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dimanche 13 décembre 2009

Sebastian Piñera, un «Berlusconi chilien» se profile à la présidence

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Sebastian Piñera tiens dans ses mains une tête de cochon.
Photo Journal La Segunda.
Arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, hier, Sebastian Piñera, l’homme au sourire crispé battant la campagne sous le symbole de l’étoile colorée, n’avait pas même l’air fatigué devant la horde de caméras et de micros qui le suivaient.

Depuis plus d’un an, le leader conservateur mène campagne pour succéder à la présidente sortante Michelle Bachelet, le 11 mars prochain. Si la socialiste l’a battu il y a quatre ans, cette fois, cet ancien sénateur (1990-1998) a toutes ses chances, et c’est une première. Depuis la fin de la dictature (1973-1990), c’est en effet la coalition de centre gauche qui dirige le pays. 
Propriétaire du Colo-Colo

Il se présente comme un homme simple, un self-made-man de classe moyenne. A la différence près que ce requin des affaires, surnommé le «Berlusconi chilien» par la presse étrangère, se déplace aux commandes de son hélicoptère privé. A 60 ans, Piñera a amassé une fortune estimée à 1,2 milliard de dollars par la revue Forbes. Son premier million, il l’a gagné en introduisant les cartes de crédit au Chili. Depuis, c’est un brillant actionnaire en Bourse, qui a des parts dans tous les secteurs: immobilier, station-service, distribution, banque, vignobles, télécoms, fonds de pension… Autant d’investissements dont il a délégué la gestion pour se présenter à la présidentielle. Il a conservé toutefois l’équipe de football légendaire de Santiago, Colo-Colo, une des principales chaînes hertzienne du petit écran chilien, Chilevision, et la compagnie aérienne du Chili, Lan
Airlines. Comme l’explique le candidat du Parti communiste, Jorge Arrate, quand un journaliste lui demande pourquoi il ne croit pas en l’alternance: «La droite a déjà tout, même une équipe de football, maintenant il faut leur donner la Moneda?»
Ce bûcheur a mené toute sa campagne entouré de conseillers en image pour vaincre ses multiples tics, planifiant sa stratégie à partir de dizaines de sondages, répétant comme un automate discours et petites phrases drôles ou sympathiques apprises par cœur. Il s’est aussi constamment entouré de ses quatre enfants, petits-enfants et de sa souriante épouse Cécilia Morel, plus naturelle. Objectif? Tenter d’apparaître plus proche, spontané et sympathique pour démentir «son manque de cœur».
Une droite fréquentable
Il appartient à la branche la plus modérée de la droite, le parti Rénovation Nationale. Le visage fréquentable d’une droite encore liée à la figure embarrassante d’Augusto Pinochet, mort il y a tout juste trois ans. «Il a voté non lors du référendum de 1988, qui proposait le maintien de Pinochet au pouvoir, ce qui le classe parmi les démocrates», souligne la journaliste Monica Gonzalez. Seul bémol à son image lisse, il a publiquement soutenu les militaires à la retraite accusés de violations des droits de l’homme sous la dictature, leur promettant d’accélérer leurs procès.
Pour Mireya Garcia, vice-présidente de l’association des familles de disparus, «c’est afficher une position de soutien à ce que fut la dictature militaire». Il cherche pourtant à se présenter comme un centriste progressiste, invitant des hommes de gauche à rejoindre son gouvernement. Il promet d’éradiquer la délinquance, la pauvreté et le chômage. S’il est élu, il aura quatre ans pour tenir ses belles promesses, légèrement populistes.