bas coûts de production du saumon chilien. La salmoniculture enregistre les taux d’accident les plus élevés du pays ; il a été constaté qu’entre février 2005 et juin 2007, 42 travailleurs du secteur sont morts ou ont disparu en mer, d’après des données de la Marine chilienne et de la Direction nationale du travail. Entre 2003 et 2005, des inspections du travail prévues à l’avance ont été réalisées à 572 reprises, et même dans ces conditions, des amendes ont été infligées aux entreprises dans 70% des cas[7].

Les principaux problèmes rencontrés relèvent de l’hygiène et de la sécurité au travail, tant sur les lieux de « pêche » (d’énormes cages sous-marines) que sur les chaînes de transformation du poisson. Deux tiers des entreprises saumonières violent la législation du travail, alors que le travail informel occupe une place importante, notamment en ce qui concerne les tâches les plus dangereuses. Les femmes, qui représentent 70% des travailleurs du secteur et 90% sur les chaînes de production, souffrent du froid, de l’humidité, de la promiscuité ; on tente même de limiter leur accès aux toilettes. Ces pratiques ont également été observées auprès de femmes enceintes, certaines d’entre elles ont été licenciées.

Les plongeurs assurent les tâches les plus périlleuses. Des 4.000 plongeurs qui travaillaient en 2007, seuls 100 disposaient d’une formation certifiée d’après des normes internationales[8]. La sous-traitance, la pression et les menaces que pratiquent les chefs d’entreprises font que seuls 13 à 15% des travailleurs sont affiliés à un syndicat.

Mais les ouvriers ne sont pas les seuls à se plaindre. Les entreprises touristiques et les pêcheurs artisanaux souffrent aussi de la salmoniculture. Jusqu’en 2005, presque 5.000 hectares avaient été concédés aux saumoneries sur le bords des lacs, dans les fjords, les canaux et les estuaires (Marine Harvest contrôlait 1.215 ha). Autrement dit, elles occupaient les sites où se rendent les touristes et où pêchent les communautés locales.

Les gens se plaignent de la pollution et des fuites massives de saumons (2 millions de poissons se sont échappés en 2004), qui contribuent à la propagation de maladies contagieuses à d’autres espèces et aux humains, et qui menacent la survie des espèces sauvages. Mais c’est l’usage massif d’antibiotiques qui est le plus préoccupant et le plus scandaleux.

Le professeur Cabello soutient que l’usage d’antibiotiques dans la pisciculture peut stimuler la résistance bactérienne et ainsi provoquer la génération de souches résistantes affectant les humains et les poissons[9]. Au Japon et aux Etats-Unis, des résidus d’antibiotiques ont plusieurs fois été détectés dans les saumons chiliens. Un des objectifs de l’utilisation d’antibiotiques est le contrôle de la septicémie hémorragique virale. Les entreprises font usage de quinolones, mais la résistance bactérienne à ces substances croît de façon alarmante dans le monde entier.

Lors du séminaire organisé par Ecoceanos en mars 2007 à Puerto Montt, le directeur de l’école de chimie et de pharmacie de l’université australe, présenta des preuves convaincantes sur la croissance de la résistance bactérienne dans les hôpitaux de Puerto Montt et de Castro, sur l’île de Chiloé. De 1999 à 2003, la résistance au ciprofloxacine passa de 2,6 à 9% à Puerto Montt, alors qu’elle passa de 4,4 à 8,3% à Castro[10].

Les saumoneries ont décidé de diminuer leurs coûts et de travailler au maximum de leur capacité productive. Conséquences : « Leur apport à la recherche scientifique a été infime, elles ont engendré des concentrations de salmonidés très élevées dans les centres de culture, elles ont employé de manière indiscriminée et sans rotation des antiparasitaires comme l’emamectine benzoate et des antimicrobiens. Elles ne se sont jamais préoccupé du respect des aspects les plus élémentaires de la gestion environnementale et sanitaire[11] ».

Par ailleurs, d’autres problèmes environnementaux graves sont liés à l’usage des filets de pêche et aux rejets. En 2005, dans la région de Aysén au sud de Chiloé, 100% des usines de fabrication de filets ont reçu des amendes de la part des autorités environnementales chiliennes, car ils ne respectent pas les normes internationales. La même année, dans la région de Lagos (où se situe Puerto Montt), 50% des saumoneries ont été verbalisées pour mauvais traitements des résidus industriels liquides. En 2006, aucune décharge industrielle de Los Lagos ne remplissait les normes, ce qui a conduit à la fermeture de 30 d’entre elles, sur les 49 existantes.

Juans Carlos Cárdenas, vétérinaire et directeur de Ecoceanos, affirme que « les multinationales européennes font au Chili ce qui leur est interdit dans leurs pays[12] ». Il pense que le sud du Chili est une des dernières zones d’expansion des multinationales de la pêche, minières et forestières. Les région de Puerto Montt et de Chiloé présentent des avantages comparatifs par rapport à l’Europe du nord parce l’eau y est moins froide, et par conséquent la productivité du saumon y est supérieure. C’est la concentration qui est à l’origine des problèmes de pollution. « Ici, sur 300 kilomètres, il y a 600 centres de salmonicultures qui produisent 120 millions de poissons. En Norvège, les mêmes quantités sont produites sur 1000 kilomètres », explique Cárdenas.

Les saumons grandissent dans des cages circulaires de 30 mètres de diamètre sur 60 mètres de profondeur. Cette culture intensive a conduit les exportations de saumons à passer de 190 millions de dollars en 1991 à 2,4 milliards en 2008. Les prix sont imbattables : le Chili produit des saumons à 2,9 dollars le kilo alors que le prix sur le marché international est de 7,9 dollars. « Mais ici au Chili, le kilo de saumon se vend à 10 dollars en supermarché, c’est plus cher qu’à New York », affirme Cárdenas.

Maintenant que les régions de Puerto Montt et de Chiloé sont contaminées, les saumoneries cherchent à aller plus au sud, vers les régions de Aysén et de Magallanes. Mais la contamination suit les mêmes sentiers, à tel point que le virus ISA a déjà été détecté dans ces zones, ce qui indique que la maladie s’est étendue sur 2.000 kilomètres de côtes en dix mois, d’après Cárdenas. « Rien de cela ne serait arrivé si l’État avait joué son rôle et si la corruption n’atteignait pas des niveaux si élevés », ajoute-t-il.

Cela semble évident au regard d’une seule donnée tirée du dernier rapport annuel de Marine Harvest : en 2007, l’entreprise a utilisé 0,02 gramme d’antibiotiques par tonne de saumon produite en Norvège. La même année, elle a utilisé 732 grammes par tonne produite au Chili. En 2008, 0,07gramme en Norvège et 560 grammes au Chili[13]. Soit 36.000 fois plus en 2007 et 8.000 fois plus en 2008, sans qu’aucune autorité formule la moindre remarque ou la moindre question.

En juillet dernier, à la demande de l’organisation Oceana, le gouvernement chilien a déclassé un rapport de 2008 qui signale que l’industrie chilienne du saumon a utilisé 325 tonnes de produits pharmaceutiques, pendant que la Norvège, leader du marché mondial utilisait une tonne seulement. Le rapport assure que presque 40% des antibiotiques utilisés appartiennent à la famille des quinolones, un produit interdit par l’Administration des denrées alimentaires et des médicaments (FDA, Food and Drug Administration) aux États-Unis[14].

Le professeur Cabello soutient qu’il est démontré que le virus ISA fut introduit au Chili en 1996, probablement depuis la Norvège. Sa dissémination « a vraisemblablement été facilitée par d’importantes populations de virus générées par les pernicieuses conditions sanitaires présentes dans l’élevage des salmonidés au Chili[15] ». D’un point de vue biologique, il compare les faits chiliens aux influences porcine et aviaire.
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Alimentation automatique aux milliers de saumons d'élevage au Chili Photo cristianaqua chez Flickr


La privatisation de l’océan 

« Ils sont en train de transformer les biens communs en capital financier », fait remarquer Lucio Cuenca, de l’Observatoire latino-américain des conflits environnementaux[16]. Cela dure depuis des années avec le consentement total des autorités. Un exemple : en avril 2007, la Chambre des députés a approuvé un rapport de la Commision de pêche, d’agriculture et des ressources naturelles, qui soutenait que l’industrie chilienne du saumon « travaille selon les niveaux élevés d’exigence des standards mondiaux (environnementaux inclus), déterminés par les marchés modernes auxquels elle s’adresse ». 

Le rapport a été approuvé par 67 voix pour, une voix contre et une abstention. Trois mois plus tard, l’épidémie du virus ISA était déclarée, et nombreux étaient ceux qui assuraient que l’existence de la maladie était occultée depuis longtemps déjà. Quoi qu’il en soit, l’omission du Parlement chilien est évidente. 

Récemment, un fait s’est produit qui met en évidence tous ces problèmes. Felipe Sandoval fut sous-secrétaire du ministère de la Pêche sous le gouvernement de Ricardo Lagos (2000-2006), poste à partir duquel il a impulsé la privatisation de l’industrie étatique de la pêche. Actuellement il est secrétaire exécutif de la Table du saumon et de la corporation aquicole, qui réunit les entrepreneurs et l’État pour repositionner l’industrie du saumon. Il représente la présidente Michelle Bachelet pour les questions liées au saumon. 

Le 5 février 2009, l’Inspection des finances de la région de Valparaíso a accusé Sandoval d’avoir abusé du principe de probité administrative en faisant usage de 740.000 dollars d’argent public en notes de services fausses ou falsifiées, alors qu’il était sous-secrétaire de la Pêche. L’accusation de l’organisme de contrôle a été rendue publique au moment où une nouvelle loi sur la pêche et l’agriculture, rédigée sur mesure pour les entrepreneurs, était débattue au Parlement. Le 21 juillet, le gouvernement de Michelle Bachelet a émis un décret suprême par lequel il absout Sandoval des charges qui pesaient contre lui, argumentant que sa responsabilité est caduque du fait du temps qui s’est écoulé. 

D’après le rapport de Ecoceanos News du 3 août, Sandoval a géré depuis son poste de sous-secrétaire de la Pêche, des crédits de 450 millions de dollars destinés à l’industrie du saumon, comptant avec 60% d’aval des contribuables chiliens. Dans ce cas précis, l’État travaille en faveur de l’industrie, alors que celle-ci a démontré son incapacité à respecter la législation du travail, environnementale et sanitaire. 

La loi de la pêche cherche la réactivation de l’industrie du saumon par la cession à vie de droits sur le territoire maritime à des entreprises privées[17]. D’après le ministre de l’Économie, Hugo Lavados, la loi permet « le droit d’usage et de jouissance » de l’espace maritime et côtier pour les entreprises. De cette manière, elles s’approprient un bien hypothécable, élément décisif pour que les banques concèdent de nouveaux prêts et refinancent les dettes. Juan Carlos Cárdenas affirme que les articles 81 et 81 bis permettent « aux entreprises endettées de pouvoir hypothéquer des biens nationaux d’utilité publique, comme les concessions aquicoles, grâce aux banques de crédits ». 

Le candidat aux élections présidentielles de décembre, le sénateur Marco Enríquez-Ominami, comme d’autres parlementaires, affirme que la loi « privatise la mer en remettant aux saumoneries des concessions aquicoles à vie et hypothécables ». En cela, il la considère « inconstitutionnelle[18] ». 

Fin juillet, le Sénat a interposé 160 observations à la loi de la pêche, ce qui a enthousiasmé les défenseurs de l’environnement qui ne s’attendaient pas à une opposition aussi forte. « Ce qui s’est passé au Sénat est un pas important franchi contre l’inconstitutionnalité, l’impunité et la tentative de vol de nos biens nationaux d’utilité publique », a déclaré Cárdenas. 

Pendant ce temps, il y a ceux qui investissent en pleine crise du saumon. Marine Harvest a annoncé que malgré les pertes qu’elle enregistre au Chili, elle s’apprête à acheter des saumoneries chiliennes pour participer au processus de restructuration de l’industrie, vu que chaque crise offre des « opportunités » (achats, ventes, fusions) comme l’a reconnu Jorgen Andersen, le président de l’entreprise[19]. 

Dans la mesure où le Chili a signé des accords de libre échange avec 24 pays, où les élites soutiennent, d’après les propos de Lucio Cuenca, « une projection stratégique qui amène le Chili à se convertir en puissance alimentaire », tout indique que la salmoniculture va continuer de croître. Les régions les plus australes, où les entreprises sont en train de se déplacer, peuvent se regarder dans un miroir, elles y verront Chiloé. Il y a quinze ans, l’île était habitée par des petits agriculteurs, des éleveurs et des artisans pêcheurs. « Aujourd’hui ils sont devenus des ouvriers qui dépendent de l’industrie transnationale », font remarquer les membres de Ecoceanos. 

« À moins que – ajoute Lucio Cuenca – le processus de politisation en cours, soutenu par des dizaines de petites luttes contre la contamination des productions de minéraux, de saumons et de cellulose, et qui a déjà obtenu que des questions stratégiques comme celle de l’eau figure dans l’agenda public, continue de croître jusqu’à ce qu’un véritable mouvement social se mette en marche ». Les critiques qui fusent dans les couloirs du Sénat reflètent dans une bonne mesure cette nouvelle politisation de la société chilienne.

Raúl Zibechi



Notes : 

[1] Radiografía de la industria del salmón en Chile. Rapport rédigé par Patricio Igor Melillanca et Isabel Díaz Medina, Ecoceanos, 2007, p. 5. 

[2] Idem. 

[3] Salmon Virus Indicts Chile’s Fishing Methods. Alexei Barrionuevo, The New York Times, 27 mars 2008. 

[4] Idem. 

[5] Idem. 

[6] Reuters, 2 avril 2008. 

[7] Radiografía de la industria del salmón en Chile. Rapport rédigé par Patricio Igor Melillanca et Isabel Díaz Medina, Ecoceanos, 2007, p. 10. 

[8] Idem, p. 14. 

[9] Heavy use of prophilactic antibiotics in acquaculture: a growing problem for human and animal health and for the environment. Felipe C. Cabello in Environmental Microbiology, 2006, cité dans Radiografía de la industria del salmón en Chile. Rapport rédigé par Patricio Igor Melillanca et Isabel Díaz Medina, Ecoceanos, 2007, p. 28. 

[10] Idem, p. 30. 

[11] Idem. 

[12] Entretien personnel. 

[13] Marine Harvest Sustainability Report 2008. p. 16. 

[14] Sergio Jara Román, ob cit. 

[15] Felipe Cabello, ob cit. 

[16] Entretien personnel. 

[17] Agence Xinhua, 31 juillet 2009. 

[18] Ecoceanos News, 5 août 2009. 

[19] La Tercera, 15 juillet 2009.