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dimanche 29 novembre 2009

Un Pinochet embarrasse la droite



Entête de la page Internet de García Pinochet

Dans le district 23, qui réunit les trois communes les plus riches du Chili (Las Condes, Vitacura et Lo Barnechea), la publicité électorale envahit chaque trottoir, chaque rond-point. C'est là où il y en a le plus dans la capitale. Il faut dire que la droite a mis le paquet.


Rodrigo García Pinochet enfant, avec son grand-père, le défunt dictateur scélérat Augusto José Ramón Pinochet Ugarte

La coalition de droite, l'Alliance, a toujours remporté les deux postes de députés dans ce district, avec plus de 63 % des voix. Ernesto Silva et Cristian Monckeberg, les deux candidats de droite en lice pour l'élection du 13 décembre, n'ont pas l'intention que ça change.
Seulement, dans la jungle des panneaux, il y a un portrait qui ne laisse personne indifférent: celui d'Augusto Pinochet, l'ancien dictateur, responsable de la mort et de la disparition de près de 3000 personnes et de la torture de 30 000 autres entre 1973 et 1990.


Rodrigo García Pinochet enfant, avec son grand-père, le défunt dictateur scélérat Augusto José Ramón Pinochet Ugarte

À ses côtés, sur l'affiche, se tient Rodrigo Garcia Pinochet, son petit-fils. Un ingénieur commercial de 32 ans, qui se présente en tant qu'indépendant.
Nombreux admirateurs
C'est le poil à gratter de la droite, celui qui pourrait bien lui faire perdre un des sièges de députés. Car dans les quartiers huppés de Santiago, le dictateur, même mort et enterré, compte toujours de nombreux admirateurs.
En 2008, la mère de Rodrigo Garcia, Lucia Pinochet a remporté un siège de conseillère municipale avec 16 % des voix. Rodrigo Garcia ne cache pas que sa campagne repose entièrement sur son deuxième nom de famille. Car de programme, son site internet (www.garciapinochet.cl) n'en présente pas.
Sa biographie, en revanche, explique en détail sa présence auprès de son grand-père lorsqu'il a été victime d'un attentat en 1986 et lorsqu'il a été arrêté à Londres en 1998. Une partie des voix de la droite pourrait donc bien revenir au petit-fils préféré de l'ancien dictateur.
Elles ne suffiront peut-être pas à lui donner un siège à la Chambre basse, mais empêcheront sûrement l'Alliance d'en récolter deux.
Faire oublier son passé
Rodrigo Garcia Pinochet martèle pourtant que ce n'est pas son intention. Il avait publiquement fait du pied à la coalition de droite pour se présenter sous ses couleurs. Seulement, l'Alliance a refusé. Compter dans ses rangs un Pinochet aurait pu lui coûter bien plus qu'un siège au Congrès.
Elle tente depuis quelques années déjà de faire oublier son passé lié à la dictature. Ce qui lui réussit. Sebastian Pinera, le candidat de la droite unie, est aujourd'hui en tête de tous les sondages pour la présidentielle.